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Jean Paul II comme une star de rock et pas seulement dans sa Pologne natale

Jean Paul II comme une star de rock et pas seulement dans sa Pologne natale

En dépit de la grande popularité du pape argentin François, le charisme et la célébrité du pape polonais Jean Paul II semblent intactes à l'approche de sa canonisation le 27 avril au Vatican, avec celle du pape Jean XXIII.

Au cours de son pontificat de 27 ans, ce polyglotte et ancien acteur a voyagé dans plus de cent pays, à la rencontre des gens ordinaires pour prêcher la bonne parole. Son comportement tranchait avec les habitudes de ses prédécesseurs à la tête de l'Eglise catholique, plutôt distants des fidèles.

"Il bousculait les règles du protocole. Ses gardes de corps avaient du mal à le protéger. Souvent, il s'éloignait du trajet fixé et allait vers les gens comme ça lui plaisait", se souvient Pawel Boryszewski, un sociologue de religion.

Aussi bien dans sa Pologne natale que dans d'autres pays catholiques où il reste immensément populaire, ses fans célèbrent sa canonisation de diverses façons.

Parti du nord de la Pologne, un marathonien doit parcourir à pied 2.000 kilomètres pour arriver le jour de la canonisation au Vatican où quelque 5 millions de catholiques sont attendus.

Un Allemand d'origine polonaise fait le chemin dans la voiture ayant appartenu de 1958 à 1977 au cardinal Karol Wojtyla, qu'il a rachetée et remise en état.

Aux Philippines, pays d'Asie à majorité catholique, des centaines de fidèles ont déjà visité une exposition des reliques de Jean-Paul II.

"Je suis heureuse. Je peux mourir maintenant que j'ai vu ces reliques", confie à l'AFP Gene Suarez, une institutrice à la retraite âgée de 67 ans, dans la petite chapelle de Manille où sont exposés les souvenirs mortuaires du pape: des mèches de ses cheveux et un bout de tissu maculé de son sang, qui seront présentés à travers le pays dans les prochains mois.

En Irlande, des bibelots avec l'effigie du pape se vendent comme des petits pains dans des magasins de souvenirs officiels du Sanctuaire du Knock, haut lieu de pèlerinages que Jean-Paul II a visité en 1979.

"Les gens recherchent des objets, des souvenirs de Jean Paul II, que ce soit des photos, des reliques ou des cartes de prière", déclare Peg Carmody, chef d'un de ces magasins à Limerick.

Et si les catholiques d'Argentine sont enthousiasmés par le pape François, ils gardent toujours en mémoire le souvenir du pape polonais qui avait joué un rôle de médiateur, empêchant la guerre contre le Chili en 1978.

"Je pense qu'il avait une grande bonté, plus que tous les autres papes", dit une étudiante de Buenos Aires, Paola Minoscal. Elle pense toutefois que les scandales de pédophilie avaient beaucoup terni son image.

"Il devait savoir pas mal de choses sur ce qui se passait entre des enfants et des prêtres", dit cette étudiante de 26 ans originaire d'Equateur, une accusation qui se fait entendre dans beaucoup d'autres pays.

Toute critique de "notre pape" est cependant bannie en Pologne où il est l'objet d'un culte comme nulle part ailleurs. Ses compatriotes le considèrent toujours comme un héros national et la plus grande autorité morale.

Les Polonais sont persuadés que ce premier pape non italien depuis plus de 400 ans et premier pape de l'Europe de l'Est a ébranlé le régime communiste.

"Il est devenu pape à un moment particulier, probablement le meilleur possible pour les Polonais dans leur histoire", souligne Katarzyna Uklanska qui a écrit sa thèse de doctorat sur le rôle posthume du pape.

Dans d'autres anciens pays communistes son rôle politique est reconnu, comme en Slovaquie dont les habitants partageaient sa passion de la montagne, et où il est devenu "le pape le plus populaire", selon un expert de la religion Imrich Gazda.

"Vue la durée de son pontificat, plusieurs générations voient en lui 'le pape'", relève le porte-parole de l'épiscopat slovaque Jozef Kovacik.

Jean Paul II reste en mémoire comme celui qui a renoncé aux pompes de ses prédécesseurs, cherchant le contact direct avec les gens qu'ils soient communistes, juifs ou catholiques, et qui est allé rendre visite en prison au Turc Ali Agca qui avait tenté de l'assassiner en 1981.

"Il répandait autour de lui cet humanisme tout au long de sa vie, au point que des non-croyants le considèrent également comme un personnage merveilleux", souligne Halina Marciniak, enseignante qui préside une association des quelques 1.300 écoles portant son nom en Pologne.

"Ce qu'il prêchait, touchait tout le monde. Une telle personne n'apparait pas souvent. C'est pour cela, je pense, que son culte passera l'épreuve du temps", dit-elle à l'AFP.

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