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Paris-Roubaix - L'injustice faite aux non-classés

Paris-Roubaix - L'injustice faite aux non-classés

Le jour de Paris-Roubaix, on peut franchir tous les pavés, en baver pendant sept heures, mais ne pas être classé. Un affront au bout de la plus dure des journées.

Ces dernières années, deux anciens vainqueurs ont vécu semblable mésaventure. L'Australien Stuart O'Grady (2007) est arrivé hors délai en 2011, Frédéric Guesdon (1997) s'est retrouvé lui aussi non-classé en 2012, pour la dernière course de sa belle carrière.

"Je m'étais cassé la hanche au mois de janvier en Australie. Le premier verdict médical était trois mois d'arrêt. Mais j'ai été bien soigné et j'ai tout fait pour être présent", se souvient Guesdon, qui vécut une interminable galère.

"A un moment, j'ai pensé que ça n'allait pas être évident de rallier le vélodrome. J'avais chuté sur l'un des premiers secteurs, puis crevé. J'étais très loin et je voyais les coureurs autour de moi abandonner. Puis on a rattrapé d'autres groupes et j'ai fini par terminer, mais à 18 minutes", se souvient le Français.

Pour la 15e et dernière fois de sa carrière dans Paris-Roubaix (deux abandons en 17 participations), Guesdon fait le tour de piste sur le vélodrome. "Boonen recevait le pavé réservé au vainqueur. Ce n'est qu'ensuite que j'ai appris que je n'étais pas classé", raconte-t-il.

Aujourd'hui, il préfère en sourire: "C'est une petite déception mais ce n'est pas le truc le plus important de la journée." Il regrette cependant: "Ce n'est pas une course qu'il est facile de finir. Pas la peine de rajouter une couche en disant au coureur qu'il est hors délai."

L'explication tient au règlement international. Dans l'ancien système de classement par points, explique le directeur de course Jean-François Pescheux, tous les coureurs qui finissaient dans un délai de 5 pour cent par rapport au temps du vainqueur marquaient des points: "Les commissaires ont transformé la règle en disant +les autres, on ne les classe pas+".

"Il y a deux ans, ajoute-t-il, je suis intervenu auprès de l'UCI (Union cycliste internationale) pour que le délai passe à 8 pour cent".

"Il faut un bon équilibre, renchérit Thierry Gouvenou, qui lui succèdera en 2015 à la tête de la course. Il ne faut pas de touristes non plus. A 5 pour cent de délai, on était très mal, à 8 pour cent on est mieux, à 10 pour cent ce serait bien".

Les coureurs et les anciens préfèrent, eux, relativiser. "Finir, c'est une satisfaction personnelle, estime Jacky Durand, l'ancien vainqueur du Tour des Flandres devenu consultant. Dans une course par étapes, un hors délai ne peut repartir le lendemain. Là, c'est différent. C'est juste que ta grand-mère ne verra pas ton nom dans le classement du journal et croira que tu as abandonné".

"Ce qui est important, c'est que les portes du vélodrome restent ouvertes, que les coureurs puissent faire le tour de piste. Sinon, ce serait la grosse frustration", reconnaît-il.

Son ex-directeur sportif Marc Madiot, autre ancien vainqueur, est encore plus tranchant.

"C'est une histoire de commissaires. Je ne demande pas à mes coureurs s'ils sont dans les délais quand ils ont terminé. Je leur dis +bravo mon garçon+, point barre. La décision des commissaires, j'en ai rien à foutre."

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