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Le printemps électoral des partis islamiques en Indonésie

Le printemps électoral des partis islamiques en Indonésie

Les partis musulmans d'Indonésie ont réalisé la bonne opération des législatives en raflant plus d'un tiers des suffrages mais leur succès ne traduit pas tant la montée d'un islam politique qu'un ras-le-bol face à la corruption des élites, affirment les spécialistes.

Suivant plusieurs années de déclin électoral, les cinq partis islamiques en lice aux élections législatives qui se sont tenues mercredi dans le pays musulman le plus peuplé du monde se dirigeaient vers un nouveau revers, selon les sondages.

Alors que l'islam a pris une place croissante dans la vie publique en Indonésie depuis la chute du dictateur Suharto en 1998, les partis politiques s'en réclamant ont vu leur soutien graduellement s'éroder.

Jusqu'au scrutin du 9 avril.

Les partis islamiques ont recueilli au total 32% des voix, en hausse de 6 points par rapport à 2009, selon un décompte officieux du Center for Strategic and International Studies (CSIS), à Washington.

Et certains, comme le Parti de l'éveil national (PKB), à 9%, pourraient jouer les arbitres dans la formation des coalitions en vue de la présidentielle du 9 juillet.

Les spécialistes attribuent ce rebond à l'incapacité des formations laïques à éradiquer la corruption des élites politico-financières.

"Leur échec ouvre la voie à un message de morale pieuse", estime Jeffrey Winters, spécialiste de l'Indonésie à la Northwestern University américaine.

Le président sortant, Susilo Bambang Yudhoyono, a une responsabilité particulière à cet égard, selon lui. Reconduit en 2009 sur un programme de lutte contre la corruption, il s'est essentiellement illustré par les "affaires" touchant les membres de son Parti démocratique.

Le parti est crédité d'environ 10% des votes aux législatives de mercredi, soit moitié moins qu'en 2009, tout juste devant le PKB, premier parti islamique, qui aurait récupéré une partie de ses électeurs.

"Le soutien aux partis islamiques reflète la chute de confiance (des Indonésiens) dans le parti au pouvoir", affirme Jajat Burhanudin du Centre d'étude sur l'islam et la société à Jakarta.

Le principal parti d'opposition, le Parti démocratique indonésien de la lutte (PDI-P) arrivé en tête, n'a pas fait non plus le plein des voix. Il recueillerait 20% des suffrages ou un peu moins, alors qu'on l'attendait autour de 25% grâce à la popularité de son candidat à la présidentielle, Joko Widodo, actuel gouverneur de la capitale.

Le PKB, qui a doublé son score par rapport à 2009, a de son côté capitalisé sur la nomination à la présidentielle de Rhoma Irama, un chanteur populaire.

Il a également bénéficié du soutien convoité du Nahdlatul Ulama, la plus grande organisation musulmane du pays qui compte 40 millions d'adhérents, et des largesses de Rusdi Kirana, le fondateur de la compagnie aérienne Lion Air, qui a rejoint le PKB au poste de vice-président.

Même le Parti de la justice et de la prospérité (PKS), affaibli par l'incarcération de son ancien président pour corruption, a fait un score honorable, à près de 7%, à peine un point de pourcentage de moins qu'en 2009.

Si certains plus radicaux prônent l'instauration de la charia, loi islamique, les partis musulmans ont dans l'ensemble adapté leur discours et leur programme, reléguant au second plan le credo religieux.

Et inversement: les partis dits "séculaires nationalistes" ont ajouté une pincée de religion dans leurs professions de foi.

"Les lignes se sont brouillées", avance Noorhaidi Hasan de l'université islamique Sunan Kalijaga. "Les partis islamiques savent jouer la partition nationaliste et les nationalistes s'efforcent de montrer que les questions religieuses les intéressent".

A peine désigné candidat du PDI-P à la présidentielle, Joko Widodo a rencontré les dirigeants du Nahdlatul Ulama et de Muhammadiyah, la deuxième organisation musulmane du pays avec 30 millions d'adhérents.

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