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La minorité tatare en quête d'autonomie en Crimée

La minorité tatare en quête d'autonomie en Crimée

Les Tatars de Crimée ont voté samedi en faveur de leur autonomie sur leur terre historique après son annexion par la Russie, mais ils sont restés divisés sur la manière de s'engager avec les nouvelles autorités russes.

Des représentants des Tatars de toute la Crimée étaient réunis dans la ville de Bakhtchyssaraï pour un "Qurultay", ou congrès, afin de décider du sort de cette communauté musulmane d'environ 300.000 personnes.

"Il arrive un moment dans la vie de chacun où un choix doit être fait, qui déterminera l'avenir", a déclaré le chef de file des Tatars, Refat Tchoubarov.

Les Tatars de Crimée, qui représentent environ 12% de la population, ont largement boycotté le référendum du 16 mars qui a abouti au rattachement de la Crimée à la Russie.

Selon Refat Tchoubarov, si les Russes de Crimée ont eu la possibilité de déterminer leur futur, cela implique que "les Tatars de Crimée ont aussi ce droit".

Les Tatars se méfient de Moscou depuis que Joseph Staline a ordonné leur déportation en masse de la Crimée vers l'Asie centrale à la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Ils n'ont pas été autorisés à retourner sur leur terre historique avant la fin des années 1980.

Après des heures de débats, leurs représentants ont voté pour "le lancement de procédures légales et politiques (pour) l'autonomie ethnique et territoriale du peuple tatar de Crimée sur son territoire historique, la Crimée".

Mais la manière dont ils comptent y arriver n'a pas été clairement expliquée, tout comme leur intention de devenir ou non une entité autonome eu sein de l'Ukraine ou de la Russie.

"Cette terre, c'est la Crimée, la patrie des Tatars de Crimée", a affirmé le Grand Mufti Ravil Gainoutdine, un chef religieux, sous les applaudissements nourris de plus de 200 personnes, qui assistaient au congrès.

Des représentants des Tatars de Russie étaient également présents, ce qui a créé des divisions sur l'attitude à adopter face aux nouvelles autorités.

"Nous n'avons pas rejeté la Russie. C'est la Russie qui nous a rejetés", a affirmé Ayshe Seitmouratova, qui a passé plusieurs années dans les camps soviétiques puis en exil.

Djalil Ibraguimov, un trentenaire vêtu d'une veste avec l'insigne de l'équipe olympique d'Ukraine, a vivement protesté au moment où le représentant des Tatars de Russie a pris la parole.

"Je veux une autonomie eu sein de l'Ukraine, pas de la Russie", a-t-il dit. "Nous ne voulons pas retourner en URSS."

D'autres ont proposé une approche plus pragmatique des nouvelles autorités, afin de résoudre les problèmes au jour le jour sans devenir des paria sur leur propre terre.

"Une nation toute entière ne peut pas devenir dissidente", a assuré Lenour Isliamov, un homme d'affaires propriétaire de la télévision tatar ATR.

"Il y a la Russie d'un côté, l'Ukraine de l'autre, l'Union européenne, les États-Unis et tous les autres. Ce qui nous intéresse, c'est simplement d'avoir de fortes garanties sur notre sécurité et le développement du peuple tatar de Crimée", a déclaré Ali Khamzine, chargé des relations extérieures du Mejlis, l'assemblée des Tatars de Crimée

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