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Turquie : Erdogan gagne les municipales et menace ses adversaires

Turquie : Erdogan gagne les municipales et menace ses adversaires

Le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan s'est déclaré vainqueur des élections municipales organisées dimanche en Turquie, avant de lancer des menaces contre ceux qu'il présente comme ses ennemis, laissant ainsi entrevoir un nouveau durcissement de sa politique.

Après dépouillement d'environ les deux tiers des bulletins de vote, le Parti de la justice et du développement (AKP) était crédité de 43 % à 47 % des suffrages. Le principal parti d'opposition, le Parti républicain du peuple (CHP, kémaliste), obtiendrait de 26 % à 28 % des suffrages.

Ces élections municipales avaient valeur de test national pour le gouvernement de Recep Tayyip Erdogan, confronté depuis décembre à des accusations de corruption.

Recep Tayyip Erdogan a prévenu qu'il poursuivrait « jusque dans leur tanière », ceux qui l'ont accusé de corruption et qui ont dévoilé des secrets d'État, « ils payeront pour cela », a-t-il dit.

L'opposition pourrait s'emparer d'Ankara

Si l'AKP d'Erdogan dispose d'une avance considérable dans l'ensemble du pays, des résultats partiels semblent indiquer que le CHP est en mesure de s'emparer d'Ankara, la capitale du pays, une défaite qui pourrait très légèrement ternir sa victoire.

S'exprimant depuis le balcon du siège de l'AKP au terme d'une campagne longue et rude, lors de laquelle il a qualifié ses opposants de « terroristes » et d'appartenir à « une alliance du mal », Recep Tayyip Erdogan s'est demandé si « dès demain, certains n'allaient pas être tentés par la fuite. »

Le ton belliqueux du premier ministre semble montrer qu'il juge qu'il dispose désormais d'un mandat clair pour agir avec fermeté contre l'opposition.

« Nous entrerons dans leur tanière. Ils paieront le prix, ils seront comptables. Comment pouvez-vous donc menacer la sécurité nationale ? », a-t-il demandé.

Purges

L'échec est cuisant pour l'opposition. Après trois échecs dans les urnes, la principale formation d'opposition, le CHP voulait croire que les Turcs allaient sanctionner le pouvoir pour sa réaction brutale aux manifestations de l'été dernier, la purge de la justice et de la police ou le blocage de Twitter pour tenter d'étouffer les scandales.

Ancien maire d'Istanbul, Recep Tayyip Erdogan avait de son côté bien compris les enjeux du scrutin. Il a multiplié les réunions à travers le pays pour soutenir les candidats du Parti de la justice et du développement (AKP) et lancer ses piques contre Fethullah Gülen, l'influent prédicateur exilé aux États-Unis qu'il voit derrière le « complot » ourdi contre son gouvernement.

Avec cette victoire, le premier ministre est en position de force avant l'élection présidentielle, la première au suffrage universel direct du pays, en août prochain.

La question de ses relations avec l'actuel président, Abdullah Gül, qui n'a pas ménagé ses critiques après le blocage du réseau social Twitter, est également posée.

Un autre dossier brûlant concerne les relations entre le pouvoir et la police et la justice. « Laissez-moi vous dire que la réponse d'Erdogan arrive », a déclaré Can Paker, qui préside le cercle de réflexion Tesev, présenté comme proche du premier ministre.

« Il va nettoyer de fond en comble la police et la justice, et il purgera la presse qui a favorisé les fuites. Il va très probablement le faire. Il a va dire : "J'ai été élu pour les éliminer", il ne va pas mollir. »

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