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France : le sort d'un accusé d'une disparition voici 36 ans suspendu à ses ex-femmes

France : le sort d'un accusé d'une disparition voici 36 ans suspendu à ses ex-femmes

Le procès en France d'un homme soupçonné d'avoir tué voici 36 ans une riche héritière devrait prendre mercredi un tour décisif avec l'audition d'un témoin-clé, ex-épouse de l'accusé, et celle plus improbable d'une autre ex-épouse, au lendemain de la tardive confession à charge de l'un de ses fils.

Jugé pour la troisième fois dans le but de tenter de résoudre l'une des plus grandes énigmes de ces quarante dernières années en France, Maurice Agnelet, 76 ans, a toujours clamé son innocence dans la disparition à Nice (sud-est) le 30 octobre 1977 d'Agnès Le Roux, sa maîtresse alors âgée de 29 ans.

Mais les révélations fracassantes de l'un de ses fils, Guillaume, 45 ans, qui affirme avoir reçu dans le passé des "aveux" de son père mais aussi de sa mère, ont résonné comme un coup de tonnerre et l'ancien avocat Maurice Agnelet comparaît désormais détenu devant la cour d'assises de Rennes (ouest).

Annie Litas, 72 ans, mère de Guillaume, a accepté mardi d'être à nouveau entendue par la cour, mais en visioconférence en raison de sa "fatigue", selon une source proche du dossier. Elle sera entendue mercredi matin, a annoncé le président de la cour.

C'est donc par écrans interposés qu'elle sera susceptible d'être confrontée à ses deux fils, Thomas Agnelet, qui défend son père, et Guillaume, qui l'accuse. Tous deux seront présents physiquement mercredi devant la cour.

Tandis que le verdict est attendu vendredi, le témoignage d'Annie Litas, première épouse de Maurice Agnelet dont elle était divorcée au moment de la disparition d'Agnès, s'avère crucial : elle n'a jamais fait mention auparavant des faits évoqués par son fils.

"De son discours dépendra l'issue du procès", a déclaré à la presse Me François Saint-Pierre, avocat de l'accusé. "Les propos de Guillaume Agnelet doivent être considérés avec sérieux et avec attention. Ils posent une question nouvelle", a-t-il estimé. "C'est pourquoi j'attends les propos d'Annie Litas, qui pourra nous donner beaucoup d'éclaircissements", a-t-il ajouté.

Le troisième procès de Maurice Agnelet semblait piétiner jusqu'au témoignage lundi de son fils.

Guillaume affirme que son père lui a révélé, quand il avait 16 ans, qu'il savait où se trouvait le corps. Puis, a-t-il raconté lundi, dans les années 1990, quand il était étudiant, sa mère lui a dit "Ton père a tué Agnès", expliquant tenir cette information "directement de lui".

"Ils sont allés faire du camping dans un coin tranquille près de Monte Cassino", en Italie. "Il aurait, pendant son sommeil, tiré sur Agnès", a-t-il poursuivi, expliquant avoir gardé le silence aussi longtemps "pour le bien de la famille".

La cour souhaite également entendre un autre témoin-clé, Françoise Lausseure, une autre ex-épouse de M. Agnelet, qui avait longtemps fourni un alibi à celui-ci avant de provoquer en 1999 la réouverture du dossier en revenant sur sa déposition.

Mais après s'être dit lundi disposée à témoigner, cette femme vivant au Mexique a finalement fait savoir qu'elle refuserait de se déplacer pour témoigner par visioconférence de l'ambassade de France à Mexico. Il n'existe "pas de moyens de contrainte" à son endroit, a rappelé une source juridique.

La cour "statuera sur la continuation des débats" mercredi à la suite des auditions qui auront pu être réalisées, a précisé le président.

Un renvoi du procès au terme de presque quatre semaines d'audience paraît toutefois improbable à certains proches du dossier. La cour dispose en effet de procès-verbaux d'audition de Mme Lausseure et les résultats d'une enquête complémentaire en Italie semblent très aléatoires si longtemps après les faits présumés.

Agnès le Roux, riche héritière d'un casino sur la célèbre promenade des Anglais à Nice, avait mystérieusement disparu le 30 octobre 1977. Depuis, personne n'a revu la jeune femme ni son véhicule.

Sa disparition intervenait quelques mois après qu'elle eut vendu les parts de son casino à un concurrent. La somme, d'abord versée sur un compte commun aux deux amants, à Genève, s'est retrouvée après la disparition d'Agnès sur un compte au seul nom d'Agnelet.

Bénéficiaire d'un non-lieu en 1985, puis acquitté en 2006, Maurice Agnelet a été condamné en appel à 20 ans de prison en 2007, avant que la Cour européenne des droits de l'Homme n'estime début 2013 que ce procès n'avait pas été équitable.

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