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Le FMI octroie un sauvetage financier à l'Ukraine

Le FMI octroie un sauvetage financier à l'Ukraine

Le Fonds monétaire international a octroyé jeudi à l'Ukraine une aide financière située entre 14 et 18 milliards de dollars destinée à lui éviter la faillite, à condition de prendre de sévères mesures d'austérité dont une hausse du prix du gaz ou le gel des retraites.

Quelques heures avant un débat à l'ONU sur le rattachement de la Crimée à la Russie, Kiev a reçu un soutien de poids des Occidentaux sur le front économique.

Le FMI a annoncé avoir organisé un massif plan de sauvetage des finances de l'ex-république soviétique atteignant 27 milliards de dollars sur deux ans. A elle seule, l'institution basée à Washington compte ouvrir une ligne de crédit comprise entre 14 et 18 milliards de dollars, qui s'ajoutera aux sommes mises sur la table notamment par Washington (un milliard de dollars) et Bruxelles (1,6 milliard d'euros).

Son conseil d'administration pourrait la valider dès le mois d'avril, ouvrant la porte au versement d'une première tranche, dont le montant reste à déterminer, a expliqué le chef de la mission du Fonds au travail à Kiev depuis plus de trois semaines, Nikolay Gueorguiev, lors d'une conférence de presse.

La suite dépendra de l'application des réformes demandées par le Fonds par l'équipe mise en place après la présidentielle du 25 mai et pour laquelle l'ex-Premier ministre Ioulia Timochenko, ennemie jurée du président déchu Viktor Ianoukovitch, a annoncé jeudi sa candidature.

"Aucun des hommes politiques ukrainiens qui se préparent à être candidats à la présidence ne prend la mesure de l'anarchie et ne s'apprête à l'arrêter", a lancé celle qui avait électrisé la Révolution orange et sort de deux ans et demi de détention, mais est loin d'être la favorite des sondages.

Le FMI, déjà venu au secours de Kiev en 2008 et 2010, a cette fois posé de strictes conditions: augmenter de 50% le prix du gaz, geler les retraites et les salaires des fonctionnaires et laisser filer la monnaie, qui s'est déjà effondrée de 25% depuis le début de l'année.

Les discussions se sont révélées jusqu'au bout difficiles sur la hausse des prix du gaz, très impopulaire, qui avait été annoncée mercredi par le fournisseur national Naftogaz.

"Nous sommes passés d'une approche populiste à une approche pragmatique et nous sommes conscients que cela ne sera pas apprécié par tous", a reconnu le gouverneur de la banque centrale Stepan Koubiv. "Certaines réformes seront douloureuses", a-t-il ajouté.

Le FMI, souvent accusé de saigner les pays qu'il aide avec ses mesures d'austérité, a insisté sur la mise en place de nouveaux programmes d'aides sociales touchant 30% de la population, remplaçant les subventions pour le gaz.

Il demande aussi des mesures fortes pour lutter contre la corruption qui gangrène le pays et a coûté à l'Etat des dizaines de milliards de dollars, selon les nouvelles autorités de transition pro-européennes en place depuis un mois à Kiev.

L'UE et les Etats-Unis comptent en outre aider l'Ukraine à solder sa dette gazière et assurer ses approvisionnements, actuellement dépendants de Moscou, et se concerteront sur ces sujets le 2 avril à Bruxelles.

Dès jeudi matin, le Premier ministre Arseni Iatseniouk a présenté devant le Parlement un ensemble de mesures de réduction du train de vie de l'Etat: baisse rapide de 10% des effectifs de l'administration (24.000 personnes), vente de terrains et propriétés, taxes sur les plus riches, suppression de subventions aux mines.

"Nous n'avons pas le choix: soit ces mesures sont prises, soit l'Ukraine sera en faillite", a-t-il martelé.

Le temps presse pour stabiliser le pays, sorti de récession de justesse fin 2013 et frappé de plein fouet par la crise politique qui a paralysé l'activité. Dans le meilleur des cas, le produit intérieur brut chutera de 3% cette année et l'inflation atteindra entre 12% et 14%, selon M. Iatseniouk.

Le pays craint en outre une invasion russe dans l'Est russophone et affirme, soutenu par Washington, que Moscou a massé ses troupes le long de sa frontière.

Kiev a présenté à l'Assemblée générale de l'ONU un projet de résolution non contraignante qui dénonce le rattachement de la Crimée à la Russie, sans toutefois critiquer explicitement Moscou. Le texte doit être discuté jeudi à New York.

A Bruxelles mercredi, le président américain Barack Obama a prévenu que "l'isolement" de la Russie deviendra "plus profond" si le Kremlin "maintient le cap actuel".

Moscou commence déjà à subir les effets des sanctions occidentales avec une fuite des capitaux massive depuis le début de l'année. Le ministre russe de l'Economie a reconnu que la croissance pourrait être limitée à 0,6% cette année.

Certains économistes, dont ceux de la Banque mondiale, jugent possible une récession dans le pays, pour la première fois depuis 2009.

Comme un défi aux Occidentaux, Vladimir Poutine a annoncé la création de son propre système de paiement électronique comme alternative aux systèmes des géants américains Visa et Mastercard.

En revanche, Moscou pourrait se voir privée du droit de vote au sein de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe (APCE), qui se prononcera sur ce sujet lors de sa session du 7 au 11 avril à Strasbourg.

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