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Des humanitaires étrangers et l'ONU pris pour cible dans l'ouest de la Birmanie

Des humanitaires étrangers et l'ONU pris pour cible dans l'ouest de la Birmanie

Des dizaines de travailleurs humanitaires étaient jeudi sous protection policière dans l'ouest de la Birmanie après des attaques de bouddhistes contre des locaux de plusieurs ONG et de l'ONU, événements qui ont provoqué l'inquiétude des Etats-Unis et des Nations unies.

Ces incidents interviennent alors que les tensions sont au plus haut dans l'Etat Rakhine, secoué depuis 2012 par des violences communautaires visant principalement les musulmans de la minorité apatride des Rohingyas.

Des groupes de bouddhistes ont jeté des pierres sur les bureaux de plusieurs groupes humanitaires accusés de favoriser les musulmans et mis à sac des bâtiments dans la capitale régionale Sittwe, selon la police.

L'ONU a indiqué dans un communiqué que ses locaux avaient également été pris pour cible.

La police a indiqué avoir escorté à l'abri 71 travailleurs humanitaires (32 étrangers et 39 Birmans) de neuf organisations en raison de ces violences qui ont commencé mercredi soir avec l'attaque de centaines de personnes contre les bureaux de Malteser International, bras humanitaire de l'Ordre de Malte.

Certains personnels sont partis pour Rangoun, mais une cinquantaine étaient toujours sous protection de la police jeudi.

La police a tiré en l'air jeudi pour disperser la foule, comme mercredi, a expliqué à l'AFP le lieutenant-colonel Min Aung, précisant que des groupes de 40 à 50 personnes avaient déambulé dans la ville, endommageant des maisons louées à des étrangers.

La situation s'est calmée en fin de journée, a-t-il ajouté, indiquant que le couvre-feu, progressivement réduit depuis les violences de 2012, avait été réinstauré du crépuscule à l'aube.

Un autre responsable policier a déclaré que des militaires avaient été déployés.

Selon la police, la foule en colère accusait une employée américaine de Malteser d'avoir manipulé un drapeau bouddhiste de manière non respectueuse.

Des drapeaux bouddhistes ont été accrochés à travers Sittwe en signe de protestation contre les musulmans, à quelques jours du premier recensement dans le pays depuis 1983, qui risque encore d'enflammer les tensions dans la région.

Malteser a confirmé qu'un drapeau bouddhiste avait été enlevé de son bâtiment pour préserver son impartialité, mais a nié tout geste non respectueux.

"C'est un effort orchestré pour rendre le recensement dans l'Etat Rakhine impossible", a dénoncé Johannes Kaltenbach, responsable de l'organisation en Birmanie, notant que son personnel (3 étrangers et 5 locaux) serait transféré à Rangoun vendredi.

L'ambassade des Etats-Unis à Rangoun, qui a précisé qu'au moins trois Américains faisaient partie des employés sous protection, s'est inquiétée de "la poursuite de l'absence de forces de sécurité adéquates et d'état de droit sur le terrain à Sittwe".

Le représentant de l'ONU dans le pays, Toily Kurbanov, s'est dit "profondément inquiet" mais "déterminé" à maintenir les opérations onusiennes dans la région.

En 2012, l'Etat Rakhine avait été secoué par deux vagues de violences entre Rohingyas et bouddhistes de la minorité Rakhine, qui avaient fait plus de 200 morts et 140.000 déplacés, principalement des musulmans toujours abrités dans des camps.

Les groupes humanitaires et l'ONU ont été accusés par les Rakhines qui réclament leur départ d'être en faveur des Rohingyas.

Médecins sans frontières (MSF), qui fournissait notamment des soins de santé primaire à des milliers d'habitants de zones isolées peuplées majoritairement de Rohingyas, a été expulsé le mois dernier de la région après une série de manifestations.

Des experts avaient craint que cette décision ne soit vue par les nationalistes rakhines comme un soutien à leur cause.

Quelque 800.000 Rohingyas, considérés par l'ONU comme l'une des minorités les plus persécutées de la planète, vivent confinés dans l'Etat Rakhine. Nombre de Birmans les considèrent comme des immigrés illégaux du Bangladesh et manifestent une franche hostilité à leur égard.

Après les événements survenus dans l'Etat Rakhine en 2012, des violences anti-musulmans avaient eu lieu dans d'autres régions du pays, portant une ombre au tableau des réformes du gouvernement qui a succédé à la junte en 2011.

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