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Vers un "âge d'or" de l'encodage pour déjouer l'espionnage numérique

Vers un "âge d'or" de l'encodage pour déjouer l'espionnage numérique

Des millions de dollars sont actuellement investis dans l'encodage, en passe de connaître un "âge d'or", car apposer des codes aux messages numériques permet de contourner l'espionnage en ligne, en dépit d'obstacles technologiques et politiques.

Sécuriser les données est devenue un sujet de discussions au sein des conseils d'administration des entreprises, petites ou grandes, après des piratages informatiques importants comme celui qui a touché le distributeur américain Target.

Cette question a aussi ressurgi après les révélations égrenées par l'ancien consultant informatique Edward Snowden sur les vastes programmes de surveillance des agences américaines de renseignement comme la NSA.

Pour les investisseurs, c'est une nouvelle occasion de croissance dans le secteur des nouvelles technologies.

En février, Google Ventures a investi 25,5 millions de dollars dans une jeune société basée à Atlanta, Ionic Security, née il y a seulement trois ans et qui travaille dans l'encodage, brouillant les données avant qu'elles ne puissent être transmises ou stockées.

D'autre sociétés d'encodage, comme PerspecSys, basée à Toronto au Canada, ou CipherCloud, à San José en Californie, ont aussi annoncé de gros investissements.

Cette course au financement pourraient annoncer un "âge d'or" de l'encodage, souligne un spécialiste.

Mais le secteur devra lever auparavant plusieurs obstacles, comme la difficulté d'accès aux données encodées, ou la méfiance des gouvernements, qui veulent toujours pouvoir accéder à l'information.

"Les gens ont peur (de l'encodage) parce qu'ils ne le comprennent pas", explique John Kindervag, vice-président et analyste à Forrester Research.

Mais le recours à l'encodage va devenir ""inévitable, parce qu'il n'y a pas d'autre moyen de résoudre ce problème" de la surveillance numérique. D'après M. Kindervag, le secteur se situe à une ou deux années d'une "grande révolution" dans ce secteur.

Pour Venky Ganesan, directeur général de la société d'investissements Menlo Ventures, les grandes avancées ne se produiront que dans trois à cinq ans.

Car "l'encodage ralentit" l'accès aux données, explique M. Ganesan. "Imaginez chaque pièce de votre maison fermée à clé, et que vous soyiez dans l'obligation de les fermer et de les ouvrir à chaque fois que vous voulez y entrer. Vous seriez frustrés".

L'autre problème, selon M. Ganesan, c'est que les gouvernements sont "sensibles" à cette question, car "ils ne veulent pas que la technologie de l'encodage soit accessible à tous, parce que leur objectif est de s'assurer qu'ils puissent toujours accéder à l'information".

L'ancien consultant de la NSA réfugié à Moscou, Edward Snowden, a lui-même incité le secteur informatique à "s'engager moralement" à protéger les données de ses utilisateurs avec des techniques d'encodage.

Sécuriser l'accès à des milliards de données archivées dans le "cloud" de serveurs informatiques dématérialisés est sans commune mesure avec l'époque où la question portait sur la sécurisation des ordinateurs portables en cas de vol.

"Chaque entreprise et chaque gouvernement à cette question en tête: comment protéger ses données et sa propriété intellectuelle", affirme William Bowmer, un spécialiste en nouvelles technologies chez Barclays.

Wall Street est elle aussi prête à mettre davantage d'argent dans les sociétés de sécurité informatique. Le prix de l'action de FireEye, qui avait alerté Target du piratage sur son réseau, a plus que triplé par rapport à son prix d'entrée en Bourse en septembre 2013.

Au sein du secteur, il se murmure que plusieurs acteurs de l'encodage pourraient entrer en Bourse: Voltage Security, SafeNet, Protegrity et Vormetric Data Security.

Le directeur général de Voltage, Sathvik Krishnamurthy, qualifie le marché de l'encodage de "florissant et en croissance".

Mais il estime que l'opposition des gouvernements à cette technique est obsolète. Car l'espionnage par les autorités "a toujours existé", selon M. Krishnamurthy. "C'est juste une question de savoir jusqu'à quel degré Big Brother regarde tout ce qu'on fait".

Il estime à cet égard que le plus gros problème des programmes de la NSA est leur caractère secret.

Rendre publics les programmes de surveillances "normaliserait une ligne que nous ne pourrions plus franchir", suggère-t-il. "Si vous devez répondre de vos agissements, vous avez davantage tendance à être raisonnable".

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