Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Chine: Wukan, village rebelle, réélit le chef des protestataires "lità nouveau aux urnes dans une ambiance plombée

Chine: Wukan, village rebelle, réélit le chef des protestataires "lità nouveau aux urnes dans une ambiance plombée

Les habitants de Wukan, village du sud de la Chine, qui s'étaient rebellés contre les caciques locaux du Parti communiste et avaient obtenu il y a trois ans les premières élections démocratiques de l'histoire du régime, ont réélu lundi le leader de leur mouvement, au cours d'un scrutin soupçonné d'être entaché de fraudes.

Les organisateurs du scrutin pour élire les délégués municipaux ont annoncé la victoire du leader des protestataires, Lin Zuluan, à la tête du "comité du village" de sept membres avec plus de 5.000 voix sur environ 9.000 électeurs.

Selon l'AFP toutefois, moins de 1.000 habitants se sont rendus dans les bureaux de vote avant leur fermeture lundi après-midi.

Les organisateurs ont refusé de fournir des explications sur la divergence apparente entre le résultat du vote et le nombre des électeurs.

Les 13.000 habitants de Wukan, dans la province du Guangdong (province de Canton, sud), s'étaient soulevés fin 2011 pour chasser les caciques locaux du PCC qu'ils accusaient de s'enrichir à leurs dépends en saisissant leurs terres, un thème commun au reste du pays, à l'origine de multiples incidents.

Contre toute attente, le parti unique avait accepté l'organisation d'un scrutin libre - remporté par les leaders du mouvement - pour le choix d'un nouveau "comité de village", suscitant un vif intérêt national et international, et des espoirs sur l'avenir des réformes politiques en Chine.

Mais à l'heure du renouvellement de leur mandat, les récentes arrestations des meneurs, le peu de succès rencontré dans les récupérations des terres revendiquées - et des pluies torrentielles - ont plombé l'exercice.

Dans l'unique bureau de vote installé dans une école, l'ambiance était plutôt silencieuse, voire lugubre, sous la surveillance de dizaines de fonctionnaires envoyés de la ville de Lufeng, dont dépend administrativement Wukan, côtoyant des policiers, certains en armes.

Treize jours avant le scrutin, les procureurs de Lufeng ont fait arrêter l'un des meneurs, Hong Ruichao, sous l'accusation d'avoir touché des pots-de-vin liés à "des projets immobiliers". Une semaine avant, c'était un autre élu du comité de village, Yang Simao, l'un des leaders les plus connus du mouvement, qui était mis sous les verrous sous des accusations semblables.

Un autre des meneurs, Zhuang Liehong, a fui en janvier aux Etats-Unis une arrestation qu'il jugeait certaine et a demandé l'asile politique.

"Il est évident que les autorités veulent reprendre en main la situation", a-t-il déclaré mercredi, joint au téléphone par l'AFP, tandis que des informations faisaient état d'une réinstallation dans ses fonctions d'un responsable du PCC chassé en 2011.

"Vous voyez tous ces gens que le gouvernement a envoyés ? Ils veulent nous mettre la pression", déclare un homme d'âge moyen, qui ne donne que son nom de famille, Sun.

"Je ne sens pas cette élection aussi ouverte que celle d'avant", confie Zong, la quarantaine, qui tient un restaurant de nouilles, après avoir déposé son bulletin.

En 2011, les habitants eux-mêmes avaient supervisé le vote à bulletin secret et les candidats, contrairement à la "tradition", n'avaient pas reçu l'aval du PCC.

"Je ne peux pas parler à la presse. Ce n'est pas comme avant", dira un autre, à l'instar de la plupart des électeurs, en sortant du bureau de vote.

Vers 15H00 (07H00 GMT), un fonctionnaire avait annoncé que 8.000 des 9.000 inscrits avaient voté, suscitant une certaine confusion dans la presse présente sur les lieux, qui estimait jusque-là à environ un millier les électeurs qui s'étaient déplacés.

La différence s'expliquerait, selon des habitants, par le fait que des électeurs voteraient avec plusieurs procurations.

Pour les habitants, les terres saisies et revendues, "illégalement" à leurs yeux, représentent 430 hectares. Le précédent comité de village n'est parvenu à en récupérer que 10%, selon ses dires.

Les saisies de terres pour des projets immobiliers sont à l'origine de la grande majorité des milliers d'incidents annuels entre la population et les autorités.

"Après toutes ces années, on a toujours pas récupéré nos terres", déclare avec amertume un homme aux cheveux blancs qui, comme la plupart, préfère taire son nom.

tjh-fms/slb-ple/seb/fw/abl

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.