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Commerce et Ukraine au menu de la première visite de Xi Jinping en Allemagne

Commerce et Ukraine au menu de la première visite de Xi Jinping en Allemagne

Le président chinois Xi Jinping a entamé vendredi sa première visite en Allemagne pour soigner la relation commerciale privilégiée entre les deux pays lors d'une étape de sa tournée européenne qui devrait être dominée par la crise ukrainienne.

Accompagné de son épouse, la chanteuse populaire Peng Liyuan, Xi Jinping a été reçu dans la matinée par le président allemand Joachim Gauck - dont la fonction est essentiellement honorifique -, avant des entretiens prévus dans l'après-midi avec la chancelière allemande Angela Merkel.

Sous un ciel gris, une cinquantaine de manifestants pro-tibétains protestaient devant le château présidentiel de Bellevue, agitant des drapeaux dans le calme.

Dans une tribune publiée vendredi par le quotidien Frankfurter Allgemeine, Xi Jinping a estimé que le "renforcement de la coopération entre l'Allemagne et la Chine (...) sera utile pour préserver et stimuler la paix, la stabilité et la prospérité dans le monde".

Les échanges commerciaux entre le pays le plus peuplé du monde et la première économie européenne ont atteint l'an passé 161,5 milliards de dollars. La Chine est le premier partenaire commercial de l'Allemagne en Asie, et l'Allemagne, le premier de la Chine en Europe.

Cependant, après la pluie de contrats annoncée cette semaine en France, pour 18 milliards d'euros, lors d'une fastueuse visite d'Etat, l'étape allemande s'annonce plus modeste.

Parmi les contrats susceptibles d'être annoncés vendredi, un investissement majeur dans des capacités de production supplémentaire en Chine du constructeur automobile allemand Daimler avec son partenaire chinois BAIC, selon l'agence de presse allemande DPA. Interrogé par l'AFP, Daimler a confirmé une rencontre à Berlin, sans en dire davantage.

Egalement au menu, selon le quotidien allemand Handelsblatt, la création à Francfort d'une plate-forme d'échanges pour la devise chinoise (le yuan), qui serait une première en zone euro. Un accord préliminaire pourrait être signé vendredi.

La crise en Crimée devrait également dominer les entretiens de Merkel et Xi Jinping, alors que le président destitué ukrainien Viktor Ianoukovitch a appelé vendredi à mener un référendum dans chaque région d'Ukraine afin de déterminer leur statut, selon l'agence officielle russe Itar-Tass.

Le quotidien allemand Tagesspiegel publiait vendredi une caricature de la chancelière allemande tentant de persuader le chef d'Etat chinois "de ne pas faire d'affaires avec le président russe Vladimir Poutine".

Selon Sebastian Heilmann, directeur de l'institut MERICS et spécialiste de la Chine, la chancelière allemande, en pointe sur le dossier ukrainien, devrait "pousser" le président chinois "à inciter la Russie à adopter une position plus modérée".

Pékin affiche une indulgente neutralité à l'égard de Moscou sur ce dossier. Mais en rattachant la Crimée à la Russie, Moscou "a fait un pas qui ne peut pas plaire à Pékin", estime M. Heilmann. "Comment réagirait la Chine si le Tibet ou le Xinjiang, région musulmane du nord-ouest rétive à la tutelle de Pékin, organisaient un référendum appelant à l'indépendance", interroge-t-il.

Dans un discours prononcé en présence de Xi Jinping, M. Gauck a prudemment évoqué la question des droits de l'Homme. Il a loué les réformes sociales, économiques, politiques et judiciaires annoncées en novembre par Pékin, tout en incitant à en faire davantage pour que "personne ne soit au dessus des lois".

"Les réformes peuvent contribuer à trouver un équilibre (...) entre les dirigeants et leurs concitoyens, entre les différentes communautés religieuses. L'alternative à cela serait la discorde, le conflit, la violence", a déclaré M. Gauck.

Mme Merkel devrait également évoquer les droits de l'Homme avec Xi Jinping, à une semaine de l'ouverture à Berlin de la plus grande exposition jamais consacrée à l'artiste et dissident chinois Ai Weiwei.

Dans un entretien vendredi à la radio allemande Deutschlandfunk, ce dernier, détenu pendant presque trois mois par les autorités chinoises en 2011 et dont le passeport a été confisqué depuis pour l'empêcher de quitter le pays, a déclaré avoir "préparé sa valise" pour l'Allemagne.

"Je pense qu'il y a une possibilité que j'aille en Allemagne", a-t-il dit, envisageant, selon la radio allemande, de passer deux semaines à Berlin.

clp/aro/abk

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