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France: confrontation entre un fils et son père accusé depuis 36 ans du meurtre de sa maîtresse

France: confrontation entre un fils et son père accusé depuis 36 ans du meurtre de sa maîtresse

Le procès de la disparition en 1977 d'une riche héritière, l'une des grandes énigmes judiciaires du siècle dernier en France, a été mercredi le théâtre d'une confrontation entre l'accusé et son fils, qui après l'avoir défendu pendant des décennies, l'accuse désormais de meurtre.

Jugé pour la troisième fois, Maurice Agnelet, un avocat de 76 ans, a toujours clamé son innocence dans la disparition à Nice (sud-est) le 30 octobre 1977 d'Agnès Le Roux, une de ses maîtresses alors âgée de 29 ans.

Après trois semaines de procès sans avancée, l'audience lundi a été marquée par un coup de théâtre avec les révélations de son fils Guillaume. Ce dernier avait affirmé avoir passé sous silence pendant des années des "aveux" de son père sur le meurtre d'Agnès Le Roux.

Mercredi, il a confirmé devant la cour d'Assises de Rennes (ouest) ses déclarations accusant son père de meurtre. "Oui je les confirme", a-t-il dit. "Je viens pour retranscrire ce qui depuis près de 30 ans est au plus près de mes souvenirs. Je ne viens pas pour faire la guerre" au reste de la famille, a-t-il précisé.

Guillaume Agnelet a confessé qu'il s'agissait pour lui d'un choix "cornélien". "Je savais quelles conséquences ça pourrait avoir", reconnaît-il.

Il a également assuré qu'il avait dit à sa famille, il y a quelques années: "Atterrissez ! Atterrissez ! Je harcelais ma mère tous les jours" pour que la "vérité" sorte.

Le témoin assure que son père lui avait dit lorsqu'il avait 16 ans: "Tant que le corps n'est pas retrouvé, je ne risque rien. Moi je sais où il est le corps". Face à ces accusations réitérées, l'accusé a nié en bloc. "Je partage l'avis de sa mère: il est en souffrance", a-t-il dit.

Auparavant, sa mère, en larmes, Annie Litas, avait démenti que Maurice Agnelet lui ait confié avoir tué sa maîtresse comme l'a aussi affirmé Guillaume Agnelet. Annie Litas et Maurice Agnelet sont divorcés.

Le fils a affirmé que sa mère lui avait dit "Ton père a tué Agnès" et avoir précisé tenir cette information "directement de lui".

"Je trouve ça totalement irréaliste et rocambolesque. Je n'ai jamais prononcé ces propos", a déclaré Annie Litas. "Je suis sa mère et je le resterai toujours mais je suis totalement démunie face à ses déclarations. Je ne comprends pas. Je n'aurais jamais imaginé qu'il puisse faire de telles déclarations", a ajouté Mme Litas, allant jusqu'à affirmer que son fils est victime de troubles psychiques.

La cour souhaite également entendre un autre témoin-clé, Françoise Lausseure, une autre ex-épouse de M. Agnelet. Elle avait permis en 1999 la réouverture du dossier en revenant sur l'alibi qu'elle avait jusqu'alors fourni à son amant.

Mme Lausseure, qui vit au Mexique, a cependant fait savoir qu'elle refusait de se rendre à l'ambassade de France à Mexico pour y être entendue en visioconférence.

La cour "statuera sur la continuation des débats" mercredi à la suite des auditions qui auront pu être réalisées, a précisé son président.

Le troisième procès de Maurice Agnelet semblait piétiner jusqu'au témoignage lundi de son fils.

Outre les propos qu'il attribue à sa mère, Guillaume Agnelet a affirmé que son père et Agnès Le Roux étaient "allés faire du camping dans un coin tranquille près de Monte Cassino", en Italie. "Il aurait, pendant son sommeil, tiré sur Agnès", a-t-il ajouté, expliquant avoir gardé le silence aussi longtemps "pour le bien de la famille".

Agnès Le Roux est la riche héritière d'un casino sur la célèbre promenade des Anglais à Nice. Sa disparition est survenue quelques mois après qu'elle eut vendu les parts de son casino à un concurrent. La somme, d'abord versée sur un compte commun aux deux amants, à Genève, s'est retrouvée après la disparition d'Agnès sur un compte au seul nom d'Agnelet.

Bénéficiaire d'un non-lieu en 1985, puis acquitté en 2006, Maurice Agnelet a été condamné en appel à 20 ans de prison en 2007, avant que la Cour européenne des droits de l'Homme n'estime début 2013 que ce procès n'avait pas été équitable.

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