Des dizaines de personnes ont manifesté samedi à Alger pour demander la libération d'un blogueur en détention préventive depuis janvier à la suite d'une plainte pour "menaces de mort" contre un journaliste d'une chaîne de télévision privée.
"Libérez Omar Ferhat, libérer Karim Kaki", son nom de blogueur, ont scandé les manifestants, dont la famille du blogueur.
"Mon fils est ingénieur en électronique. Il devait commencer à travailler le lendemain du jour où il a été arrêté, il devrait être libre", s'est insurgée sa mère, Fatma.
Omar Ferhat, 24 ans, est accusé "d'injures et de menaces par un journaliste de la chaîne privée de télévision Ennahar TV", a indiqué à l'AFP son avocat, Me Amine Sidhoum.
"Il est en détention provisoire à la prison de Serkadji à Alger depuis janvier alors que des personnes accusées dans des affaires plus graves ne le sont pas", a-t-il déploré.
Selon lui, Omar Ferhat couvrait en janvier avec un ami une protestation de Ali Belhadj, co-fondateur du Front Islamique de Salut (FIS, interdit) qui réclamait son droit à être candidat à la présidentielle de 2014. "Un cameraman d'Ennahar TV voulait les filmer. Ils ont refusé et s'en est suivie une altercation avec le journaliste".
Mais Anis Rahmani, le patron d'Ennahar TV, a contesté cette version des faits, qu'il a qualifiée de "mensonge qui nuit à la réputation d'Ennahar TV", dans un appel téléphonique à l'AFP.
Selon lui, l'"ami" d'Omar Ferhat est Noureddine Malki, un "journaliste d'une chaîne de télévision chiite 'Safa' et animateur d'un programme religieux". Tous deux "se sont mis à insulter l'équipe d'Ennahar" et les ont "empêchés de travailler".
Mais Me Sidhoum a affirmé que le quotidien Ennahar, qui fait partie du même groupe avec la TV, avait publié au lendemain de la manifestation "en Une des photos de Omar Ferhat et de son ami avec comme titre 'Ils soutiennent les groupes terroristes'".
Le blogueur a alors téléphoné au journaliste d'Ennahar TV avec lequel il a eu une altercation. "Le journaliste a enregistré la conversation et a déposé plainte". M. Ferhat a été incarcéré à la suite d'un complément d'enquête, selon l'avocat.
M. Malki a également été arrêté, selon le patron d'Ennahar TV.
M. Rahmani a ajouté que la chaîne avait déposé plainte après plusieurs "menaces de mort" par appel téléphonique anonyme reçues par son journaliste et "qui se sont avérées émaner de Ferhat". Il a aussi indiqué que son journal avait fait une capture d'écran du site Facebook de Ferhat et qu'on pouvait y lire qu'il "soutenait le terrorisme".
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