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Fièvre Ebola en Guinée: "une épidémie sans précédent"

Fièvre Ebola en Guinée: "une épidémie sans précédent"

La Guinée fait face selon l'organisation Médecins sans frontières (MSF) à "une épidémie sans précédent" du virus Ebola, hautement contagieux et le plus souvent mortel, dont deux cas ont été confirmés pour la première fois au Liberia voisin.

Depuis janvier, la Guinée est en proie à une épidémie de fièvre hémorragique virale qui a tué 78 personnes "sur 122 cas suspects" dénombrés jusqu'au 29 mars, selon le dernier bilan communiqué par le ministère guinéen de la Santé.

Sur ces cas suspects, 22 ont été confirmés positifs au virus Ebola, pour moitié à Conakry, la capitale, le reste étant réparti entre Guéckédou et Macenta, deux villes du sud, épicentre de l'épidémie.

A Guéckédou, où s'est rendue lundi une équipe de l'AFP, deux nouveaux décès de cas suspects ont été rapportés par MSF, une des organisations qui tentent d'enrayer la propagation du virus Ebola, contre lequel il n'existe ni vaccin, ni traitement.

"Il y a deux autres cas qui (y) sont malheureusement en phase terminale", a dit un porte-parole de l'ONG.

MSF a appelé à une "mobilisation contre une épidémie d'Ebola sans précédent".

"Nous sommes confrontés à une épidémie d'une ampleur encore jamais vue par la répartition du nombre de cas sur le territoire. (...) MSF est intervenue dans presque toutes les épidémies déclarées d'Ebola des dernières années, mais celles-ci étaient beaucoup plus concentrées et concernaient des endroits plus reculés. Cette dissémination complique énormément la tâche", a déclaré Mariano Lugli, coordinateur de l'ONG à Conakry.

Plusieurs cas suspects, dont certains mortels, ont été signalés au Liberia et en Sierra Leone, deux pays voisins de la Guinée. Deux cas du Liberia ont été confirmés comme étant dus au virus Ebola, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), qui coordonne la lutte contre la propagation.

Au total, sept échantillons de cas suspects de fièvre hémorragique virale prélevés sur des malades adultes du district de Foya, dans la région de Lofa (nord du Liberia), ont été examinés "et deux de ces échantillons se sont révélés positifs au virus Ebola", a expliqué l'OMS, se fondant sur des chiffres du ministère libérien de la Santé.

Selon la même source, parmi les cas suspects, deux personnes sont mortes: une femme de 35 ans décédée le 21 mars des suites d'Ebola, et un homme décédé le 27 mars, dont l'échantillon s'est cependant révélé négatif au virus Ebola.

"Foya reste le seul district du Liberia où ont été signalés des cas suspects ou confirmés de fièvre Ebola. A la date du 26 mars, le Liberia comptait 27 personnes sous surveillance médicale", précise l'OMS.

Mais l'inquiétude grandissait lundi à Monrovia, la capitale libérienne, où la soeur de la femme décédée le 21 mars s'est rendue en taxi après l'avoir assistée dans la maladie, selon le ministre libérien de la Santé, Walter Gwenigale.

Mises au courant, les autorités ont placé la femme en isolement, mais craignent qu'elle ait déjà servi de vecteur au virus, et contaminé le chauffeur de taxi et quatre membres de sa famille ayant effectué le voyage avec elle.

Le virus Ebola se transmet par contact direct avec le sang, les liquides biologiques ou les tissus des sujets infectés, qu'il s'agisse d'hommes ou d'animaux, vivants ou morts.

Selon le gouvernement guinéen, le virus identifié dans le pays est "de type Zaïre", une des cinq espèces de la famille des filovirus qui causent l'Ebola. L'origine de la fièvre hémorragique demeure inconnue pour les autres échantillons examinés.

"Le virus Lassa circule dans toute l'Afrique de l'Ouest, c'est le virus endémique", selon Sylvain Baize, directeur du Centre national de référence (CNR) des fièvres hémorragiques virales, basé à Lyon, en France, qui a posé le diagnostic de l'Ebola en Guinée.

"En Guinée, c'est surtout Lassa et Ebola maintenant. Mais il peut y avoir la fièvre jaune, ou le virus Crimée-Congo (FHCC) aussi", affirme-t-il.

Le virus Ebola tire son nom d'une rivière du nord du Zaïre (aujourd'hui République démocratique du Congo), où il a été repéré pour la première fois en 1976 et a fait 1.200 morts lors des épidémies les plus graves en Afrique centrale.

C'est la première fois qu'une épidémie de l'ampleur de celle qui affecte la Guinée a lieu en Afrique de l'Ouest.

"Le seul moment où on a entendu parler d'Ebola" en Afrique de l'Ouest, "c'était en 1994 en Côte d'Ivoire", lorsque le virus de type Taï Forest "a été retrouvé chez des chimpanzés", mais "on n'a jamais observé d'épidémie Ebola dans toute" cette région, a déclaré M. Baize.

"La deuxième surprise a été de découvrir l'espèce Zaïre et pas Taï Forest (...). Là, le virus a fait un bond conséquent au niveau géographique", a-t-il dit.

bur-cs/glr

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