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Mort du juge Borrel à Djibouti: demande de déclassification de documents en France

Mort du juge Borrel à Djibouti: demande de déclassification de documents en France

La juge française enquêtant sur la mort du juge Bernard Borrel en 1995 à Djibouti a demandé aux ministres de la Défense et de l'Intérieur la déclassification de tous les documents en leur possession sur cette affaire, a-t-on appris mercredi de source proche du dossier.

La magistrate Brigitte Marchais a écrit début mars aux ministres Jean-Yves Le Drian (Défense) et Manuel Valls (Intérieur) pour demander la communication de "toutes les informations classifiées (...) susceptibles de concourir à la manifestation de la vérité", selon cette source, confirmant une information du quotidien Libération.

Magistrat français détaché à Djibouti, Bernard Borrel avait été retrouvé mort le 19 octobre 1995, le corps en partie carbonisé, en contrebas d'un ravin, à 80 km de Djibouti. L'enquête française a d'abord privilégié la thèse du suicide, avant de s'orienter vers celle d'un assassinat.

Dans ses demandes de déclassification, que l'AFP a pu consulter, la juge Marchais se réfère elle-même plusieurs fois à "l'assassinat" du magistrat Borrel.

Dans son courrier à M. Le Drian, elle rappelle que sa demande est la cinquième adressée depuis 2003 au ministère de la Défense et relève que l'armée a plusieurs fois effectué des déclassifications.

Mais celles-ci ont été "insuffisantes et trop partielles", déplore la magistrate qui observe notamment que la plus ancienne note de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE, services secrets) déclassifiée date du 7 novembre 1997, plus de deux ans après les faits.

"La carence des services de renseignement sur un événement aussi important que la mort d'un juge français en poste à Djibouti jusqu'à cette date (...) est d'autant moins envisageable que certains des témoins entendus ultérieurement et dont certains appartiennent à la DGSE, soulignent qu'à l'époque déjà, les circonstances qui entouraient le décès de ce magistrat étaient considérées comme troublantes et n'excluaient ni l'hypothèse d'un assassinat, ni l'hypothèse de mobiles politiques", avance-t-elle.

L'affaire Borrel a empoisonné pendant des années les relations entre Paris et son ex-colonie, où la France dispose de sa plus importante base militaire à l'étranger avec près de 3.000 hommes.

Ces demandes de déclassifications avaient été réclamées en octobre par les avocats de la veuve et des enfants du juge, Mes Olivier Morice et Laurent de Caunes.

"Il est encore temps que l'Etat choisisse la voie de la vérité plutôt que l'omerta sur les circonstances de l'assassinat d'un magistrat français", a déclaré Me Morice à l'AFP.

Un ancien officier de la garde présidentielle djiboutienne, Mohammed Saleh Alhoumekani, avait rapporté à la justice en 2000 avoir entendu deux suspects rendre compte avec d'autres hommes de la mort du "juge fouineur" à l'actuel président djiboutien, Ismaïl Omar Guelleh, qui était alors chef de cabinet du président Hassan Gouled Aptidon.

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