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Thaïlande: la Première ministre convoquée par la commission anticorruption

Thaïlande: la Première ministre convoquée par la commission anticorruption

La Première ministre thaïlandaise Yingluck Shinawatra, contestée par des manifestants d'opposition depuis cinq mois, devait présenter sa défense lundi devant la commission anti-corruption, procédure qui pourrait mener à sa destitution.

La Première ministre, après avoir tenté en vain d'obtenir des jours supplémentaires pour préparer sa défense, a donc attendu l'expiration du délai légal pour présenter sa défense.

Elle est accusée de négligence dans le cadre d'un programme de subvention aux riziculteurs, une accusation que ses partisans estiment destinée à la faire tomber.

"Devinez ce que va faire la Première ministre Yingluck Shinawatra aujourd'hui...", disait un éditorial du Bangkok Post, se demandant si la Première ministre s'y rendrait en personne ou se ferait représenter par ses avocats.

Elle n'a "pas encore décidé" si elle s'y rendrait en personne lundi après-midi, au côté de son équipe d'avocats.

La semaine dernière, sur sa page Facebook, la Première ministre, qui clame son innocence, avait dénoncé le fait que la Commission anti-corruption ne lui avait pas laissé assez de temps pour examiner tous les éléments du dossier.

"Les accusations contre moi impliquent de nombreux documents et témoignages. J'ai demandé une extension de 45 jours via mon avocat, mais ma demande d'impartialité n'a pas été acceptée", y disait-elle, reprenant les accusations de son camp contre la Commission anti-corruption.

Ses membres, comme les hauts-responsables de l'appareil judiciaire, sont en effet soupçonnés d'être partie prenante d'un "coup d'Etat judiciaire" destiné à contraindre Yingluck au départ.

La Commission anti-corruption estime quant à elle que Yingluck a ignoré les mises en garde contre la corruption qu'aurait engendré le programme controversé d'aide aux riziculteurs. Elle l'a donc convoquée pour lui faire part officiellement d'accusations de négligence.

Ce programme controversé de subventions a conduit le gouvernement à acheter le riz aux paysans jusqu'à 50% au-dessus du prix du marché.

Ses détracteurs accusent cette politique d'avoir entraîné une corruption massive, porté un coup aux finances publiques et créé une montagne d'invendus.

Si Yingluck était reconnue coupable, le dossier pourrait être transmis à la justice et en même temps transféré au Sénat, qui pourrait l'interdire de vie politique pour cinq ans.

Des élections sénatoriales ont d'ailleurs eu lieu dimanche, sans que le scrutin soit perturbé, contrairement aux législatives du 2 février, finalement invalidées par la justice, au grand dam du parti au pouvoir, le Puea Thai, y voyant une première étape du coup d'Etat judiciaire.

Les deux camps qui se disputent la domination de la scène politique attendent donc la décision de la Commission anti-corruption comme un possible catalyseur de la crise.

Les opposants à la Première ministre ont encore fait une démonstration de force samedi, avec des dizaines de milliers de manifestants à Bangkok.

Les chemises rouges pro-gouvernement promettent de manifester en masse samedi prochain pour défendre la Première ministre contre un coup d'Etat judiciaire en préparation, moyen trouvé par le Parti démocrate pour arriver au pouvoir en 2008.

La Thaïlande, profondément divisée entre pro et anti-Thaksin, est en effet engluée dans une crise politique récurrente depuis le coup d'Etat de 2006 contre Thaksin Shinawatra, frère de Yingluck. Celui-ci continue à diriger via ses proches placés à sa place, dénonce l'opposition.

Alors que les partis pro-Thaksin ont gagné toutes les législatives depuis plus de dix ans, les protestataires accusent la famille Shinawatra de corruption et d'utiliser l'argent public pour s'assurer le soutien des campagnes du nord et du nord-est, coeur de son électorat.

Les violences engendrées par cette crise, attaques à la grenade ou fusillades visant principalement les manifestants, ont fait 23 morts.

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