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Les prisons tunisiennes sont surpeuplées et insalubres (ONU)

Les prisons tunisiennes sont surpeuplées et insalubres (ONU)

Les prisons tunisiennes sont surpeuplées et leurs infrastructures en mauvais état, rendant les conditions de vie des détenus extrêmement pénibles, selon un rapport de l'ONU publié jeudi à Tunis.

Les établissements pénitentiaires tunisiens sont en moyenne pleins à 150%, et certaines prisons accueillent jusqu'à "16 fois" leur capacité, a affirmé Mazen Shaqoura, du bureau de Tunis du Haut-Commissariat des Nations Unies aux Droits de l'Homme, lors de la présentation du rapport.

Le texte a été élaboré après plusieurs visites dans des prisons tunisiennes au cours des deux dernières années.

Le surpeuplement des prisons et leurs infrastructures "délabrées" sont la cause de "la détérioration de l'état de santé des prisonniers", a dit M. Shaqoura.

"Le surpeuplement affecte l'hygiène personnelle des prisonniers. Le temps alloué à la douche n'est pas suffisant (...) et c'est pourquoi des maladies comme la gale se propagent, surtout l'été", a-t-il expliqué.

De nombreux prisonniers sont en outre atteints de faiblesse musculaire car ils passent 23 heures par jour dans leur cellule, tandis que nombreux sont ceux à être obligés de dormir à deux dans le même lit en raison du manque de place, selon lui.

Les 27 prisons tunisiennes accueillent environ 24.000 prisonniers, dont près de 13.000 sont en détention provisoire, a affirmé à l'AFP Hichem Rhimi, un responsable de l'administration pénitentiaire. Près de 70% d'entre eux ont entre 18 et 49 ans et 60% sont des récidivistes, selon M. Shaqoura.

Le responsable onusien a déploré que le surpeuplement carcéral ait pour conséquence que des détenus ayant commis des délits mineurs partagent leur cellule avec des meurtriers.

"Des étudiants arrêtés le week-end à cause d'un joint se retrouvent dans le même endroit que des tueurs et de dangereux criminels", a-t-il affirmé.

"Plus de 53% des prisonniers s'y retrouvent en raison de la consommation de stupéfiants", en général du cannabis, a-t-il précisé.

Un responsable du ministère de la Justice, Kamaleddine Ben Hassan, a indiqué à l'AFP que le cannabis était la drogue la plus consommée en Tunisie, précisant que les drogues dites dures comme la cocaïne ou l'héroïne étaient "rares".

Un collectif a récemment lancé une campagne pour réformer la loi sur la consommation de cannabis, estimant qu'elle était d'une "rigidité injustifiable" et qu'elle avait "détruit la vie" de nombreux jeunes passés par la case prison.

Selon la loi et la jurisprudence en vigueur, un consommateur de cette drogue est systématiquement condamné à un an de prison ferme au minimum.

Pour résoudre le problème du surpeuplement, M. Shaqoura a estimé que les autorités tunisiennes devraient appliquer des peines alternatives à la prison, comme les travaux d'intérêt général.

Le rapport onusien recommande également d'améliorer les infrastructures carcérales, de fournir aux prisonniers les services sanitaires nécessaires et d'oeuvrer à leur réintégration sociale.

ms/iba/alf/vl

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