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Nucléaire: le tchèque CEZ arrête l'appel d'offres pour l'extension de la centrale de Temelin

Nucléaire: le tchèque CEZ arrête l'appel d'offres pour l'extension de la centrale de Temelin

Le géant tchèque de l'énergie CEZ a arrêté jeudi l'appel d'offres pour la construction de deux nouveaux réacteurs dans la centrale nucléaire de Temelin (sud-ouest) suite à une situation incertaine sur le marché de l'énergie, sans pour autant renoncer au nucléaire à l'avenir.

"CEZ a annulé l'appel d'offres pour la construction de deux nouvelles tranches à Temelin. Cette décision a été annoncée à tous les candidats", a déclaré le groupe dans un communiqué, justifiant cette démarche par l'"évolution turbulente" du secteur énergétique en Europe.

Cette décision intervient au lendemain de l'annonce par le gouvernement tchèque de son refus de garantir les prix de l'électricité produite par les futurs réacteurs.

"Depuis le lancement de l'appel d'offres en 2009, le secteur énergétique en Europe a suivi une évolution turbulente", souligne CEZ (Ceske Energeticke Zavody).

"Initialement, le projet était économiquement pleinement rentable compte tenu du prix de marché de l'énergie électrique et d'autres facteurs. Aujourd'hui, tous les investissements dans la production d'énergie dont la rentabilité dépend des ventes d'électricité sur le marché libre sont menacés", précise CEZ.

"Le marché de l'énergie a beaucoup changé, depuis l'accident de Fukushima", commente Tomas Sykora, analyste du groupe financier Patria Direct.

"Une baisse importante des prix de gros de l'électricité s'est produite ces trois dernières années", ajoute-t-il.

D'autres incertitudes pèsent sur le secteur énergétique en Europe, telles que l'avenir du marché du carbone, de l'exploitation du gaz de schiste ou des énergies renouvelables.

La démarche de CEZ (contrôlé à environ 70% par l'Etat) représente selon M. Sykora une "bonne nouvelle" pour ses actionnaires et pour les contribuables. Le titre du groupe a pris 2% jeudi, à environ 556 couronnes (20,3 euros) par action.

Selon le responsable de CEZ, Daniel Benes, la groupe ne renonce toutefois pas définitivement à l'idée de construire de nouveaux réacteurs.

"Le danger que nous ne serons pas capables de couvrir d'ici 20 ans la consommation de l'énergie dans notre pays, est toujours d'actualité", a-t-il prévenu jeudi.

A l'heure actuelle, la République tchèque exporte environ 20% de sa production d'électricité. Selon M. Sykora, l'éventuel lancement d'un nouvel appel d'offres n'est pas à attendre pendant le mandat de quatre ans du gouvernement de centre-gauche de Bohuslav Sobotka, installé début 2014.

M. Sobotka avait annoncé mercredi que son cabinet refusait d'apporter à CEZ les garanties gouvernementales sur les prix de l'électricité qui serait produite dans les nouveaux réacteurs de Temelin.

L'américain Westinghouse (groupe Toshiba) et le consortium MIR 1200 formé par les russes Atomstroïexport et Gidropress avec le tchèque Skoda JS (contrôlé par le russe OMZ), étaient en lice pour ce contrat, évalué entre 8 et 12 milliards d'euros.

De son côté, le groupe français Areva a été éliminé en 2012, pour n'avoir pas "satifait aux exigences légales" de l'appel d'offres, selon CEZ.

Initialement attendu en automne 2013, le choix du vainqueur de l'appel d'offres avait été reporté par CEZ d'"au moins un an" en juillet dernier.

La mise en service des nouvelles tranches était envisagée à l'horizon 2025.

La centrale de Temelin dont la construction avait commencé sous l'ancien régime communiste disparu en 1989, est aujourd'hui dotée de deux réacteurs de conception russe VVER à eau pressurisée d'une puissance de 1.050 mégawatts chacun.

Cette centrale a produit l'an dernier 15,065 milliards de kWh d'électricité, deuxième meilleur résultat depuis sa mise en service en décembre 2000.

Temelin est situé à environ 60 km de la frontière de l'Autriche. Ce pays, dénucléarisé depuis 1978, voit d'un mauvais oeil cette centrale, mettant en question notamment son niveau de sécurité.

Prague assure de son côté que Temelin répond aux critères de sûreté de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).

Les deux centrales nucléaires tchèques, Temelin et Dukovany (sud-est), couvrent actuellement un tiers de la production d'électricité du pays. Cette part devait monter à environ 50% après la construction de deux tranches supplémentaires à Temelin.

jma/ea/ros

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