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Colère et incompréhension à Bangui après les tueries du week-end

Colère et incompréhension à Bangui après les tueries du week-end

Boutiques et marchés fermés, aucune circulation: un calme tendu régnait lundi à Bangui, où les habitants des quartiers nord, majoritairement chrétiens, laissaient exploser leur colère après les tueries du week-end.

Des soldats tchadiens qui étaient venus rapatrier leurs compatriotes fuyant les violences en Centrafrique ont tiré samedi sur la foule, tuant au moins 24 personnes et en blessant une centaine d'autres.

"Ce n'est pas la première fois que les soldats tchadiens se comportent de cette façon (...) Mais c'est en présence des forces françaises et africaines que ces pauvres civils se font massacrer", s'insurge un universtaire, Jean Edoguéné.

"Que dit la Communauté internationale? Que dit le président (français) François Hollande qui a pris fait et cause pour la RCA? c'est absurde!", ajoute-t-il.

"Tout le monde sait que les +donner la mort+ (soldats tchadiens) trouvent toujours des prétextes pour tirer sur de paisibles citoyens", renchérit un fonctionnaire des impôts sous couvert d'anonymat.

Des incidents surviennent régulièrement à Bangui entre d'un côté les milices anti-balaka et la population, majoritairement chrétiennes, et de l'autre les soldats tchadiens, accusés de complicité avec les ex-rebelles Séléka, majoritairement musulmans, qui avaient pris le pouvoir en mars 2013 en Centrafrique.

"Personne n'a tiré sur les Tchadiens, ni aucune grenade n'a été lancée dans leur direction, pour que l'on dise que c'est une riposte. Ils ont délibérément ouvert le feu sur les habitants pour venger leurs compatriotes", affirme Hélène Ngainam, une commerçante.

De son côté, la force africaine Misca a affirmé dimanche que les soldats avaient d'abord été attaqués: "les soldats tchadiens ont été visés par une grenade qui a blessé l'un d'entre eux, et ils ont riposté", selon un officier s'exprimant sous couvert d'anonymat.

Ni les autorités centrafricaines, ni le Tchad, ni la force française Sangaris n'avaient encore réagi officiellement lundi en début d'après-midi.

Dans les quartiers nord où les tueries ont eu lieu, l'activité était au point mort lundi, et les habitants restaient terrés chez eux de peur de voir éclater de nouveaux incidents. Magasins, boutiques, petits commerces et marchés étaient fermés. Taxis et taxis-bus ne circulaient pas.

Dimanche, Odette Dombolo, maire d'une petite commune située en périphérie nord de la capitale, a appelé à l'aide les autorités et les humanitaires.

"Des maisons ont été incendiées par des tirs de roquettes. Un poteau électrique a même été coupé en deux vers Gobongo, ce qui démontre que les dégâts sont très importants du fait des armes utilisées", a-t-elle précisé.

Ces tueries surviennent alors que Bangui traverse une nouvelle escalade de violences qui a déjà fait une quarantaine de morts en une semaine, à la suite des affrontements opposant des miliciens anti-balaka et des pillards à des musulmans.

La présidente centrafricaine de transition, Catherine Samba Panza, a décrété lundi un deuil national de trois jours à la mémoire des morts, ont annoncé ses services.

Depuis un an, l'ancienne colonie française, pays parmi les plus pauvres de la planète, habitué aux coups d'Etat à répétition et aux rébellions, traverse une crise sans précédent avec des violences interreligieuses et des centaines de milliers de déplacés.

Si les tueries de masse ont cessé depuis le début de l'opération française Sangaris (2.000 hommes) en décembre, déployée en appui des 6.000 soldats africains de la Misca, la violence reste quotidienne.

Formées en réaction aux exactions perpétrées pendant des mois par les combattants essentiellement musulmans de la Séléka, les milices anti-balaka s'en prennent depuis à la population musulmane, qui fuit massivement le pays.

L'UE a ouvert la voie au lancement, retardé, de sa mission militaire qui doit appuyer les forces françaises et africaines en Centrafrique, grâce à de "nouvelles contributions" et au "complément apporté" par la France, en termes d'effectifs et de logistique, a indiqué son service diplomatique.

La décision de déployer ces troupes (environ 500 hommes) et la date de l'opération doivent être formalisées d'ici à mercredi.

La France espère également faire adopter "dans une dizaine de jours" par le Conseil de sécurité une résolution autorisant le déploiement d'une force de maintien de la paix de l'ONU, d'ici à la mi-septembre.

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