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Japon: la "TVA japonaise" passe à 8% pour sauver la protection sociale

Japon: la "TVA japonaise" passe à 8% pour sauver la protection sociale

Tous les prix ont soudainement augmenté mardi au Japon du fait de la hausse d'une taxe sur la consommation destinée à pérenniser le système de protection sociale menacé de faillite.

La hausse de trois points (à 8%) de cet équivalent de la TVA française s'applique à l'ensemble des produits et services, et correspond à une augmentation effective de 2,86% de tous les tarifs.

L'impopularité connue de cette taxe avait conduit près d'une dizaine de Premiers ministres successifs à ne pas oser y toucher depuis 1997, jusqu'à ce qu'un nouveau report apparaisse quasi impossible compte tenu de l'état désastreux des finances publiques.

Le gouvernement de centre gauche précédent, dirigé par Yoshihiko Noda, avait décidé mi-2012 du principe de cette augmentation que son successeur conservateur Shinzo Abe a confirmé en octobre dernier.

Le Japon est endetté à hauteur de plus de deux fois son produit intérieur brut (PIB) et les dépenses sociales ne cessent de s'élever à mesure que la population vieillit.

"La population active tend à diminuer quand celle des personnes âgées retraitées augmente: si pour combler les manques de ressources étatiques on augmentait les impôts sur les revenus des salariés et entreprises, la charge pèserait intégralement sur les actifs. La taxe sur la consommation, elle, est la mieux répartie", argue le ministère des Finances.

"De plus si les recettes tirées des impôts sur les revenus fluctuent en fonction de la conjoncture, celles issues de la taxe sur la consommation sont stables", ajoute-t-il.

L'augmentation de 3 points de cette taxe devrait rapporter en année pleine à l'Etat 8.000 milliards de yens (57 milliards d'euros) supplémentaires.

Le gouvernement de droite de M. Abe a cependant pris soin d'assortir sa décision d'une enveloppe budgétaire spéciale de 5.500 milliards de yens (40 milliards d'euros) pour amortir le choc redouté d'une baisse des achats dans les semaines et mois à venir.

"Nous allons réduire autant que faire se peut l'impact sur l'économie", a souligné le porte-parole du gouvernement, Yoshihide Suga.

Les patrons, de leur côté, semblent sereins.

"Pour limiter le contre-coup, il faut que nous suscitions de nouveau l'intérêt et l'envie des consommateurs avec des produits dotés de fonctionnalités exceptionnelles", prévenait récemment le patron de Sharp, Kozo Takahashi.

En attendant, les clients font un peu la moue devant les nouveaux tarifs, d'autant que certains marchands en ont profité pour saler encore plus l'addition.

Le service de livraison d'eau purifiée à domicile Curi-Cura a ainsi appliqué une hausse de 8%, de même que les coiffeurs rapides QB House ou les services de location de DVD Tsutaya.

Des malins vont même plus loin, comme les gérants de distributeurs de boissons dont les monnayeurs ne sont pas conçus pour encaisser des pièces de moins de 10 yens. Résultat, un café qui valait 120 yens avant coûte désormais 130 yens au lieu de 123,43 yens si l'augmentation réelle avait été respectée.

D'autres rusent en respectant certes l'augmentation exacte, mais en affichant désormais les prix hors taxes, ce qui revient à présenter des tarifs moins chers que ceux TTC qui étaient inscrits auparavant.

"Dans un premier temps, pour ne pas avoir à tout changer, nous avons choisi de laisser les prix TTC à 5% et calculons la différence en caisse", explique pour sa part un vendeur de la grande surface d'électronique Bic Camera.

En prévision de ces tours de passe-passe commerciaux, certains consommateurs sont allés jusqu'à faire des stocks monumentaux de produits du quotidien, comme du papier-toilette, pour une économie qui ne va pas chercher bien loin mais leur donne au moins bonne conscience.

kap/pn/fw

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