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Inde: les partenaires étrangers mettent en sourdine leurs réserves sur Modi

Inde: les partenaires étrangers mettent en sourdine leurs réserves sur Modi

Narendra Modi est un nationaliste hindou controversé, boycotté par les Etats occidentaux pendant des années.

Mais son bilan économique et la frustration suscitée par le pouvoir en place en Inde poussent les grands pays occidentaux à mettre en sourdine leurs critiques envers celui qui pourrait devenir le prochain Premier ministre indien.

Le principal adversaire de Modi aux prochaines élections législatives, qui débuteront le 7 avril, est le policé Rahul Gandhi, héritier de la dynastie Nehru-Gandhi formé à Harvard et Cambridge.

Les sondages donnant la défaite de Gandhi comme pratiquement acquise au profit du chef du parti nationaliste hindou, le Bharatiya Janata Party (BJP), les Etats-Unis se préparent à travailler avec celui qui était encore persona non grata il y a quelques semaines, selon les analystes.

"Les Etats-Unis sont très pragmatiques. Ils voient Modi comme le très probable prochain Premier ministre indien et la relation Inde-Etats-Unis est trop importante aux yeux de Washington pour être remise en cause par une problématique question de visa", déclare Michael Kugelman, expert pour l'Asie du sud au Woodrow Wilson International Center for Scholars à Washington.

Modi a été privé de visa par les Etats-Unis et boycotté par les pays de l'Union européenne à la suite des émeutes communautaires qui ont ensanglanté en 2002 le Gujarat, Etat qu'il dirige depuis 2001, et dans lesquelles plus d'un millier de personnes sont mortes, essentiellement des musulmans.

Les pays européens ont repris contact avec Modi en 2012 quand il a émergé comme le probable candidat de son parti au poste de Premier ministre. L'ambassadeur de Grande-Bretagne a rencontré Modi en octobre 2012 tandis que son homologue français s'est entretenu avec lui en octobre 2013.

Les Etats-Unis ont mis fin au boycott de Modi en février en envoyant leur ambassadeur, Nancy Powell, le rencontrer sur ses terres du Gujarat.

"Les gens ici (à Washington, ndlr) sont prêts à tourner la page et à essayer de remettre sur les rails les relations entre l'Inde et les Etats-Unis, sérieusement ébranlées ces derniers mois", ajoute M. Kugelman.

Les tensions nées de l'arrestation d'une diplomate indienne à New York fin 2013 ne se sont pas réellement dissipées, selon Lalit Mansingh, ancien ambassadeur d'Inde aux Etats-Unis, mais tant Washington que Modi sont convaincus de la nécessité de travailler ensemble.

Modi considère que de bonnes relations avec les Etats-Unis sont cruciales pour relancer la croissance morose de l'Inde, selon Mansingh.

La fin du boycott "n'est pas un signe de réchauffement mais de normalisation", dit l'ancien ambassadeur à l'AFP.

"S'il veut se montrer favorable au monde de l'entreprise, il ne peut faire l'impasse sur les Etats-Unis, étant donné la mauvaise passe économique que nous traversons", ajoute-t-il.

Avec Modi, le Gujarat s'est construit une image de terre d'accueil pour multinationales - à l'image de Ford et General Motors.

Par contraste, de nombreux groupes américains ont connu des désillusions dans leurs tentatives d'implantation en Inde depuis 10 ans, dénonçant une bureaucratie envahissante et un système fiscal complexe.

Modi a récemment promis de rendre plus aisée la vie des entreprises en Inde et souligné que "les affaires et les échanges commerciaux devraient être au centre" de la politique étrangère indienne.

Le président du United States-India Business Council, Ron Sommers, a récemment déclaré que les entreprises américaines avaient été impressionnées par la conduite du Gujarat par Modi et a salué sa réhabilitation diplomatique.

L'importance des échanges commerciaux devrait également guider l'attitude de Modi envers Pékin, selon les analystes.

Lors d'un récent meeting électoral dans l'Arunachal Pradesh, l'un des théâtres de la brève mais sanglante guerre avec la Chine en 1962, Modi a demandé à Pékin de renoncer à son "attitude expansionniste" et à ne pas envisager "d'arracher" ce territoire à l'Inde.

Ces commentaires ont renforcé sa réputation de nationaliste, là où le parti du Congrès au pouvoir a fréquemment été accusé de passivité.

Mais Modi s'est également fréquemment déplacé en Chine pour convaincre les investisseurs de s'installer au Gujarat.

Pour Srikanth Kondapalli, spécialiste de la Chine à l'Université Jawaharlal Nehru de Delhi, Modi va donner la priorité aux relations économiques avec Pékin.

"Modi est concentré sur la croissance économique. S'il veut galvaniser l'opinion en sa faveur, il doit relancer la croissance", estime-t-il.

Face à la volonté des gouvernements étrangers de ne pas préjuger de Modi, les groupes de défense des droits de l'homme jugent important de faire part de leurs préoccupations pour ces droits, à la lumière des émeutes de 2002.

"Cela devrait le pousser à adresser un message fort à ses soutiens, à savoir que de telles actions, qu'il s'agisse de viser des minorités ou de couvrir un crime, ne seront pas tolérées", déclare à l'AFP Meenakshi Ganguly, directeur de Human Rights Watch pour l'Asie du sud.

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