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Elizabeth II reçoit le président irlandais, une première en près d'un siècle

Elizabeth II reçoit le président irlandais, une première en près d'un siècle

La reine Elizabeth II a accueilli mardi le président irlandais Michael D. Higgins en visite d'Etat historique de quatre jours au Royaume-Uni, un événement sans précédent près d'un siècle après l'indépendance, qui consacre la réconciliation entre les deux Etats voisins.

Au premier jour de sa visite, le président irlandais a "célébré", devant les deux chambres du Parlement de Westminster, l'"amitié chaleureuse" entre les deux pays.

"Je suis ici à un moment où nos deux îles sont parvenues à des relations proches et chaleureuses qui semblaient autrefois impossibles", s'est félicité ce poète et ancien ministre de la Culture de 72 ans.

"J'attends avec confiance un avenir dans lequel cette amitié pourra grandir encore davantage et de façon plus productive", a-t-il ajouté.

La Grande-Bretagne est le premier partenaire commercial de l'Irlande et représente 34% de ses importations, selon des chiffres de 2012 du gouvernement britannique. L'Irlande est quant à elle le cinquième marché à l'export de la Grande-Bretagne.

"Nos deux pays peuvent tirer une fierté immense dans les progrès de la cause de la paix en Irlande du Nord", a-t-il également affirmé.

"Il y a bien sûr encore un chemin à parcourir, la route d'une réconciliation durable et créatrice, et nos deux gouvernements ont la responsabilité partagée d'encourager et de soutenir ceux qui ont besoin de terminer le voyage vers une paix permanente et constructive", a-t-il dit.

Le président irlandais, dont la fonction est essentiellement honorifique, est déjà venu à plusieurs reprises en Grande-Bretagne depuis sa prise de fonction en novembre 2011 mais n'avait jamais eu droit à une visite d'Etat.

Il a ensuite assité dans la soirée à un dîner au château de Windsor en présence de la reine Elizabeth II, du Premier ministre britannique James Cameron et de l'ancien responsable de l'Armée Républicaine Irlandaise (IRA), Martin McGuinness.

L'invitation lancée par la reine à ce catholique âgé de 63 ans, qui a combattu la domination britannique pendant les 30 ans de "troubles" en Irlande du Nord, est hautement symbolique.

Ancien négociateur du processus de paix dans cette province, dont il est aujourd'hui le vice-Premier ministre, Martin McGuinness avait déjà rencontré Elizabeth II lors de son déplacement sans précédent à Belfast en juin 2012. La souveraine lui avait alors serré la main, scellant une réconciliation spectaculaire.

La souveraine a salué la présence du président Higgins et exprimé l'espoir d'un "avenir plus stable" entre les deux pays. La présence de Martin McGuinness au palais de Windsor, trois ans après qu'il eut refusé de participer à Dublin à un dîner en l'honneur de la reine, a été jugée samedi par Gerry Adams, président du Sinn Fein, principal parti de la communauté catholique, comme "un nouvel exemple de l'engagement du Sinn Fein en faveur d'un avenir fondé sur la tolérance et l'égalité".

Le Sinn Fein, aile politique de la défunte IRA, appartient au gouvernement biconfessionnel en place à Belfast, même si son but ultime reste officiellement la réintégration de l'Ulster à la république d'Irlande.

"Il y a encore des problèmes à résoudre mais nous marchons vers la réconciliation et l'établissement de meilleures relations", a déclaré mardi sur la BBC, Conor Murphy, député du Sinn Fein participant au voyage.

Une participation qui fait néanmoins grincer des dents du côté des protestants nord-irlandais.

C'est "le dernier coup de grâce apporté aux victimes innocentes du terrorisme", a déclaré sur la BBC, Stephen Gault, dont le père a été tué lors de l'attentat à la bombe de l'IRA en 1987 à Enniskillen, qui a fait 11 morts.

L'Irlande du Nord a connu trente ans de conflit entre séparatistes catholiques et loyalistes protestants, au cours desquelles quelque 3.500 personnes ont été tuées.

Seize ans après l'accord de paix, les auteurs des crimes n'ont pas tous été condamnés. Aujourd'hui encore, un débat oppose ceux qui veulent "tourner la page", en accordant l'immunité aux responsables de ces attentats, à certaines familles des victimes qui réclament justice.

En février, un tribunal londonien avait ravivé la polémique en accordant l'immunité au suspect n°1 d'un attentat à Hyde Park, au coeur de Londres en 1982.

Mercredi, le président irlandais pourrait évoquer ces sujets lors d'une rencontre avec le Premier Ministre David Cameron.

sds-mc/dh/ml

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