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L'UE lance enfin son opération militaire en Centrafrique

L'UE lance enfin son opération militaire en Centrafrique

L'Union européenne a enfin lancé mardi son opération militaire en Centrafrique après avoir mis des mois à rassembler les troupes nécessaires, alors que le pays connaît un regain de violence.

Le Conseil européen "a lancé ce jour une opération militaire en République centrafricaine afin de contribuer à la création d'un environnement sécurisé dans ce pays" plongé dans les tueries interreligieuses, selon un communiqué.

"La force comprendra jusqu'à 1.000 soldats, dirigés par le général de division (français) Philippe Pontiès", a précisé le Conseil, qui représente les Etats membres.

Ce contingent européen était réclamé avec insistance par la France, qui a envoyé depuis le 5 décembre quelque 2.000 hommes en Centrafrique, en renfort de la force africaine Misca présente de longue date (environ 6.000 hommes).

Mais le déploiement complet de la mission Eufor-RCA, destinée à sécuriser l'aéroport et certains quartiers de Bangui, va prendre plusieurs semaines, a indiqué une source diplomatique.

L'annonce intervient à la veille d'un mini-sommet sur la Centrafrique, en ouverture mercredi à Bruxelles du 4e sommet UE-Afrique.

"Le lancement de cette opération démontre la volonté de l'UE de participer pleinement aux efforts internationaux pour rétablir la stabilité et la sécurité" en Centrafrique, a souligné la représentante de la diplomatie de l'UE, Catherine Ashton.

Elle a jugé "essentiel que l'ordre public soit rétabli le plus rapidement possible, afin que le processus de transition politique puisse reprendre".

Le lancement de cette mission décidée en décembre était initialement prévu pour mars. Mais il a été retardé en raison du peu d'empressement des Etats membres de l'UE à mobiliser les effectifs et les moyens logistiques nécessaires, pourtant relativement modestes.

Le feu vert a été rendu possible grâce aux contributions de dernière minute de l'Italie, qui a offert des véhicules et une quarantaine d'hommes, et de l'Allemagne et du Royaume-Uni, qui ont mis à disposition des avions de transport de troupes, selon une source européenne.

L'Espagne, avec 90 hommes, et la Suède avec également des transporteurs, ont aussi renforcé les sept pays de départ (France, Estonie, Lettonie, Espagne, Pologne, Portugal et Géorgie).

Parallèlement, la présidente centrafricaine de transition, Catherine Samba Panza, de passage à Paris avant le sommet de Bruxelles, a annoncé l'ouverture d'enquêtes après la mort d'au moins 24 personnes, tuées samedi à Bangui par des soldats tchadiens dans des circonstances peu claires.

Cet incident est le plus grave impliquant des troupes étrangères en Centrafrique depuis la chute du président François Bozizé, renversé en mars 2013 par la rébellion Séléka à dominante musulmane.

Le président français François Hollande, après un entretien avec Mme Samba Panza, a jugé que la situation sécuritaire en Centrafrique s'était "dégradée" et que les musulmans y étaient "directement visés".

Lors d'une conférence de presse à Bruxelles après une rencontre avec le président du Conseil européen Herman Van Rompuy, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, s'est également dit "profondément préoccupé par la grave situation dans ce pays, et des répercussions des combats et atrocités commises sur les civils".

Depuis un an, l'ancienne colonie française, pays parmi les plus pauvres de la planète, habitué aux coups d'Etat à répétition et aux rébellions, traverse une crise sans précédent qui a fait des milliers de morts et des centaines de milliers de déplacés.

Formées en réaction aux exactions contre la population perpétrées pendant des mois par les combattants Séléka, les milices anti-balaka, groupes formés à l'origine de paysans chrétiens de l'ouest de la Centrafrique, s'en prennent désormais à la minorité musulmane.

Le regain de violences a poussé quelque 16.000 personnes à fuir leurs foyers à Bangui depuis le début de la semaine dernière, selon le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR), qui se dit prêt à aider à évacuer quelque 19.000 musulmans traqués par les milices chrétiennes.

Quant aux tirs de samedi, leurs circonstances exactes restent confuses. Selon la force africaine Misca, les soldats tchadiens, qui entraient dans Bangui avec pour mission d'escorter un convoi de civils musulmans voulant quitter la ville, ont riposté après avoir été attaqués à la grenade.

Cette version a été démentie par des représentants des milices anti-balaka.

La polémique a rebondi au niveau international avec de nouvelles déclarations mardi du Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme et de la diplomatie française.

"Il semble que les soldats tchadiens aient tiré sans discrimination dans la foule", a accusé à Genève une porte-parole du Haut-Commissariat, Cécile Pouilly.

Pour Paris au contraire, la responsabilité incombe "pour une large part aux anti-balaka", selon le porte-parole du Quai d'Orsay, Romain Nadal, qui a demandé "que toute la lumière soit faite sur ces violences".

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