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Egypte: des images peu probantes visionnées au procès de reporters d'Al-Jazeera

Egypte: des images peu probantes visionnées au procès de reporters d'Al-Jazeera

Le directeur égypto-canadien du bureau d'Al-Jazeera English au Caire a plaidé jeudi pour sa libération devant un tribunal égyptien, qui a examiné des vidéos sensées prouver qu'il avait manipulé ses reportages mais n'ayant en fait aucun lien avec son travail.

Mohamed Fadel Fahmy a comparu pour la cinquième fois dans ce procès qui a provoqué un tollé au sein de la communauté internationale, inquiète pour la liberté d'expression dans le pays entré dans un engrenage de violences depuis l'éviction du président islamiste Morsi Morsi en juillet par l'armée.

Dans le box grillagé des accusés, le journaliste de la chaîne qatarie était aux côtés de ses confrères incarcérés, comme lui, depuis plus de 100 jours, l'Australien Peter Greste et l'Egyptien Baher Mohamed.

Au total, 20 personnes sont poursuivies, dont 12 par contumace: 16 Egyptiens accusés d'appartenir à une "organisation terroriste" --les Frères musulmans de M. Morsi-- et quatre étrangers accusés de leur avoir fourni "argent, équipements et informations" pour "diffuser de fausses nouvelles" et faire croire à une "guerre civile".

La prochaine audience du procès a été fixée au 22 avril.

Depuis juillet, les nouvelles autorités dirigées de facto par l'armée ont lancé une répression sanglante contre les manifestants pro-Morsi qui s'est soldée par au moins 1.400 morts et quelque 15.000 arrestations, en majorité dans les rangs des Frères musulmans.

La confrérie a été déclarée "terroriste" et la quasi-totalité de ses dirigeants, dont M. Morsi, encourent désormais la peine de mort.

Depuis l'arrestation fin décembre des trois journalistes, la défense assure qu'ils ont fait leur travail "de façon professionnelle et objective".

L'Egypte et le Qatar sont brouillés depuis juillet, la première reprochant au second son soutien aux islamistes, en particulier via Al-Jazeera, considérée par les experts comme le premier outil diplomatique du petit émirat gazier.

Jeudi, lors d'une audience de deux heures, la cour a examiné des extraits de reportages de l'antenne arabophone de la télévision britannique Sky News, récupérés sur un ordinateur de M. Mohamed: des images d'un cheval qui mange du foin dans une écurie, tirées d'un reportage sur le tourisme à Louxor (sud).

Le frère de M. Mohamed, Assem, a expliqué à l'AFP qu'il travaillait pour Sky News Arabia et que ces vidéos étaient stockées dans son ordinateur saisi dans l'appartement qu'il partageait avec son frère.

M. Fahmy, excédé, a crié à ses juges: "Je suis en prison depuis quatre mois. Pour quoi est-ce que je suis en train de payer? Il n'y a aucune preuve qui nous accuse. Ce sont des vidéos de Sky News, qu'est-ce que je fais en prison ?".

Le tribunal a ensuite passé en revue des photographies de M. Greste, dont l'une montrant ses parents, ce qui a provoqué l'hilarité du journaliste australien, ancien reporter de la BBC récompensé par plusieurs prix prestigieux.

"Aujourd'hui, comme toutes les autres audiences, prouve que cette affaire ne tient pas debout", a-t-il lancé aux journalistes.

Le juge Mohamed Nagui Rochdi lui-même a tancé le procureur lorsqu'a été diffusée la vidéo d'une conférence de presse enregistrée par M. Greste au Kenya, où il était en poste: "Cela n'a rien à voir avec ce dossier".

A chaque audience, "le monde entier voit à quel point les accusations contre notre équipe sont absurdes", a insisté Al-Jazeera English.

Mardi, la famille d'Abdallah Elshamy, un autre journaliste de la chaîne qatarie détenu depuis huit mois et sans date de procès, a réclamé sa libération immédiate, invoquant une détérioration de son état de santé après 80 jours de grève de la faim.

MM. Greste, Fahmy et Mohamed couvraient les violences qui ont suivi la destitution du premier président démocratiquement élu d'Egypte pour Al-Jazeera English, tandis que M. Elshamy était employé par l'antenne arabophone de la télévision satellitaire.

Jeudi, derrière les grilles du box des accusés, l'un des huit accusés détenus, Khaled Mohamed Abdel Raouf, en grève de la faim depuis 15 jours, a dû être évacué après s'être évanoui.

ht-sbh/fcc

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