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L'outsider centriste Solis élu président du Costa Rica avec 78% des voix

L'outsider centriste Solis élu président du Costa Rica avec 78% des voix

Avec l'espoir d'en finir avec le modèle néolibéral actuel, les Costariciens ont élu président dimanche l'outsider centriste Luis Guillermo Solis qui a remporté 77,87% des voix au second tour d'une élection présidentielle insolite où son adversaire s'était retiré de la course.

Selon un premier décompte portant sur 91,7% des suffrages, M. Solis a remporté 77,87 des voix.

"Aujourd'hui le peuple a parlé, et il a déjà choisi son président", a annoncé le président du Tribunal suprême électoral (TSE) Luis Antonio Sobrado, précisant que M. Solis a reçu le nombre historique de 1.029.000 voix dans ce petit pays d'Amérique centrale qui compte 3,1 millions d'inscrits.

"Nous avons le million et plus! Merci beaucoup Costa Rica pour la tendresse et le soutien! MERCI BEAUCOUP!" a réagi sur Twitter M. Solis, qui s'était fixé pour but d'obtenir ce nombre de voix pour légitimer son gouvernement.

M. Solis est ainsi devenu le premier président à n'être pas issu des rangs des deux partis de droite (PLN et Parti Unité sociale-chrétienne, PUSC) qui se partagent le pouvoir depuis les années 60.

Des milliers de partisans ont laissé éclater leur joie dans les rues à l'annonce des premiers résultats, des drapeaux rouge et jaune du parti de M. Solis recouvrant les artères principales où résonnaient les klaxons des voitures.

Les bureaux de vote, ouverts depuis 06H00 (12H00 GMT), ont fermé leurs portes à 18H00 (00H00 GMT) après une journée électorale sans incident, qui n'a suscité qu'un enthousiasme modéré, étant donné l'absence de compétition.

Selon le TSE, l'abstention a d'ailleurs atteint le niveau, lui aussi historique, de 43,2%.

M. Solis avait déjoué tous les pronostics en remportant par surprise le premier tour le 2 février, avec 30,8% des suffrages, devant Johnny Araya (29,6%), du Parti libération nationale (PLN, droite) de la présidente sortante Laura Chinchilla, et José Maria Villalta, le candidat de gauche, éliminé, avec 17%.

Nouveau coup de théâtre début mars avec l'annonce par M. Araya, ancien maire de San José, qu'il se retirait de la compétition, ébranlé par des sondages lui prédisant une défaite aux proportions historiques (jusqu'à 45 points de retard).

Bien qu'il n'ait pas fait campagne pour ce deuxième tour, la Constitution ne lui permettait pas d'annuler sa candidature et son nom figurait donc sur les bulletins de vote.

"Nous recevons humblement cette volonté claire et tranchée du peuple du Costa Rica", a déclaré M. Araya dimanche soir, reconnaissant la victoire de M. Solis.

Incarnant les espoirs de changements, Luis Guillermo Solis, historien et universitaire de 55 ans membre du Parti action citoyenne (PAC), a promis de lutter contre la corruption, de favoriser une meilleure répartition des richesses face à des inégalités sociales croissantes et de relancer l'économie.

Il avait regretté samedi le retrait de son concurrent, qui a créé une situation "étrange" où il se retrouve "sans adversaire physique".

"Il est légitime de dire qu'un gouvernement issu d'une élection étriquée, avec une forte abstention, aura un mandat beaucoup plus limité qu'un gouvernement désigné après une élection solide, massive", avait insisté le candidat à un mandat de quatre ans, alors que la participation au premier tour avait été historiquement faible (31% d'abstention).

M. Solis a effectué dimanche la tournée des bureaux de votes, accompagné de partisans qui chantaient en choeur "Ça s'entend, ça se sent, Solis président!".

"Nous devons parvenir au terme du processus (électoral) avec les urnes remplies de votes, d'espoir", a déclaré M. Solis alors qu'il votait dans une école de l'est de San José.

La campagne électorale a été marquée par une atonie peu commune dans un pays parmi les plus stables d'Amérique latine, habitué à célébrer "la fête civique" que constituent les scrutins électoraux.

Pourtant, l'aspiration au changement transparaît, notamment dans le débats sur les réseaux sociaux, après le bilan économique calamiteux de l'équipe sortante.

"L'heure du changement est venue pour le Costa Rica", clamait le candidat, lui-même ancien membre du PLN, qu'il a quitté en 2005, considérant que le parti, d'origine sociale-démocrate, avait trahi ses idéaux et adopté un modèle néolibéral sapant les piliers sociaux du pays que sont l'éducation et la santé, orgueil des 4,3 millions de Costariciens.

Symbolisant la continuité néolibérale, M. Araya a fait les frais du bilan de deux gouvernements consécutifs issus du PLN, marqués par des scandales de corruption et une mauvaise gestion économique, avec un déficit fiscal de presque 6% et une dette publique de 70% du Produit intérieur brut.

Mais M. Solis devra manoeuvrer avec un Congrès où le PLN dispose toujours de la majorité, avec 18 sièges sur 57, le PAC de 13, le Frente Amplio (gauche) de 9 et le PUSC de 8, les 9 restant se répartissant entre différentes formations conservatrices.

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