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Ukraine: Kiev offre l'amnistie aux séparatistes pour sortir de la crise

Ukraine: Kiev offre l'amnistie aux séparatistes pour sortir de la crise

Le gouvernement ukrainien pro-européen a promis jeudi une amnistie aux séparatistes pro-russes retranchés dans l'est de l'Ukraine s'ils déposent les armes, tentative de sortir d'un face-à-face tendu qui a plongé les relations Est-Ouest dans leur pire crise depuis la Guerre froide.

Les protestataires, qui tiennent depuis dimanche le bâtiment des services de sécurité (SBU) à Lougansk et de l'administration régionale à Donetsk, réclament l'organisation de référendums sur l'autonomie régionale ou le rattachement pur et simple à la Russie, qui a massé des dizaines de milliers de soldats à la frontière, faisant craindre une invasion.

Les ministre de l'Intérieur ukrainien, Arsen Avakov, avait menacé mercredi de l'emploi de la force les séparatistes qui refuseraient le dialogue et une "solution politique", lançant un ultimatum voilé de 48 heures.

Jeudi matin, M. Tourtchinov leur a tendu la main, promettant que "si les gens déposent les armes et libèrent les bâtiments administratifs, (...) nous garantissons qu'il n'y aura aucune poursuite".

Il a précisé avoir lui-même parlé par téléphone avec des représentants des insurgés de Lougansk et leur avoir proposé des "compromis" dont la création d'une commission comprenant des représentants ukrainiens et étrangers pour étudier les points de conflits.

Il s'est également prononcé pour un renforcement des pouvoirs des administrations locales, jusqu'ici nommées par Kiev. Les séparatistes, appuyés par Moscou, réclament au contraire une véritable révision de la Constitution ukrainienne dans le sens d'une "fédéralisation". Le gouvernement de Kiev, au pouvoir depuis le renversement d'un régime pro-russe fin février, rejette cette idée, premier pas selon lui vers un éclatement du pays.

Sur le terrain les séparatistes renforçaient en tout cas leurs barricades autour du bâtiment de l'administration à Donetsk, un million d'habitants, a constaté l'AFP. Un journaliste de l'AFP a par ailleurs vu une cinquantaine d'hommes de la garde nationale débarquer à l'aéroport de la ville.

Le vice-Premier ministre Vitali Iarema, envoyé sur place pour résoudre la crise, a indiqué que des contacts avaient été pris avec les insurgés et exprimé l'espoir que la crise prenne fin sans violence dans la journée de jeudi.

M. Iarema a indiqué que l'oligarque Renat Akhmetov, homme le plus riche d'Ukraine et ancien proche du président déchu Viktor Ianoukovitch (les deux hommes sont originaires de Donetsk), participait aux efforts de règlement de la crise, y voyant un signe "d'optimisme".

A Lougansk, ville de 400.000 habitants, les séparatistes étaient toujours retranchés dans le bâtiment du SBU dont ils ont pillé l'armurerie.

Mais dans les deux villes, aucun mouvement de soutien massif aux insurgés n'était visible, et les séparatistes ne tenaient que les deux bâtiments sous leur contrôle.

La tension était brusquement montée en fin de semaine dernière avec les assauts simultanés des séparatistes, organisés selon Kiev et Washington avec le soutien des services spéciaux russes.

Et mercredi, le président russe Vladimir Poutine, qui a de longue date promis de protéger "à tout prix" les populations russes de l'ex-URSS, avait fait monter encore la pression en mettant en garde Kiev contre toute action "irréparable".

Ces troubles font craindre un scénario comme en Crimée, péninsule ukrainienne de la mer Noire rattachée à la Russie en mars après un référendum non reconnu par Kiev et l'Occident, qui dénoncent une "annexion".

Les autorités ukrainiennes en place depuis la destitution de M. Ianoukovitch accusent Moscou de vouloir ainsi "démembrer" leur pays ou au moins torpiller l'élection présidentielle prévue pour le 25 mai. Les favoris de ce scrutin sont en effet des pro-européens, décidés à arrimer à l'Ouest une Ukraine de 46 millions d'habitants frontalière de plusieurs pays de l'UE.

Un espoir diplomatique s'est toutefois fait jour avec l'annonce de la tenue de pourparlers à quatre - Etats-Unis, Russie, Ukraine, Union européenne - la semaine prochaine, à Vienne ou Genève selon les sources.

La Russie a souhaité que les pro-russes puissent y être représentés et l'ancien parti de M. Ianoukovitch, le Parti des régions, a suggéré jeudi d'y envoyer son candidat à la présidentielle Mikhaïl Dobkine.

Si Vladimir Poutine a espéré que ces discussions aient une "issue positive", Washington a d'emblée placé la barre assez bas. "Nous n'avons pas d'attentes fortes (...), mais nous pensons qu'il est très important de laisser ouverte cette porte diplomatique", a ainsi déclaré la secrétaire d'Etat adjointe pour l'Europe, Victoria Nuland.

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