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Esplanade des Mosquées: l'UE met en garde contre des troubles régionaux

Esplanade des Mosquées: l'UE met en garde contre des troubles régionaux

L'Union européenne (UE) s'inquiète d'un "risque significatif" de troubles au Moyen-Orient en raison des tensions croissantes autour de l'esplanade des Mosquées à Jérusalem-Est occupée et annexée, selon des sources diplomatiques européennes.

"Il demeure un risque significatif que des incidents sur ce site extrêmement sensible (...) déclenchent de violentes réactions localement et dans le monde arabe et musulman, et puissent faire dérailler les négociations de paix", écrivent les chefs de missions de l'UE à Jérusalem-Est et Ramallah (Cisjordanie) dans un rapport annuel sur la situation à Jérusalem.

L'esplanade, que les musulmans appellent le "Noble sanctuaire" (Haram al-Charif) et les juifs "Mont du Temple", en référence au second Temple juif détruit par l'Empire romain en l'an 70, est un lieu sacré pour l'islam comme pour le judaïsme et une source de tensions entre les deux communautés.

Dans ce rapport interne, daté du 18 mars, les diplomates européens recommandent de "préserver l'intégrité du site et le statu quo" sur l'esplanade, qui abrite le Dôme du Rocher et la mosquée Al-Aqsa.

Le rapport européen s'élève contre des propositions israéliennes de diviser le site entre croyants musulmans et juifs et d'allouer des temps de prières spécifiques à chacune des communautés.

Plusieurs milliers de visiteurs non musulmans se rendent chaque semaine sur l'esplanade, dont quelques dizaines de juifs nationalistes qui exigent le droit d'y prier malgré l'opposition de la police qui craint la réaction violente des fidèles musulmans, et du Grand rabbinat, traditionnellement opposé aux prières juives sur ce site, pour des motifs religieux.

Le Parlement israélien a débattu en février d'une motion très polémique d'un député d'extrême droite, Moshé Feiglin, qui préconise "l'application de la souveraineté israélienne" sur ce lieu saint.

La Jordanie, gardienne des lieux saints musulmans de Jérusalem, a récemment condamné ce qu'elle a qualifié "d'escalade" de la part d'Israël à la mosquée al-Aqsa, mettant en garde contre le danger de "davantage de violences et d'extrémisme religieux dans la région".

Par ailleurs, comme les années précédentes, les chefs de missions européens soulignent que l'actuelle politique israélienne met en péril "la viabilité" de Jérusalem comme future capitale des deux Etats, Israël et la Palestine.

Cette politique a pour objectif de "cimenter son annexion unilatérale et illégale de Jérusalem-Est", réaffirme le document, déplorant le rythme accéléré de la colonisation --"sans précédent" depuis la reprise des négociations de paix sous l'égide des Etats-Unis en juillet 2013-- et des démolitions de maisons palestiniennes.

En outre, ce rapport interne relève que 90.000 résidents palestiniens de Jérusalem-Est sont menacés de se retrouver à la rue, leurs maisons étant bâties sans autorisation en raison des restrictions aux permis de construire imposées par les autorités israéliennes.

Israël considère Jérusalem comme sa capitale "unifiée et indivisible". Mais la communauté internationale ne reconnaît pas l'annexion en 1967 de la partie orientale occupée de la ville, dont les Palestiniens veulent faire la capitale de l'Etat auquel ils aspirent.

Quelque 200.000 Israéliens habitent des quartiers de colonisation à Jérusalem-Est, à côté de quelque 300.000 Palestiniens.

Enfin, les diplomates européens recommandent à nouveau aux 28 Etats membres d'"engager une réflexion" sur la possibilité d'interdire l'accès au territoire de l'Union aux colons israéliens impliqués dans des violences, un geste qui serait symboliquement fort.

Il n'a pas été possible d'obtenir une réaction israélienne dans l'immédiat au rapport européen qui a été envoyé à Bruxelles.

agr/sst/faa

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