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Inde: une bataille de célibataires pour le poste de Premier ministre

Inde: une bataille de célibataires pour le poste de Premier ministre

Dans une Inde où le mariage tourne à l'obsession et où tout jeune couple est censé donner rapidement naissance à une descendance, deux célibataires s'affrontent pour le poste de Premier ministre.

Donné favori par les sondeurs des législatives qui débutent le 7 avril, le nationaliste hindou controversé Narendra Modi, 63 ans, apprécie d'être présenté comme un "moine en mission" des temps modernes, selon son biographe Nilanjan Mukhopadhyay.

Face à lui, l'héritier de la dynastie Gandhi-Nehru, Rahul Gandhi, 43 ans, est souvent cité parmi les célibataires les plus convoités du pays et est connu comme le "prince réticent" pour son manque d'entrain à assurer l'héritage politique de sa famille à la direction du parti du Congrès, au pouvoir depuis 10 ans.

Modi, partisan d'une ligne dure au sein du Bharatiya Janata Party (BJP), n'a jamais accepté, selon la presse, le mariage arrangé organisé par sa famille lorsqu'il était enfant.

Il ne s'est jamais exprimé à ce sujet mais la femme qu'il est censé avoir épousé, une enseignante retraitée de 62 ans, a récemment déclaré qu'elle ne se "sentait pas mal" de ne jamais avoir été reconnue.

"Je sais qu'il se comporte ainsi en raison de son destin", a-t-elle dit au quotidien Indian Express en février.

Selon la presse ce mariage n'a jamais été consommé et Modi a ensuite grimpé les échelons de l'organisation hindoue Swayamsewak Sangh (RSS) qui désapprouve le mariage de ses cadres dirigeants.

Modi, qui vante sa probité, affirme "apprécier son célibat", estimant qu'il l'aidera à éliminer la corruption du pays.

"Je n'ai pas d'attaches familiales. Qui serai-je tenté de faire profiter de la corruption?", déclarait le chef du BJP lors d'un récent meeting.

Il ne serait pas le premier célibataire à accéder au poste de Premier ministre en Inde.

Atal Behari Vajpayee, dirigeant du BJP devenu Premier ministre de 1998 à 2004, déclarait ne jamais s'être marié car il n'en a "pas eu le temps".

Tant Modi que Gandhi gardent le secret sur leur vie privée, ce qui suscite une grande curiosité des internautes sur Google en Inde.

De son côté, Gandhi a déclaré l'an dernier ne pas vouloir se marier pour éviter de "devenir un adepte du statu quo et vouloir que mes enfants me succèdent".

Mais il a aussi relancé les spéculations le mois dernier en déclarant qu'il convolerait en justes noces "une fois trouvée la bonne personne". Plusieurs relations avec des jeunes femmes étrangères lui ont été attribuées dans le passé.

Le célibat n'est pas forcément un désavantage pour les politiques indiens, selon Subhash Agrawal qui dirige le think tank India Focus.

"Dans la tradition hindoue, l'ascétisme et la renonciation ont toujours été respectés" dit Agarwal à l'AFP.

Du point de vue des électeurs, qu'un politique n'ait pas de famille "signifie qu'il y a plus de chance qu'il soit honnête, n'ayant pas de famille à enrichir".

Tant Modi que Gandhi ont dit soutenir les droits des femmes mais le leader du BJP a plusieurs fois été attaqué par le passé pour ses déclarations sur les femmes.

En 2012, il a qualifié la femme d'un député connu du parti du Congrès, femme d'affaires renommée, de "petite amie à 500 millions de roupies".

Il a récemment cherché à s'assurer l'électorat féminin en soulignant qu'il ne pouvait y avoir "d'attitude de compromis" sur les questions de discrimination et que les femmes devaient être libres de choisir "leur carrière et leur mariage".

Depuis le viol en réunion en décembre 2012 d'une étudiante à New Delhi qui a choqué l'Inde, un mouvement en faveur du respect des droits des femmes s'est esquissé dans le pays.

Cependant, "le BJP n'a jamais été particulièrement reconnu pour ses attitudes progressistes envers les femmes et il n'y a pas de raison de croire qu'un gouvernement Modi sera une bonne nouvelle pour les femmes", estime l'éditrice et militante féministe Urvashi Butalia auprès de l'AFP.

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