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France: à peine installé, le nouveau Premier ministre Valls face à la fronde des écologistes

France: à peine installé, le nouveau Premier ministre Valls face à la fronde des écologistes

Le nouveau Premier ministre français Manuel Valls, apôtre du social-libéralisme nommé dans l'urgence après la débâcle des élections municipales, doit fait face dès sa prise de fonction mardi à une fronde des écologistes, qui refusent de participer à son gouvernement.

Manuel Valls, dont l'équipe gouvernementale sera annoncée mercredi, a pris ses fonctions mardi, succédant à Jean-Marc Ayrault, socialiste comme lui, avec la mission fixée par le président François Hollande de concilier réduction des déficits et diminution des impôts, sous l'oeil de Bruxelles.

"Le président de la République a tracé une feuille de route pour aller encore plus loin, plus vite" dans la voie du redressement, a déclaré M. Valls dans la cour de l'Hôtel Matignon au côté de M. Ayrault, lors d'une brève cérémonie de passation de pouvoir. Il s'est engagé à "prolonger et amplifier l'énorme travail déjà accompli", tout en répondant à la "demande de justice sociale" qui s'est exprimée lors des élections municipales.

Mais l'arrivée de l'ancien ministre socialiste de l'Intérieur, connu pour sa fermeté et son franc-parler, menace de faire voler en éclat la majorité présidentielle.

Les écologistes, qui goûtent peu le profil de "socialiste de droite" de M. Valls, ont en effet décidé mardi de ne pas participer au gouvernement, tout en affirmant rester dans la majorité.

"Malgré les propositions faites par Manuel Valls, les conditions en l'état ne sont pas réunies pour qu'Europe Ecologie-Les Verts participe au gouvernement", a déclaré Emmanuelle Cosse, secrétaire nationale d'EELV, dans un communiqué cosigné avec le bureau exécutif.

"Les écologistes soutiendront sans faille le gouvernement à chaque fois qu'il s'engagera sur le chemin du progrès et de l'écologie, mais s'opposeront aux renoncements et quand l'écologie ne sera pas au rendez-vous", a-t-elle mis en garde.

Dans l'entourage de Manuel Valls, on assure que le Premier ministre "continuera à travailler" avec les écologistes, "force politique" de la majorité.

L'absence de ministres écologistes fragilise la majorité de gauche née en 2012 après la défaite présidentielle de Nicolas Sarkozy, et ouvrirait un nouveau foyer de contestation pour le chef de l'Etat.

La gauche du Parti socialiste a également exprimé ses réserves devant une nomination synonyme selon le député Henri Emmanuelli d'un "coup de barre à droite".

Manuel Valls, 51 ans, a été nommé lundi par le chef de l'Etat pour diriger un "gouvernement de combat" chargé de mettre en oeuvre le "pacte de responsabilité", pierre angulaire de sa politique économique qui prévoit une baisse des charges des entreprises pour relancer l'emploi.

M. Hollande a souligné que le nouveau Premier ministre aurait la difficile mission de "convaincre" la Commission européenne d'être patiente et souple sur la maîtrise des déficits, alors que la politique de rigueur mise en place par les socialistes contribue largement à leur impopularité.

La feuille de route du nouveau gouvernement a tout de la quadrature du cercle puisqu'il s'agira de concilier réduction du déficit public et diminution des impôts. L'exécutif prévoit en effet une baisse de 30 milliards d'euros des charges pour les entreprises dans le cadre du "pacte de responsabilité" et une baisse des cotisations salariales dans le cadre d'un "pacte de solidarité". Il a également évoqué une diminution des impôts pour les Français d'ici 2017.

Le président avait annoncé en janvier 50 milliards d'euros d'économies d'ici à 2017, qui doivent être détaillées en avril, Paris devant transmettre à la fin du mois à la Commission européenne son programme de stabilité actualisé.

Mardi, le président de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, a prévenu le nouveau Premier ministre qu'il devait continuer les réformes pour réduire le déficit budgétaire et renforcer la compétitivité du pays. Il faut "s'en tenir aux objectifs budgétaires et travailler à des réformes", a-t-il indiqué.

L'arrivée de M. Valls devrait rassurer les marchés qui, selon des analystes de Société Générale CIB, anticipent une politique social-démocrate bénéfique pour la dette française.

Les spéculations allaient bon train mardi sur les personnalités en vue pour les postes-clés du nouveau gouvernement, qui sera annoncé mercredi, avec un premier Conseil des ministres vendredi.

Parmi les entrants, est cité le nom de Ségolène Royal, candidate à la présidentielle de 2007 et ex-compagne du président, peut-être pour prendre un ministère élargi de l'Éducation.

Laurent Fabius et Jean-Yves Le Drian étaient donnés comme reconduit aux Affaires étrangères et à la Défense.

bur-kat-thm/bir

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