Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Ukraine: des pro-russes prennent des bâtiments officiels dans l'est

Ukraine: des pro-russes prennent des bâtiments officiels dans l'est

Des manifestants pro-russes ont pris dimanche le contrôle de bâtiments officiels dans l'est russophone de l'Ukraine, s'emparant des locaux de l'administration provinciale à Kharkiv et Donetsk, deux des plus grandes villes de cette région frontalière de la Russie.

A Donetsk, ville d'un million d'habitants, les manifestants ont exigé l'organisation d'un référendum sur le rattachement à la Russie, a constaté un correspondant de l'AFP.

Les prises des bâtiments se sont faites sans violence. Les forces de l'ordre ont brièvement résisté à Donetsk dans l'après-midi face à des manifestants encagoulés ou capuches levées qui cherchaient à leur arracher leurs boucliers, avant de quitter le secteur.

A Kharkiv (1,4 million d'habitants), où les manifestants s'en sont pris au bâtiment à la nuit tombée, elles se sont rapidement écartées pour se placer à une cinquantaine de mètres.

Dans les deux cas, les manifestants ont rapidement amené les drapeaux ukrainiens bleu et jaune pour hisser à leur place le blanc-bleu-rouge russe. Ils ont déployé une banderole "République de Donetsk" sur la façade de l'administration de cette ville.

Les régions de l'est ukrainien, frontalières de la Russie, enregistrent tous les dimanches depuis la chute du régime pro-russe de Kiev le 22 février des manifestations en faveur d'une "fédéralisation" de l'Ukraine - solution officiellement prônée par Moscou - ou du rattachement au grand voisin.

Le président russe Vladimir Poutine s'est engagé à défendre "par tous les moyens" les populations russophones des républiques de l'ex-URSS et a massé jusqu'à 40.000 soldats russes aux frontières de l'Ukraine, faisant redouter une invasion.

Le président ukrainien par intérim Olexandre Tourtchinov a reporté en raison de la situation une visite en Lituanie, convoquant d'urgence un conseil de sécurité, a indiqué la présidence.

Le ministre de l'Intérieur Arsen Avakov a lui accusé, sur sa page Facebook, "Poutine et (le président ukrainien déchu Viktor) Ianoukovitch d'avoir commandité et payé ces désordres séparatistes".

Il a affirmé qu'une "réponse ferme" serait donnée aux menées séparatistes mais "sans effusion de sang".

Le favori des sondages pour l'élection présidentielle anticipée qui doit se tenir le 25 mai en Ukraine, Petro Porochenko, a estimé que les événements de dimanche visaient à faire "annuler ou reporter" cette élection. "Un tel scénario ne se produira pas," a affirmé M. Porochenko, cité par l'agence de presse Interfax-Ukraine.

A Prague, le président tchèque Milos Zeman a estimé que si des troupes russes entraient dans l'est de l'Ukraine, l'Otan devrait intervenir.

"Dans ce cas, je ne serais pas seulement partisan que l'Union européenne adopte les sanctions les plus dures possibles mais aussi, disons, que l'Otan soit militairement prête, par exemple en faisant pénétrer ses troupes sur le territoire ukrainien", a déclaré dimanche M. Zeman à la radio publique tchèque. La République tchèque est membre de l'Otan depuis 1999.

A Donetsk, les manifestants brandissaient des banderoles "Donnez-nous un référendum" ou "Otan dehors".

Une fois pris le bâtiment de l'administration, ils ont entrepris de barricader les lieux, notamment avec des pneus, exigeant que les élus locaux tiennent une session extraordinaire sur l'organisation d'un référendum, faute de quoi ils menacent de désigner leur propre "conseil du peuple" pour le faire.

Le parquet de Donetsk a indiqué à l'AFP avoir ouvert une enquête sur la prise du bâtiment.

A Lougansk, autre grande ville de l'est du pays, des manifestants s'en sont pris au bâtiment des services de sécurité ukrainiens (SBU), également à l'issue d'un rassemblement pro-russe, a constaté un photographe de l'AFP. Ils ont jeté des oeufs puis des pierres, brisant des vitres.

Des manifestants, certains cagoulés, réclamaient la libération d'activistes pro-russes interpellés plus tôt cette semaine par le SBU et accusés d'avoir préparé une attaque armée du bâtiment de l'administration locale.

La police a tenté sans succès de les repousser avec des gaz lacrymogènes. Les manifestants ont réussi à casser la porte d'entrée, et certains ont pénétré dans les locaux, au moins un temps, mais la situation restait incertaine dans la soirée.

Depuis le renversement du pouvoir ukrainien pro-russe par des manifestants pro-européens à l'issue de violences sanglantes dans la capitale Kiev, les tensions sont vives dans l'est, où plusieurs personnes ont été tuées lors de manifestations, et le sud russophones de l'Ukraine.

La crise entre Moscou et Kiev a débouché sur le rattachement en mars de la péninsule ukrainienne de Crimée à la Russie, après un référendum non reconnu par l'Ukraine et les Occidentaux, qui parlent d'une "annexion".

Les activistes pro-russes dans plusieurs régions exigent maintenant que des référendums similaires se tiennent en même temps que la présidentielle anticipée du 25 mai.

L'Ukraine, déjà au bord de l'asphyxie économique, est en outre menacée par une augmentation-sanction de 80% du prix des livraisons de gaz russe, avec la menace d'une "guerre du gaz" qui pourrait mettre à mal les livraisons de toute l'Europe.

Plus tôt dimanche, c'est le parti nationaliste ukrainien Svoboda (Liberté) qui avait annoncé qu'un de ses militants, par ailleurs journaliste, avait été retrouvé mort, portant des traces de tortures, après avoir été enlevé dans le centre du pays. Selon le parti, le meurtre pourrait être en relation avec ses articles sur un influent homme d'affaires local.

str-gk-os/so/plh

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.