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Première rencontre chaleureuse entre Obama et le pape François unis dans la lutte contre les inégalités

Première rencontre chaleureuse entre Obama et le pape François unis dans la lutte contre les inégalités

Le pape François a rencontré jeudi au Vatican pendant une cinquantaine de minutes le président américain pour une première entrevue, centrée sur la lutte contre les inégalités et dont Barack Obama espère des retombées pour sa politique intérieure.

L'entretien a débuté peu avant 9H30 GMT dans la bibliothèque du Palais apostolique. "C'est merveilleux de vous rencontrer", a dit le président américain au pape dont il s'est dit un "grand admirateur". Souriant, le pape lui a répondu en anglais: "bienvenue Monsieur le Président".

La rencontre, en présence de traducteurs, a duré plus longtemps que les entretiens habituels avec d'autres chefs d'Etat et de gouvernement.

Le pape semblait grave mais très cordial, au début comme à la fin de l'entrevue. Les deux hommes se sont quittés sur une longue poignée de main, M. Obama partant comme à regret. Le pape a aussi salué avec chaleur la délégation américaine dont le secrétaire d'Etat John Kerry, qui est catholique.

L'audience devait être suivie par le traditionnel entretien avec le secrétaire d'Etat, chef de la diplomatie vaticane, Mgr Pietro Parolin, pour aborder les sujets plus en profondeur.

Pour M. Obama, son escale à Rome est une parenthèse bienvenue au milieu d'une tournée délicate en Europe et en Arabie saoudite dominée par la crise ukrainienne et les négociations nucléaires sur l'Iran.

Dans une interview jeudi au Corriere della Sera, M. Obama a dit être venu "écouter le pape" dont "la pensée est précieuse pour comprendre comment remporter le défi contre la pauvreté".

M. Obama verra ensuite le président Giorgio Napolitano puis le chef du gouvernement Matteo Renzi avant de visiter le Colisée, fermé aux touristes dès 12H00 GMT.

Le président américain s'est dit convaincu, dans le Corriere, que Matteo Renzi réussira à "rendre très productif" le semestre de présidence italienne de l'Union européenne.

M. Obama, saluant le fait que le premier voyage à l'étranger de M. Renzi ait été en Tunisie, y a vu un "signe que l'Italie veut renforcer le leadership qu'elle exerce déjà en Méditerranée, du Liban à la Libye".

Au Vatican, le dirigeant américain comptait discuter avec François de leur "combat contre la montée des inégalités", un leitmotiv de M. Obama.

Les crises au Moyen Orient, en Afrique -en particulier en Centrafrique -, l'environnement, l'immigration également entre Amérique latine et Amérique du Nord, devaient être aussi abordées.

Pour Jeremy Shapiro, de l'institut Brookings de Washington, M. Obama cherche à "profiter de l'aura du nouveau pape". Selon lui, "ce n'est pas vraiment une étape consacrée à la politique étrangère". Même si, de son côté, le Vatican est de retour sur la scène diplomatique, particulièrement sur la Syrie, pour laquelle François s'était opposé en septembre à une intervention américaine.

Les propos radicaux de François sur "l'idole de l'argent" l'ont fait dépeindre par certains protestants américains ultra-conservateurs comme marxiste.

M. Obama, de confession protestante, a invoqué la place importante que tient sa foi: "j'ai été très impressionné par les déclarations du pape. (...) Parce que d'abord, c'est quelqu'un qui incarne les enseignements du Christ", avait-il dit en octobre 2013.

Pourtant tout n'est pas au beau fixe entre le gouvernement américain et le Saint-Siège. On est loin de l'alliance forgée entre Jean Paul II et Ronald Reagan.

"La politique d'Obama plaît-elle au Saint-Siège?", semble douter Radio Vatican sur son site, en soulignant que "des pierres d'achoppement entre l'Eglise et l'administration Obama subsistent, sur le mariage homosexuel et la contraception".

Selon Mgr Anthony Figueiredo, directeur au collège pontifical nord-américain à Rome, ces questions de bioéthique devraient être abordées par le pape: "Ce qui se passe aux États-Unis, un peu comme le Coca-Cola, ça se propage aussi en Europe et dans le monde entier", a-t-il fait valoir.

La réforme de l'assurance-maladie promulguée en 2010 a provoqué des frictions avec les institutions catholiques américaines. La loi prévoit la prise en charge de la contraception par les employeurs, ce que plusieurs écoles ou hôpitaux ont contesté en justice.

Selon un commentateur de Radio Vatican, Alessandro Gisotti, "les sondages montrent que François jouit d'une popularité très élevée, en particulier parmi les catholiques, conservateurs comme progressistes".

"Le président (Obama) risque de perdre le Sénat à mi-mandat. Il a donc besoin du vote des catholiques", analyse le vaticaniste John Allen.

Selon un sondage publié par l'Université Saint-Leo, François est aimé de 85% des catholiques et de 63% des Américains alors que seulement 47% des Américains approuvent l'action de leur président.

C'est la deuxième fois que Barack Obama se rend au Vatican, après l'audience que lui avait accordée Benoît XVI en juillet 2009; et la 28e venue d'un président américain au Vatican depuis Woodrow Wilson en 1919.

Le président pourrait inviter le pape en septembre 2015 au moment où se tiendra à Philadelphie une rencontre mondiale des familles catholiques.

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