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Dans l'Inde rurale, le discours de Modi gagne du terrain

Dans l'Inde rurale, le discours de Modi gagne du terrain

Jitendra Saini scrute les panneaux solaires étincelants installés au pied de sa ferme dans le Rajasthan et largement financés par le parti du Congrès au pouvoir en Inde : il votera pourtant pour le chef de l'opposition Narendra Modi aux élections législatives en avril.

"Nous voterons pour Modi car Modi sait réellement ce qu'est vraiment le développement", explique Saini, assis sur le porche de sa maison neuve de deux étages, entouré de ses enfants, son frère et son père.

Les revenus de l'agriculteur ont été multipliés par cinq depuis trois ans grâce aux panneaux solaires subventionnés par l'Etat qui font fonctionner son système d'irrigation par goutte à goutte abreuvant des rangées de légumes plantés sous des serres géantes.

Ces revenus supplémentaires ont permis à Saini, 30 ans, de construire sa maison, d'envoyer ses enfants dans de bonnes écoles et d'acheter de nouveaux engins agricoles pour sa ferme, installée à quelques 160 km au sud de la capitale New Delhi.

Le soutien que le jeune agriculteur s'apprête à apporter à Narendra Modi, le chef du parti nationaliste hindou, est un indicateur de la perte de popularité du Congrès dans les campagnes en dépit des nombreuses politiques de soutien au monde rural qu'il a mis en place depuis 10 ans.

Le parti du Congrès, dans son manifeste publié mercredi, a promis de sortir de la pauvreté des millions de personnes, essentiellement dans les zones rurales, dans une dernière tentative pour les reconquérir.

La ferme de 20 hectares de Saini, où il cultive également du blé et des graines de moutarde, appartient à sa famille depuis des générations.

Mais en se projetant vers l'avenir, l'agriculteur juge que sa famille aura besoin de plus d'opportunités de développement que de programmes d'aide et espère que l'un de ses enfants pourra étudier à l'étranger pour être à la pointe des technologies agricoles.

"Je crois que si tout le pays se développe alors ma famille en bénéficiera et sera heureuse. Je crois que le pays doit avant tout se développer", déclare-t-il pour expliquer son vote en faveur du chef du Bharatiya Janata Party (BJP).

Depuis son premier mandat en 2004, le gouvernement conduit par le Congrès a octroyé des milliards de dollars par an pour soutenir l'Inde rurale, où sont concentrés 70% des Indiens pauvres, essentiellement sous forme d'emplois garantis, d'alimentation subventionnée et d'infrastructures.

En 2010-11, le gouvernement a ainsi consacré 18 milliards de dollars pour les cultures des agriculteurs, essentiellement pour l'achat d'engrais, selon une étude de McKinsey Global Institute.

Ces programmes ont permis d'améliorer les revenus et de doper la consommation dans les quelque 600.000 villages et en particulier de soutenir les quelque 485 millions de journaliers.

Pourtant les sondages prédisent la défaite du parti du Congrès.

Modi, nationaliste hindou controversé, construit sa popularité sur la relance de l'économie par l'investissement.

"Aucune programme pour les campagnes ne va permettre au Congrès de maintenir sa popularité dans les zones rurales désormais", estime Sanjay Kumar, directeur du Centre for the Study of Developing Societies basé à New Delhi.

"Le mythe de l'impopularité du BJP dans les zones rurales pourrait prendre fin aux prochaines élections", ajoute-t-il.

L'un des principaux échecs imputé au Congrès dans les campagnes est son incapacité à endiguer l'inflation qui a fait flamber les prix de l'alimentation.

"Ils pensent que la situation va s'améliorer avec Modi même s'ils n'ont aucun détail sur son programme de développement économique", estime M. Kumar.

A Alwar, ville de 314.000 habitants, les magasins d'engins agricoles et de motos ont fleuri.

"Modi fait un tabac", déclare Harsh Dhingra, dirigeant d'une concession Honda dont les ventes ont décollé depuis son ouverture il y a un an.

"Les subventions pleuvent dans cette région sans la rendre plus productive. Il faut donner aux gens des compétences et non des aides", estime-t-il.

La population est plus modérée sur le marché où nombre de musulmans craignent l'arrivée au pouvoir de Modi depuis les émeutes communautaires qui ont fait plus de 1.000 morts - essentiellement des musulmans en 2002 - dans l'Etat du Gujarat, qu'il dirigeait déjà.

Si Modi n'a pas été mis en cause judiciairement, l'absence de réaction de son administration a été largement montrée du doigt.

"Je crains un regain de tensions communautaires et de heurts s'ils parviennent au pouvoir", déclare Moj Khan.

Mais Islam Khan, évoquant les millions de fermiers pauvres, déclare qu'il votera Modi, reprochant au Congrès le mauvais état des routes et le difficile approvisionnement en eau et électricité.

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