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Européennes: le déficit français politise la course à la présidence de la Commission

Européennes: le déficit français politise la course à la présidence de la Commission

La volonté de la France d'obtenir un nouveau délai pour réduire son déficit public a politisé la campagne pour la présidence de la Commission européenne et donné un argument au candidat conservateur Jean-Claude Juncker pour se livrer à une charge contre le champion des socialistes Martin Schulz.

"Martin Schulz commet une grave erreur politique en voulant autoriser pour la troisième fois d'affilée la France à dépasser la limite de 3%" de déficit, a lancé M. Juncker samedi à Berlin au congrès de la CDU, en présence de la chancelière Angela Merkel.

Il a poursuivi avec une critique acerbe de la gestion des affaires par les socialistes lorsqu'ils sont au pouvoir dans les pays de l'UE, accusés de laxisme dans la gestion des finances publiques. "Les socialistes veulent continuer comme avant la crise, et accumuler de la dette au détriment de la prochaine génération", a-t-il affirmé.

Cette politisation de la campagne en affrontement droite-gauche est "délibérée", et "elle va monter en puissance avec les débats" entre les candidats avant le scrutin du 25 mai, reconnaît l'entourage de l'ancien Premier ministre luxembourgeois.

"Jean-Claude Juncker veut gagner", soutiennent ses conseillers. Désigné le 7 mars à l'issue d'une primaire pour représenter le Parti populaire européen, la famille des partis de centre-droit, Jean-Claude Juncker, 59 ans, est entré en lice tardivement.

Son adversaire, l'Allemand Martin Schulz, 58 ans, adoubé le 1er mars par les socialistes, n'avait pas de rival au sein de sa famille et est parti en campagne dès le début de l'année.

Il n'a pas démissionné de la présidence du Parlement européen, ce qui lui est reproché par ses adversaires. "Être toujours président du Parlement européen, ça aide", dénonce-t-on dans l'entourage de M. Juncker.

De son côté, il doit gommer l'image de "candidat malgré lui" qui lui a été collée par ses adversaires.

"Juncker, je n'y crois pas. Il n'a pas envie", accuse Daniel Cohn-Bendit, co-président sortant du groupe des Verts au Parlement européen.

Mais il n'a pas plus confiance en Martin Schulz. Il "doute de sa capacité de s'émanciper de l'Allemagne" et critique sa "stratégie qui consistait à conclure des accords avec le PPE lorsqu'il présidait le groupe socialiste".

Cette stratégie des arrangements perdure, dénoncent les Verts. Les présidents des trois principaux groupes, le PPE, les socialistes et les libéraux viennent de signer une déclaration commune dans laquelle ils s'engagent à ce que le président de la Commission soit l'une de leur trois tête de liste.

L'accord stipule que "le parti arrivé en tête est le premier des trois à essayer de former une majorité au Parlement".

Les dernières enquêtes sur les intentions de votes réalisées début avril montent que les deux grandes familles du PPE et des socialistes sont au coude-à-coude autour de 210 députés. Aucune n'aura la majorité des 751 nouveaux élus et devra chercher des alliances.

Avec une soixantaine d'élus, le groupe des Libéraux devrait se retrouver en position de "faiseur de roi", affirme son candidat, l'ancien Premier ministre belge Guy Verhofstadt.

Selon Daniel Cohn-Bendit, "Verhofstadt veut une présidence pleine du Parlement européen en échange de son soutien". La présidence du Parlement sortant a été partagée en deux mandats de deux ans et demi entre le PPE et les socialistes.

Le président de la Commission européenne sera élu par le Parlement européen en juillet. "Ce sera moi, ou ce sera Schulz. Tous les autres scenarii sont des fantasmes de bureaucrates nationaux", a soutenu Jean-Claude Juncker lors de son intervention devant Angela Merkel.

"Ce sera elle la faiseuse de roi", a confié à l'AFP un responsable européen.

csg/jlb/ros

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