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Du Pérou au Bangladesh, des communautés forcées d'affronter un climat plus chaud

Du Pérou au Bangladesh, des communautés forcées d'affronter un climat plus chaud

Une agricultrice péruvienne, une villageoise du Bangladesh, une membre d'une tribu nomade du Tchad: trois femmes, que des océans séparent, ont témoigné cette semaine à Paris des défis que posent à leur communauté le réchauffement climatique.

A quelques jours de la publication, lundi au Japon, du nouveau rapport des experts (Giec) sur les impacts d'un réchauffement inédit de la planète, ces voix sont venues rappeler que "le changement climatique, ce ne sont pas que des chiffres sur du papier", a lancé lors de cette rencontre Laurence Tubiana, économiste spécialiste du développement durable.

"Le sentiment d'urgence n'est pas là" dans la communauté internationale, a déploré l'ex-négociatrice pour la France sur le climat.

"Du fait du recul du glacier de Huayatapallana et des périodes sèches plus longues, mon village de Chamiseria est menacé par le manque d'eau", raconte América Castillo Cunyas, 38 ans, qui vit dans la cordillère des Andes. Celle qui préside un groupement d'agriculteurs évoque des "rendements en baisse" en mettant en cause non seulement la raréfaction de l'eau mais aussi des sols délavés par des précipitations plus rares mais plus intenses.

A des milliers de kilomètres des Andes, dans la zone sahélienne, les précipitations erratiques créent aussi des déséquilibres. Hindou Oumarou Ibrahim, 30 ans, parle au nom de l'Association des femmes peules autochtones du Tchad. Elle appartient à une communauté d'éleveurs nomades de bétail qui subit de plein fouet la modification du régime des pluies. "Depuis une dizaine d'années, les saisons sèches sont plus chaudes et plus longues et les pluies sont plus courtes et plus intenses", dit-elle. "Il y a beaucoup de pertes de pâturages", souligne la jeune femme.

Conséquences: "les vaches donnent moins de lait, la communauté doit se déplacer davantage pour trouver des points d'eau, ce qui affaiblit les animaux et crée des conflits avec les agriculteurs", explique Hindou Oumarou Ibrahim.

Au Bangladesh, Shahanara Khukumoni Khatun, 27 ans, vit à Satkhira, un village côtier qui a vu ses ressources agricoles diminuer au point de forcer des hommes à partir travailler en ville. "Ma zone est très impactée par la montée des eaux, cela a pour conséquence d'accroître la salinité des sols, du coup les rendements agricoles ont chuté, la mortalité du bétail a explosé et il faut marcher pour aller trouver de l'eau potable", raconte-t-elle. Cette zone côtière du Bangladesh est aussi très exposée aux cyclones et aux inondations.

Du fait du réchauffement de la planète, qui a déjà vu sa température moyenne augmenter de 0,8° depuis l'ère pré-industrielle, les climatologues s'attendent à l'avenir à davantage de précipitations sur les régions humides et moins sur les régions sèches. Les vagues de chaleur et les pluies très intenses risquent de se multiplier et la montée du niveau des océans - près de 20 cm au cours du 20e siècle - se poursuit.

Face à de telles modifications, localement, des communautés tentent de s'adapter.

Les agriculteurs de Chamiseria, raconte América Castillo Cunyas, ont décidé de replanter une vieille variété de pomme de terre, plus rustique et moins gourmande en eau, et reboisent leur environnement.

A Satkhira (Bangladesh), les habitants ont utilisé des semences nécessitant moins d'irrigation, sans pour autant retrouver une autonomie alimentaire. Des femmes se forment aussi à l'artisanat.

Au Tchad, les bergers nomades se déplacent davantage, les enfants sont dépendants de compléments alimentaires: "sur le long terme, que va-t-il se passer?", interroge Hindou Oumarou Ibrahim.

Lors du passage à Paris de ces trois témoins, le climatologue membre du groupe d'experts internationaux (Giec) Hervé Le Treut a rappelé que les impacts du réchauffement dans les pays pauvres seront plus "vitaux" et que les mesures d'adaptation, bien que nécessaires, "ont leurs limites".

La planète se dirige actuellement vers une hausse de 4°C d'ici la fin du siècle, alors que les scientifiques estiment qu'au delà de 2 degrés, les conséquences dramatiques seront inévitables.

ces/dab/jag

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