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Le chanteur Christophe, "kamikaze du son"

Le chanteur Christophe, "kamikaze du son"

Depuis un an, Christophe revisite son répertoire en version dépouillée sur scène et en a fait un disque, "Intime", publié lundi. "Je suis un kamikaze du son", dit le chanteur français qui reçoit l'AFP chez lui pour un entretien nocturne.

Il est 19H00 et le "beau bizarre" vient de se réveiller pour une longue nuit de promotion. Le dernier journaliste est attendu aux alentours de 03H00 dans son appartement art déco en plein coeur de Paris.

Accoudé à sa table de poker, -- une de ses passions --, le chanteur demande un Coca, "un vrai dans une bouteille en verre, le seul qui vaille", pour soigner son rhume.

Le salon où il accueille ses visiteurs dans des volutes d'encens est à son image : un rêve de collectionneur, encombré de juke-box, de postes de radios vintage, de synthétiseurs et de guitares.

Un Steinway trône dans un coin de la pièce. Un jeu d'échec est posé sur les cordes, un baigneur sur le clavier. En face, une vierge noire en bakélite pose son regard sur les innombrables tableaux qui occupent les murs de la pièce.

"La collection, c'est mon truc. Je collectionne aussi les moments de hasard, les moments qui m'ont plu. La création, c'est ça, c'est l'inconnu, c'est savoir attraper", dit-il, le regard protégé derrière ses lunettes bleues.

Il y a un an, Christophe s'est lancé dans une aventure qu'il n'avait jamais tenté en quarante ans de carrière.

Lui qui a marqué la scène par des concerts spectaculaires à la hauteur de ses chansons cathédrales, a décidé pour la première fois de se produire seul, en s'accompagnant au synthétiseur, à la guitare et surtout au piano.

Le disque "Intime" est un prolongement de cette tournée, qui passera le 7 avril par le théâtre Antoine à Paris.

Il a été enregistré en studio, mais devant un public, auquel Christophe explique que la musique, comme la peinture qu'il pratique à Tanger, est une "matière".

"Un son, pour moi, c'est quelque chose qui a un certain volume et une longueur, qu'on peut réduire, agrandir. C'est presque mathématique", explique-t-il à l'AFP.

S'il était une peinture, "Intime" serait "un portrait de femme dans tous les sens, une madeleine de Proust dans un certain sens", dit-il.

Le disque rassemble ses grands succès ("Les mots bleus", "Aline", "Les marionnettes"...), des reprises de Brassens et Bashung et des chansons piochées dans ses derniers albums comme "Lita" ou "Parle-moi de lui".

Dépouillées de leurs couches de synthétiseurs, ces versions font réapparaître de façon éclatante les racines de Christophe : la chanson, le rock, le blues.

Pour nombre d'artistes, révisiter son propre répertoire est synonyme de panne d'inspiration.

Mais à 68 ans, Christophe est toujours un "kamikaze du son", qui fascine ses amis trentenaires comme Camille, Raphaël ou Julien Doré.

"Je ne comprends pas (cette fascination), mais je m'en rends compte. Certainement, les 20-30 ans ressentent ce que moi je ressens quand j'écoute Nine Inch Nails (groupe culte du rock industriel) ou Bowie : quelque chose d'instinctif, un climat, une originalité peut-être", estime-t-il.

Toujours à l'affût, Christophe loue le dernier album de Vincent Delerm, "un mec que je ne pensais pourtant pas du tout pouvoir apprécier", fait défiler sur iTunes les derniers titres de rap qu'il vient d'acheter : A$AP Rocky, Kanye West "évidemment", Drake...

"En ce moment, je travaille sur le oud (instrument à cordes du Moyen-Orient), c'est excitant. Et je viens d'acheter une table de mixage Studer 24 pistes de 1980. Il faut être givré, assez joueur, pour acheter ça aujourd'hui", raconte-t-il.

"J'aime bien l'expérience, tester des trucs. Je mets du temps, mais le temps passe, alors il faut que je me magne", dit-il, la tête dans son prochain album, prévu pour janvier 2015.

ber/fa/kat/ia

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