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Génocide rwandais: d'anciens responsables français dénoncent les accusations visant Paris

Génocide rwandais: d'anciens responsables français dénoncent les accusations visant Paris

L'ancien Premier ministre français Edouard Balladur, qui était en poste au moment du génocide au Rwanda, et le chef de l'opération française militaro-humanitaire Turquoise en 1994 ont dénoncé lundi comme mensongères les accusations du chef de l'Etat rwandais Paul Kagame impliquant Paris dans cette tragédie.

L'ancien Premier ministre français de droite (UMP) entre 1993 et 1995 a jugé sur la radio Europe 1 que M. Kagame "cherche sans cesse à mettre en cause la France alors que lui-même n'a pas réussi, au bout de vingt ans à rassembler le peuple rwandais".

Selon M. Balladur, "la France n'est en rien complice du génocide, au contraire elle est de tous les pays du monde le seul qui ait pris l'initiative d'organiser une opération humanitaire pour éviter un massacre généralisé".

Dire que la France a participé est "un mensonge, un mensonge intéressé", a-t-il insisté.

"Le gouvernement que je dirigeais a, dès qu'il a été installé, mis fin à toute livraison d'armes au Rwanda et retiré les troupes françaises", a poursuivi celui qui fut Premier ministre de cohabitation sous le président socialiste François Mitterrand.

Le général Jean-Claude Lafourcade, qui commandait l'opération "Turquoise", a de son côté qualifié d'"infondées et injustes" les déclarations de Paul Kagame accusant la France d'avoir joué un "rôle direct dans la préparation du génocide" et d'avoir participé "à son exécution même".

"Je trouve les accusations de M. Kagame infondées et injustes, elles ternissent complètement ce jour de mémoire pour un drame humain mondial", a-t-il déclaré sur la radio RTL. Le président rwandais devait lancer lundi les commémorations officielles du 20e anniversaire du génocide, qui a fait entre avril et juillet 1994 quelque 800.000 morts.

Le général a rappelé que l'opération française avait été lancée fin juin 1994 alors que "90% des massacres" avaient déjà eu lieu.

"Nous sommes arrivés deux mois et demi après le début du génocide, donc un peu tard. Il n'empêche que l'opération Turquoise sous mandat de l'ONU, avec l'accord du monde entier, a permis de protéger des populations, de sauver des vies, une quinzaine de milliers de vies", a-t-il affirmé.

"Pendant le génocide, il n'y avait pas un seul soldat français au Rwanda", a-t-il souligné : dire aujourd'hui que la France "était présente au moment du génocide c'est faux".

"Nous n'étions pas dans une mission de combat, nous étions dans une mission de protéger les populations, ce qui a été fait assez vite en désarmant les miliciens", a assuré le général.

M. Balladur a par ailleurs regretté qu'il ait été envisagé d'envoyer un ministre à Kigali pour les cérémonies de commémoration car "les incidents qui se produisent étaient prévisibles compte tenu de ce qu'est (le président rwandais) M. Kagame et sa pratique constante".

Les autorités rwandaises ont retiré lundi l'accréditation de l'ambassadeur de France à la cérémonie officielle de lancement des commémorations lundi, où il devait représenter Paris en remplacement de la ministre de la Justice, Christiane Taubira, dont le déplacement a été annulé à la suite des propos de M. Kagame.

Le 10e anniversaire du génocide de 2004 avait déjà été marqué par un grave incident entre Kigali et Paris. La délégation française avait raccourci sa visite, après que M. Kagame s'en fut pris dans son discours aux Français qui "ont l'audace de rester là sans s'excuser".

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