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Algérie: la campagne présidentielle se tend à une semaine du scrutin

Algérie: la campagne présidentielle se tend à une semaine du scrutin

Une semaine avant l'élection présidentielle du 17 avril en Algérie, la campagne longtemps restée terne s'est soudain tendue, faisant désormais craindre une fin houleuse après des violences contre le camp du président sortant Abdelaziz Bouteflika.

"Les incidents se multiplient dans les meetings", notait lundi le quotidien El Watan, accusant M. Bouteflika de "diviser les Algériens".

"Virage dangereux", "L'enfer de la campagne", "La violence menace la campagne", renchérissaient Liberté, Le Soir d'Algérie et El Khabar.

El Moudjahid (gouvernemental) évoquait "des poches d'intolérance et de refus systématique de toute expression différente".

La campagne officielle pour convaincre les 23 millions d'électeurs inscrits sur les listes se termine le 13 avril, avec pour le camp Bouteflika un grand meeting à Alger.

Candidat à un quatrième mandat, M. Bouteflika, 77 ans est donné grand favori en dépit de problèmes de santé qui alimentent les doutes sur sa capacité à gouverner. Il n'est apparu à aucune réunion électorale, se contentant de charger sept proches de sillonner le pays en son nom.

Les Algériens ont cependant pu le voir jeudi à la télévision recevant, debout, le secrétaire d'Etat américain John Kerry. Dans une lettre le 22 mars, le président sortant leur a affirmé que les séquelles de son sévère AVC de l'année dernière ne le disqualifiaient pas.

Ses "agents" électoraux, ainsi désignés par une partie de la presse, ont prévu un total de 138 meetings à travers l'Algérie et les principales villes de France où vit une forte communauté algérienne.

Mais tous n'ont pas eu lieu, faute de public ou en raison d'incidents.

Abdelmalek Sellal qui s'est provisoirement délesté de son maroquin de Premier ministre pour diriger une nouvelle fois la campagne du président, a dû annuler samedi un meeting à Béjaïa, deuxième ville de la traditionnellement fondeuse Kabylie en raison de violences.

Plusieurs personnes ont été blessées, dont une équipe de la chaîne privée En-Nahar qui soutient M. Bouteflika.

Et à Tizi Ouzou, la première ville de Kabylie, il a fallu déployer dimanche un important dispositif policier et mener des interpellations préventives pour permettre à M. Sellal de s'adresser aux habitants.

"Meeting sous haute surveillance", ou "sous haute tension", remarquaient Le Soir d'Algérie et El Watan.

Le journal Liberté a relevé "une opposition frontale de la population" au camp Bouteflika, et ce "dans de nombreuses villes".

Selon ce journal, le ministre de la Santé Abdelmalek Boudiaf à dû se réfugier dans un commissariat à Batna, la principale ville des Aurès (sud-est), où M. Sellal évitera finalement un meeting où il devait se rendre la veille de la clotûre de la campagne.

"Le soudain recours à la violence fait craindre le pire", estime El Watan en s'interrogeant: "De quoi sera fait le 17 avril ?"

Après les violences de Béjaïa, la direction de la campagne du président sortant a mis en cause "les fascistes tenants du boycott, Barakat ('Ça suffit', mouvement hostile au 4e mandat), secondés par leurs nervis du MAK (Mouvement pour l'Autonomie de la Kabylie)".

Apparu dès l'annonce le 22 février d'une nouvelle candidature de M. Bouteflika, le mouvement Barakat a organisé depuis plusieurs manifestations, sans drainer des foules.

Lundi, le mouvement a accusé le pouvoir de "pousser au pourrissement". "Nous condamnons toute violence d'où qu'elle vienne et nous tenons pour seul responsable le pouvoir en place", a écrit le mouvement dans un communiqué, en rappelant son "caractère pacifique et démocratique".

Principal adversaire de M. Bouteflika, Ali Benflis, mis en cause par la chaîne En-Nahar TV, a dénoncé les "accusations graves et infondées de certains supports médiatiques".

"Je regrette que cette campagne se déroule dans un climat tendu" mais "je dois dire que rien n'a été fait jusqu'à présent pour qu'elle se déroule dans la sérénité et l'apaisement", a-t-il expliqué dans un communiqué samedi à Batna (sud-est), son fief électoral où il a rassemblé des milliers de personnes.

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