Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Reçu par le pape François, Obama pense aussi à la politique intérieure

Reçu par le pape François, Obama pense aussi à la politique intérieure

Le président Barack Obama est reçu jeudi pour la première fois au Vatican par François, avec qui il partage le credo de la réduction des inégalités: une rencontre avec un pape populaire aux Etats-Unis dont il espère des retombées pour sa politique intérieure et internationale.

Cette rencontre entre les deux figures les plus suivies sur les réseaux sociaux sera pour M. Obama une parenthèse bienvenue au milieu d'une tournée délicate en Europe et en Arabie saoudite dominée par la crise ukrainienne et les négociations nucléaires sur l'Iran.

M. Obama a dit venir "pour écouter le pape" dont "la pensée est précieuse pour comprendre comment remporter le défi contre la pauvreté", selon les extraits d'un entretien au Corriere della Sera à paraître jeudi à l'aube.

Dans le volet italien de sa visite, M. Obama rencontrera le chef du gouvernement Matteo Renzi et le président Giorgio Napolitano, sans oublier un crochet dans la Rome historique où il visitera le Colisée.

Les relations entre l'Italie et les Etats-Unis sont étroites même si Rome est soucieuse de ménager Moscou sur l'Ukraine en raison de ses intérêts économiques.

Au Vatican, selon la Maison Blanche, le dirigeant américain discutera avec François de leur "engagement commun dans le combat contre la montée des inégalités", un leitmotiv de M. Obama. Le président américain souhaite "entendre le pape parler de ce qu'il essaie de faire dans le monde et lui exprimer son admiration", a indiqué mercredi Ben Rhodes, conseiller adjoint de sécurité nationale de M. Obama.

Les crises au Moyen Orient, l'environnement, l'immigration également entre Amérique latine et Amérique du Nord, devraient être aussi abordées.

Pour Jeremy Shapiro, de l'institut Brookings de Washington, M. Obama cherche à "profiter de l'aura du nouveau pape". Selon lui, "ce n'est pas vraiment une étape consacrée à la politique étrangère". Même si le Vatican est de retour avec François sur la scène diplomatique, particulièrement sur la Syrie, pour laquelle il s'était opposé en septembre à une intervention américaine.

Alors que les inégalités sociales sont très fortes aux Etats-Unis, M. Obama s'est heurté aux murs de la majorité républicaine à la Chambre des représentants quand il a défendu l'idée d'une hausse de 25% du salaire fédéral minimum. Ou tenté de rééquilibrer la fiscalité au profit des ménages modestes.

Les propos radicaux de François sur "l'idole de l'argent" l'ont fait dépeindre par certains protestants ultra-conservateurs comme marxiste. Mais ils lui ont attiré la sympathie des catholiques progressistes, même s'il est contre le mariage gay et l'ordination des femmes.

M. Obama, de confession protestante, a invoqué la place importante que tient sa foi: "J'ai été très impressionné par les déclarations du pape. (...) Parce que d'abord, c'est quelqu'un qui incarne les enseignements du Christ", avait-il dit en octobre 2013.

Pourtant tout n'est pas au beau fixe entre l'administration américaine et le Saint-Siège. On est loin de l'alliance forgée entre Jean Paul II et Ronald Reagan.

La réforme de l'assurance-maladie promulguée en 2010 a provoqué des frictions avec les institutions catholiques américaines. La loi prévoit la prise en charge de la contraception par les employeurs, ce que plusieurs écoles ou hôpitaux ont contesté en justice.

François s'est associé en janvier dans un tweet à une "Marche nationale pour la vie" contre l'avortement.

L'épiscopat, et les fidèles catholiques, sont divisés entre conservateurs et modérés.

Selon un commentateur de Radio Vatican, Alessandro Gisotti, "les sondages montrent que François jouit d'une popularité très élevée, en particulier parmi les catholiques, conservateurs comme progressistes".

"Le président (Obama) risque de perdre le Sénat à mi-mandat. Il a donc besoin du vote des catholiques", analyse le vaticaniste John Allen.

Selon un sondage publié par l'Université Saint-Leo, François est aimé de 85% des catholiques et de 63% des Américains alors que seulement 47% des Américains approuvent l'action de leur président.

C'est la deuxième fois que Barack Obama se rend au Vatican, après l'audience que lui avait accordée Benoît XVI en juillet 2009; et la 28ème venue d'un président américain au Vatican depuis Woodrow Wilson en 1919.

Les Etats-Unis et le Saint-Siège ont de pleines relations diplomatiques depuis 30 ans.

Le président pourrait inviter le pape en septembre 2015 au moment où se tiendra à Philadelphie une rencontre mondiale des familles catholiques.

tq-jlv/fka/jr

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.