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Budget, croissance: accueil plutôt compréhensif à Berlin pour Sapin et Montebourg

Budget, croissance: accueil plutôt compréhensif à Berlin pour Sapin et Montebourg

L'accueil s'est révélé plutôt compréhensif lundi à Berlin pour les nouveaux ministres français des Finances et de l'Economie, venus défendre les choix budgétaires de Paris dans un pays très attaché à la maîtrise des déficits.

Le ministre français des Finances Michel Sapin est arrivé le premier pour rencontrer son homologue, le conservateur Wolfgang Schäuble, qui a opté pour un ton conciliant lors de leur conférence de presse commune, les deux ministres niant avoir abordé frontalement dans leur entretien le sujet le plus épineux: le dérapage annoncé des finances publiques françaises.

"L'Allemagne a besoin d'une France forte", a dit M. Schäuble, qui gère les finances d'un pays en situation d'excédent des comptes publics.

"La France est sur un très bon chemin", a-t-il ajouté en référence aux réformes annoncées à Paris, parlant d'une "très bonne rencontre" avec M. Sapin, et se disant "convaincu" par les explications de ce dernier.

Sur le sujet de la discipline budgétaire, il est seulement parti du principe que Paris était "conscient de ses responsabilités". "Il ne faut pas tout réduire à une seule question", celle de la baisse des déficits, a-t-il lancé, conciliant.

La France s'est engagée après deux délais à ramener son déficit public sous la barre de 3% du Produit intérieur brut l'an prochain, mais plus personne n'y croit. Le déficit public français a atteint 4,3% en 2013.

Michel Sapin, nommé la semaine dernière ministre des Finances, est venu vanter les réformes "difficiles" que doit exposer mardi le Premier ministre Manuel Valls aux députés, et en a révélé la teneur en avant-première à son homologue allemand. Sans toutefois en dire plus à la presse.

Le gouvernement français va devoir mener de front des baisses de charge pour les entreprises afin de leur redonner de l'air, un coup de pouce fiscal aux ménages "qui ne peuvent pas payer plus d'impôts", selon M. Sapin, et un paquet d'économies de 50 milliards d'euros.

Se comparant à un "Schäuble français", M. Sapin a promis la "poursuite de la remise en ordre des finances publiques", soulignant que la France avait déjà fait "des efforts considérables" et allait les "amplifier", mais pas à n'importe quel prix.

Le ministre français a dit chercher un "équilibre" entre "le respect des engagements et une croissance économique supérieure", mais a reconnu qu'il s'attendait à des "difficultés", faisant référence implicitement au dialogue qui s'annonce avec la Commission européenne, gardienne des règles budgétaires.

Côté allemand, une certaine bienveillance filtrait déjà lundi, une source gouvernementale citée par le quotidien Süddeutsche Zeitung affirmant que cela "ne servait à rien de se braquer sur des principes si le résultat final est de détruire l'économie française".

M. Schäuble a souligné son attachement à une "croissance durable", c'est à dire non fondée sur une croissance des déficits.

L'objectif de la visite française de lundi était aussi de convaincre les Allemands de la cohérence du nouveau duo de ministres composé par MM. Sapin et Montebourg, inédit en France, qui ont d'ailleurs chacun pris garde de ne pas empiéter sur le pré carré de l'autre.

Venu avec un agenda séparé, M. Montebourg n'a pas dit un mot sur la question des déficits, optant plutôt pour la casquette de réformateur de l'Europe.

"Je suis venu rencontrer mon homologue pour aborder un certain nombre de questions qui sont dans le champ européen, car notre objectif est que l'Europe change et bouge", a-t-il déclaré à quelques journalistes avant de rencontrer des économistes puis le ministre allemand de l'Economie social-démocrate Sigmar Gabriel dans l'après-midi. Au programme des discussions: le numérique et la compétitivité industrielle, notamment.

"Le meilleur moyen de défendre (l'Union européenne) est de la faire évoluer et de répondre aux aspirations populaires", a déclaré le ministre, qui s'était fait remarquer durant la crise de l'euro par des prises de position parfois virulentes envers l'Allemagne.

aue/maj/plh

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