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Ukraine: l'Otan doute du retrait des troupes russes

Ukraine: l'Otan doute du retrait des troupes russes

Annoncé par le Kremlin, le retrait partiel de troupes russes à la frontière ukrainienne n'a pas été confirmé mardi par l'Otan, qui a réaffirmé son soutien à Kiev, soumis à de nouvelles pressions économiques de Moscou.

"Malheureusement, je ne peux pas confirmer le fait que la Russie retire des troupes. Ce n'est pas ce que nous constatons", a déclaré le secrétaire général de l'Otan, Anders Fogh Rasmussen.

Les Etats-Unis avaient déjà accueilli lundi avec prudence les affirmations du ministère russe de la Défense sur le retrait d'un bataillon de la zone frontalière avec l'Ukraine.

La chancelière allemande, Angela Merkel, a pour sa part affirmé mardi ne pas avoir "de raison de douter" des assurances sur le début d'un retrait que lui avaient données la veille le président russe Vladimir Poutine. "Ce n'est certainement pas le dernier pas nécessaire, car la concentration de troupes à la frontière ukrainienne est très élevée", a-t-elle ajouté.

L'annonce d'un retrait partiel a été considéré par les Occidentaux comme un premier signe de "désescalade", après des semaines de tensions ayant culminé avec le rattachement de la Crimée à la Russie.

Cette "agression" a "fondamentalement transformé la situation sécuritaire de l'Europe", a réaffirmé M. Rasmussen avant une réunion des ministres des Affaires étrangères des 28 pays de l'Otan à Bruxelles.

Réunis autour de l'Américain John Kerry, les chefs de la diplomatie cherchaient tout à la fois à rassurer les pays alliés voisins de la Russie, à renforcer la coopération avec l'Ukraine et à sanctionner Moscou, sans pour autant "mettre de l'huile sur le feu".

"Il ne faut pas donner de prétexte à la Russie pour relancer l'escalade", a résumé un diplomate.

"Nous n'avons pas besoin de troupes de l'Otan aux frontières avec la Russie", a renchéri le chef de la diplomatie des Pays-Bas, Frank Timmermans.

Certains pays de l'Est membres de l'Otan, Pologne en tête, souhaiteraient une plus grande présence de l'Alliance, sous la forme d'éventuelles bases permanentes.

Mais les grands pays d'Europe de l'ouest préfèrent s'en tenir pour l'instant aux mesures prises début mars, à savoir le déploiement temporaire d'avions-radars Awacs de l'Otan et d'appareils F-15 et F-16 des Etats-Unis en Lituanie et en Pologne.

Parallèlement, le Parlement ukrainien a approuvé mardi la tenue cette année de manoeuvres conjointes avec l'Otan en territoire ukrainien et en mer Noire, qui devraient susciter de vives réactions à Moscou.

La Russie continue par ailleurs à utiliser l'arme économique pour faire plier l'Ukraine.

Le patron du géant russe Gazprom, Alexeï Miller, a annoncé mardi mettre fin au rabais accordé en décembre à Kiev en échange de son renoncement à un accord avec l'Union européenne, ce qui augmente le prix de plus d'un tiers, à 385,5 dollars les 1.000 mètres cubes.

Après la chute fin février du président Viktor Ianoukovitch et la mise en place d'un pouvoir pro-européen, Gazprom avait averti qu'il reviendrait dès le deuxième trimestre sur cette réduction et ferait payer l'Ukraine au prix fort.

La réduction avait été accordée dans le cadre d'un vaste plan d'aide financière de 15 milliards de dollars, qui est désormais caduque.

Kiev est toutefois sous la menace d'une hausse encore plus forte: les autorités russes ont fait savoir qu'elles pourraient mettre fin à une autre ristourne de 100 dollars, accordée en avril 2010 dans le cadre d'un accord sur la prolongation du bail de la Flotte de la mer Noire dans sa base historique de Sébastopol, en Crimée.

Cela ferait passer le gaz russe à environ 480 dollars les 1.000 mètres cubes, l'un des tarifs les plus élevés appliqués aux pays européens, alors que l'Ukraine est en grande difficulté économique.

L'accord sur la Flotte de la mer Noire est actuellement en cours de dénonciation, Moscou arguant qu'il n'a plus lieu d'être, la Crimée ayant été rattachée à la Russie.

A Kiev, le Parlement a ordonné le désarmement des groupes paramilitaires qui ont participé à la contestation pro-européenne et contrôlent toujours le centre de Kiev, au lendemain d'une fusillade provoquée par un membre du mouvement nationaliste Pravy Sektor.

Le Congrès américain devait de son côté valider un plan d'aide à l'Ukraine doublé d'une série de sanctions contre la Russie. Le plan prévoit la garantie de prêts à hauteur d'un milliard de dollars, mais aussi 50 millions pour l'aide à la démocratie, et 100 millions sur trois ans pour la coopération en matière de sécurité.

Il comporte également de nouvelles sanctions contre des ressortissants russes et ukrainiens responsables de violations des droits de l'Homme ou de corruption en Ukraine.

bur-jri/jlb/ml

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