Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Agacée par les critiques, la Malaisie renvoie la Chine à ses propres errements

Agacée par les critiques, la Malaisie renvoie la Chine à ses propres errements

Agacés par les critiques incessantes de la Chine et des familles de passagers chinois du vol MH370, les Malaisiens se rebiffent et renvoient Pékin à ses propres errements malgré de forts enjeux économiques.

Le gouvernement de Kuala Lumpur est sur le gril depuis la disparition du Boeing 777-200 de Malaysia Airlines dont 153 des 227 passagers étaient chinois.

En sus des éclats de colère quasi quotidiens des familles de passagers, les médias officiels chinois n'ont eu de cesse de jeter l'opprobre sur les autorités et la compagnie.

La Malaisie s'est longtemps abstenue de répondre à son puissant voisin et premier partenaire commercial. Mais la couple semble pleine.

En première ligne, le ministre malaisien des Transports Hishammuddin Hussein a sonné la charge cette semaine en répondant à une question d'un journaliste chinois sur la lenteur avec laquelle les autorités malaisiennes avaient réagi, selon lui, à la disparition de l'appareil.

Le ministre a estimé qu'un temps précieux avait été perdu à cause d'un satellite chinois à l'origine d'observations erronées en mer de Chine méridionale alors que les opérations sont aujourd'hui orientées dans l'océan Indien, à des milliers de kilomètres au sud.

"Puis-je vous rappeler que nous avons reçu des données satellite de la Chine (...) qui nous ont fait chercher dans des zones où nous avions déjà cherché et que cela n'a rien donné", a-t-il lancé.

Le gouvernement a aussi tapé du poing sur la table et dénié le monopole du deuil aux Chinois, au nom des 38 passagers et 12 membres d'équipage malaisiens disparus dans la catastrophe.

"Les familles chinoises doivent comprendre que les Malaisiens eux aussi ont perdu des êtres chers", a tonné M. Hishammuddin.

Les proches des passagers chinois ont manifesté mardi devant l'ambassade de Malaisie à Pékin, avec semble-t-il le silence complice des autorités chinoises qui d'ordinaire interdisent ce genre de rassemblements publics.

Les familles ont traité les responsables malaisiens de "meurtriers" et l'ambassadeur a été qualifié de "menteur".

Le ministre malaisien de l'Intérieur, Zahid Hamidi, cité par la presse locale cette semaine, a accusé les médias d'Etat chinois d'avoir "enflammé les esprits et attisé la colère des familles".

Les médias contrôlés par le parti conservateur au pouvoir, l'Organisation Nationale des Malais Unis (UMNO), ont également commencé à répondre.

Le New Straits Times estimait par exemple que "même les drames les plus abjects ne peuvent excuser les accusations de meurtre" portées contre le gouvernement.

Dans son organe de presse Utusan Malaysia, le parti indique: "L'attitude conflictuelle adoptée par les familles des passagers chinois semble être une tentative pour faire de la Malaisie un bouc-émissaire".

Le sujet est sensible dans un pays où les Malais musulmans sont majoritaires mais où vit également une importante minorité ethnique chinoise, cible des bouffées nationalistes épisodiques de l'UMNO.

Les tensions ont été ravivées après les élections de mai 2013 qui ont vu la coalition emmenée par l'UMNO réaliser le plus mauvais résultat de son histoire. Des responsables politiques, parmi lesquels le Premier ministre Najib Razak, ont accusé les Chinois d'avoir voté en masse pour les partis d'opposition.

Pour Jahabar Sadiq, éditeur du portail d'information indépendant Malaysian Insider, les recherches pour retrouver l'avion disparu ont nui à l'image de la Chine, montrant "les limites de sa technologie et de ses muscles".

"Elles ont remis la Chine à sa place. Il faudra du temps pour qu'elle soit aussi respectée que l'Amérique, l'Angleterre ou l'Australie", a-t-il dit dans un entretien à la BBC.

Tout aussi cinglant, un internaute a résumé les vifs sentiments exprimés par les Malaisiens sur les réseaux sociaux, écrivant: "La Chine demande toute la vérité et une totale transparence sur l'accident de l'avion? Qu'elle s'explique d'abord sur la place Tiananmen" où fut écrasé dans le sang le mouvement étudiant de juin 1989.

ste/sm/gab/jr

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.