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Législatives au Québec: une victoire libérale se dessine

Législatives au Québec: une victoire libérale se dessine

Le scénario d'une victoire de l'opposition libérale aux élections législatives de lundi au Québec, très improbable il y a encore un mois, semble pourtant se dessiner, ce qui marquerait l'échec du gouvernement indépendantiste au pouvoir.

A peine un an et demi après son arrivée au pouvoir, la Première ministre sortante Pauline Marois a appelé à une élection anticipée pour obtenir une majorité absolue et engager des réformes clés sur la laïcité ou la souveraineté de la province francophone.

Mais si les sondages étaient au départ largement favorables aux indépendantistes du parti québécois (PQ), la tendance s'est largement inversée. Ainsi, emmené par Philippe Couillard, le Parti libéral du Québec (PLQ) est aujourd'hui crédité de 37% à 40% des intentions de vote, contre 28% à 33% pour le PQ de Mme Marois.

Les deux autres formations, la Coalition Avenir Québec (CAQ) de François Legault, et Québec Solidaire (gauche souverainiste) de Françoise David, se posent en arbitres.

Avec un système de scrutin uninominal à un tour, le PLQ peut espérer la majorité des 125 sièges à l'Assemblée nationale de Québec.

Les libéraux avaient été chassés du pouvoir en 2012, "usés par neuf années de gouvernement et quelques scandales de financement", au terme d'un long conflit étudiant, rappelle Claire Durant, sociologue à l'Université de Montréal, spécialisée dans les sondages.

Le PQ avait alors arraché la victoire avec 54 sièges, contre 50 pour les libéraux, mais avec seulement 32.000 voix de majorité. La CAQ avait décroché 19 sièges (27%) et Québec Solidaire seulement 2 (6%).

Une défaite constituerait un coup très dur pour Pauline Marois, la première femme à gouverner le Québec, qui avait déclenché les élections le 5 mars en étant virtuellement assurée d'obtenir une majorité, grâce à un soutien conséquent dans l'électorat francophone (80% de la population).

C'était surtout le fait de la popularité de son projet de charte sur la laïcité, dont la proposition la plus controversée visant à interdire le port de signes religieux ostentatoires à tout le personnel des fonctions publique et para-publiques, divise ses adversaires.

Toutefois, dès les premiers jours de la campagne, cet espoir a été ébranlé par le poing levé de Pierre Karl Péladeau, magnat de la presse et milliardaire. Rallié de la dernière heure, "PKP" clamait sa flamme indépendantiste en voulant "faire du Québec un pays".

Aussitôt, les libéraux, dont la plateforme électorale n'était guère solide sur l'économie -- généralement leur thème de prédilection -- ont déclenché "une campagne de peur", selon Antonia Maioni, professeur à l'Université McGill.

"Le retour au pouvoir du Parti québécois, c'est l'assurance d'un référendum sur la séparation du Québec", a ainsi prévenu M. Couillard fort d'un sondage ou plus de deux Québécois sur trois pensent que l'indépendance n'est pas la priorité.

Pierre Martin, politologue à l'Université de Montréal, souligne également que plusieurs nationalistes sentent que "l'appui n'est pas là en ce moment", après les échecs des indépendantistes aux référendums de 1980 et 1995. Sans parler des anglophones et des immigrants (20% de la population), très largement hostiles à la perspective d'une séparation du Québec avec la Canada.

Au cours de la campagne, les thèmes de la vie quotidienne des Québécois, comme la santé, l'éducation ou l'emploi ont le plus souvent été occultés par des attaques personnelles entres les candidats sur fond d'affaires de financement des partis.

Plus d'un million d'électeurs ont déjà voté par anticipation et lundi, ce sont cinq autres millions qui décideront qui, des libéraux ou des indépendantistes, dirigeront la Belle province. Depuis 40 ans, les électeurs ont toujours accordé un second mandat au gouvernement sortant.

"Cette élection est un peu celle de la dernière chance" pour le PQ, prédit Claire Durant. En cas de défaite des indépendantistes, c'est à terme "une reconfiguration" du paysage politique sur un axe plus classique "gauche-droite" qui s'annoncerait.

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