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Kerry à Amman pour sauver le processus de paix israélo-palestinien du naufrage

Kerry à Amman pour sauver le processus de paix israélo-palestinien du naufrage

Le secrétaire d'Etat américain John Kerry a rencontré mercredi soir le président palestinien Mahmoud Abbas à Amman pour tenter de maintenir sur les rails le processus de paix menacé par un différend sur la libération par Israël d'un contingent de détenus palestiniens.

M. Kerry a interrompu une visite à Rome pour se rendre dans la capitale jordanienne afin de "tenter de rapprocher les positions entre les parties", selon sa porte-parole Jennifer Psaki, qui a précisé qu'il devait aussi s'entretenir par téléphone avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

Le secrétaire d'Etat américain a été reçu par le roi Abdallah II en début d'après-midi, avant de discuter longuement dans la soirée avec M. Abbas, de retour d'un sommet arabe au Koweït.

L'entretien a duré plus de quatre heures et quart, selon un responsable américain. Aucune des deux parties n'a fait de commentaire dans l'immédiat.

M. Kerry avait demandé à M. Abbas d'envoyer son négociateur Saëb Erakat à Rome, mais le président palestinien a refusé, a indiqué à l'AFP un responsable palestinien sous le couvert de l'anonymat.

"Abou Mazen (Mahmoud Abbas) a dit qu'il ne discuterait de rien jusqu'à la libération du quatrième contingent de prisonniers" prévue le 29 mars, a déclaré à la radio officielle Voix de la Palestine le ministre palestinien des Prisonniers Issa Qaraqaë, accusant Israël de se dérober à ses engagements.

L'accord conclu en juillet pour reprendre les négociations de paix prévoyait la libération par étapes de 104 prisonniers palestiniens incarcérés avant les accords de paix d'Oslo en 1993, en contrepartie de la suspension de toute démarche palestinienne pour adhérer aux organisations internationales, y compris les juridictions à compétence mondiale.

Si les trois premiers contingents de 26 prisonniers chacun ont été relâchés, le gouvernement Netanyahu a indiqué qu'il pourrait annuler la quatrième vague, compte tenu de la dégradation du climat entre les deux parties, à l'approche de l'échéance des pourparlers le 29 avril.

A Jérusalem, une cinquantaine de membres de familles de victimes d'attentats anti-israéliens ont manifesté mercredi contre l'éventuel élargissement de détenus, près de la résidence du Premier ministre, où ils ont dressé une tente.

"La justice et les valeurs passent avant la politique. On ne saurait parvenir à la paix en ignorant le sang des victimes", a estimé Meir Indor, porte-parole de ces familles.

Au Koweït, M. Abbas a accusé Israël de mauvaise foi devant le sommet de la Ligue arabe, qui a appuyé la position palestinienne en proclamant mercredi son "refus total et catégorique de reconnaître Israël comme un Etat juif", une revendication dont M. Netanyahu a fait une condition sine qua non d'un accord de paix.

"Nous n'avons pas besoin d'une nouvelle série d'accords, pour qu'Israël les enterre sous une avalanche de conditions, de réserves et d'interprétations avant de revenir sur ses engagements", a déclaré le président palestinien.

Il a qualifié de "bon exemple" de cette attitude le cas du quatrième groupe de prisonniers palestiniens d'avant Oslo, "qui confirme ce que nous disons sur l'absence de sérieux ou de volonté du gouvernement israélien de se retirer (des territoires occupés, NDLR) et d'établir la paix".

La radio militaire israélienne a rapporté que l'administration américaine aurait proposé de relâcher Jonathan Pollard, un ex-analyste de la marine américaine condamné à perpétuité pour espionnage au profit d'Israël, afin d'assurer la libération des détenus palestiniens et la prolongation des négociations.

Mais Mme Psaki a catégoriquement démenti. "Il n'y a actuellement aucun plan pour libérer Jonathan Pollard", a-t-elle déclaré, rappelant qu'il avait été "reconnu coupable d'espionnage contre les Etats-Unis, un crime très grave, et condamné à la prison à vie".

La rencontre entre MM. Abbas et Kerry intervient neuf jours après la visite du président palestinien à la Maison Blanche, où Barack Obama l'a appelé à prendre des "risques" pour la paix.

Deux semaines auparavant, M. Obama avait invité M. Netanyahu à prendre des décisions "difficiles" à l'approche de l'échéance du 29 avril pour conclure un accord-cadre traçant les grandes lignes d'un règlement définitif sur les questions les plus sensibles: frontières, colonies, sécurité, statut de Jérusalem et réfugiés.

Après avoir passé la nuit à Amman, M. Kerry devait repartir jeudi pour Rome, où le président américain rencontrera le pape François, avant une visite vendredi en Arabie saoudite, qui devrait porter notamment sur le processus de paix israélo-palestinien.

Mardi, M. Kerry prendra part à Bruxelles à la réunion de l'Otan sur la crise en Ukraine. Il effectuera également la semaine prochaine sa première visite en Algérie et au Maroc, selon sa porte-parole.

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