Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Des humanitaires étrangers attaqués par la foule dans l'ouest birman

Des humanitaires étrangers attaqués par la foule dans l'ouest birman

Des dizaines de travailleurs humanitaires étaient jeudi sous protection policière dans l'ouest de la Birmanie après l'attaque des locaux de plusieurs ONG internationales par des bouddhistes en colère, ont indiqué les autorités.

Ces événements interviennent alors que les tensions sont au plus haut dans l'Etat rakhine, secoué depuis 2012 par des violences communautaires visant principalement les musulmans de la minorité apatride des Rohingyas.

Des groupes de bouddhistes ont jeté des pierres sur les bureaux de plusieurs groupes humanitaires accusés de favoriser les musulmans et mis à sac des bâtiments dans la capitale régionale Sittwe, forçant les autorités à renforcer le couvre-feu.

La police a précisé avoir escorté à l'abri 71 travailleurs humanitaires (32 étrangers et 39 Birmans) de neuf organisations en raison de ces violences qui ont commencé mercredi soir avec l'attaque de centaines de personnes contre les bureaux de Malteser International, le bras humanitaire de l'Ordre de Malte.

Certains personnels sont partis pour Rangoun en avion, mais une cinquantaine étaient toujours sous protection dans un poste de police jeudi.

La police a à nouveau tiré en l'air jeudi après-midi pour disperser la foule, comme mercredi soir, a expliqué à l'AFP le lieutenant-colonel de la police Min Aung, précisant que des groupes de 40 à 50 personnes avaient déambulé dans la ville, endommageant des maisons louées à des étrangers.

La situation s'est calmée en fin de journée, a-t-il ajouté, indiquant que le couvre-feu, qui avait été progressivement réduit depuis les violences de 2012, avait été réinstauré du crépuscule à l'aube.

Un autre responsable policier a précisé que des militaires avaient été déployés pour contrôler la situation.

Selon la police, la foule en colère accusait une employée américaine de Malteser, d'avoir manipulé un drapeau bouddhiste de manière non respectueuse.

Des drapeaux bouddhistes ont été accrochés à travers Sittwe en signe de protestation contre les musulmans, à quelques jours du premier recensement dans le pays depuis 1983, qui risque encore d'enflammer les tensions dans la région.

En 2012, l'Etat Rakhine avait été secoué par deux vagues de violences entre Rohingyas et bouddhistes de la minorité Rakhine, qui avaient fait plus de 200 morts et 140.000 déplacés, principalement des musulmans.

Les groupes humanitaires et l'ONU ont été très critiqués par les Rakhines qui les accusent d'être en faveur des Rohingyas et réclament leur départ.

Médecins sans frontières (MSF), qui fournissait notamment des soins de santé primaire à des milliers d'habitants de zones isolées peuplées majoritairement de Rohingyas, a été expulsé le mois dernier de la région après une série de manifestations.

Et des experts avaient craint que cette décision ne soit vue par les nationalistes rakhines comme un soutien à leur cause.

Quelque 800.000 Rohingyas, considérés par l'ONU comme l'une des minorités les plus persécutées de la planète, vivent confinés en Etat Rakhine. Privés de nationalité par l'ancienne junte, ils sont soumis à des restrictions de voyage, de travail, d'accès à la santé ou encore au mariage.

Nombre de Birmans les considèrent comme des immigrés illégaux du Bangladesh et ne cachent pas une franche hostilité à leur égard.

Après les événements en Etat Rakhine en 2012, des violences anti-musulmans avaient eu lieu dans d'autres régions du pays, portant une ombre au tableau des réformes du nouveau gouvernement qui a succédé à la junte en 2011.

hla-klm/abd/fw

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.