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Déflation, croissance, Ukraine: l'économie mondiale en quête de solutions

Déflation, croissance, Ukraine: l'économie mondiale en quête de solutions

Les grands argentiers du globe se retrouvent jeudi à Washington dans un climat obscurci par les risques déflationnistes en Europe, les tensions géopolitiques en Ukraine et les craintes d'une croissance "molle".

L'agenda est à première vue moins sombre que prévu pour les ministres des Finances des pays émergents et développés du G20, qui se réunissent dans la capitale américaine jeudi soir et vendredi, en marge des réunions du printemps du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale.

Alimentées par le retour progressif à la normale monétaire aux Etats-Unis, les fuites de capitaux qui ont frappé certains pays émergents (Brésil, Turquie, Inde...) semblent s'être apaisées.

Autre signal encourageant: la réussite jeudi d'une émission obligataire de l'enfant terrible de la zone euro, la Grèce, privée d'accès aux marchés financiers depuis 2010.

"La Grèce va dans la bonne direction" et son retour complet sur les marchés "se profile à l'horizon", a indiqué la directrice générale du FMI Christine Lagarde lors d'une conférence de presse.

"Le test que les autorités voulaient mettre en place a été couronné de succès", s'est félicitée Mme Lagarde, selon qui toutefois "il y a encore beaucoup à faire".

Mais d'autres casse-tête ont émergé, au premier rang desquels une possible escalade de la crise ukrainienne. Moscou a publié jeudi une lettre de Vladimir Poutine à 18 dirigeants européens, dans laquelle il menace de "cesser totalement ou partiellement de livrer du gaz" à l'Ukraine.

Lors d'une réunion jeudi après-midi à Washington, les ministres des Finances des pays industrialisés du G7 vont se pencher sur la question, qui devrait figurer en bonne place dans le communiqué du G20 attendu vendredi.

Le FMI, lui, continue à plancher sur son plan d'aide, qu'il entend soumettre aux Etats-membres au plus tard début mai, et Mme Lagarde a assuré jeudi qu'elle n'envisageait pas un "échec", même si dans le passé deux programmes d'aide ont déjà capoté, faute de réformes suffisantes.

Fin mars, le Fonds avait annoncé un pré-accord pour une ligne de crédit de 14 à 18 milliards de dollars sur deux ans.

"Si la crise se prolonge et si son impact s'aggrave, nous pensons que l'économie russe pourrait se contracter de 1,8% cette année", a déclaré pour sa part le président de la Banque mondiale Jim Yong Kim, parlant d'un "problème très grave".

Le faible niveau d'inflation en Europe devrait également être au coeur des discussions. Si la tendance s'aggrave jusqu'à se muer en déflation (baisse prolongée des prix à la consommation), elle pourrait freiner l'activité et renchérir le poids de la dette sur des finances publiques encore fragiles.

Jeudi, le FMI a une nouvelle fois pressé la Banque centrale européenne de lancer des actions "non conventionnelles", s'inspirant de la Fed américaine, pour soutenir les prix.

"C'est une question de temps maintenant" et "le plus tôt sera le mieux", a souligné la directrice générale du Fonds, prenant le risque d'agacer la BCE, qui ne goûte guère ses "généreux conseils" pour reprendre une expression ironique de son président Mario Draghi.

Les pays du G20 devront également tenter d'ébaucher des pistes pour faire avancer l'objectif qu'ils se sont fixé lors de leur réunion à Sydney fin février: doper la croissance de deux points de pourcentage supplémentaires d'ici 2018.

"Peu de choses ont changé depuis Sydney", assure une source américaine, expliquant que les objectifs n'avaient pas varié.

La tâche s'annonce ardue. Le FMI prévoit une activité "molle" en Europe et craint que le potentiel de croissance de certains pays émergents n'ait "diminué" en raison de faiblesses structurelles, même si Mme Lagarde a jugé jeudi que les craintes d'un calage de ces économies était "exagéré".

Et les inégalités? En vogue au forum de Davos et dans les récents rapports du FMI, le thème semble avoir un peu disparu de l'agenda mondial, au grand dam de la société civile.

"Le FMI comme la Banque mondiale ont admis les dangers liés à une explosion des inégalités, mais ils ne montrent aucune intention concrète de traiter le programme", a déploré jeudi dans un communiqué Nicolas Mombrial, de l'organisation de lutte contre la pauvreté Oxfam.

bur-jt/aue/rap

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