Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Fuyant la crise, les jeunes espagnols arrivent en masse à Londres

Fuyant la crise, les jeunes espagnols arrivent en masse à Londres

Poussés hors d'Espagne par un chômage de masse, de plus en plus de jeunes espagnols viennent trouver refuge à Londres, pour étoffer leur CV avec l'anglais ou trouver un travail, mais ils s'y heurtent souvent à des conditions de vie délicates.

Alors que le débat sur l'immigration au Royaume-Uni se focalise sur les ressortissants des pays de l'Est, un groupe d'arrivants est passé presque inaperçu : l'année dernière, 51.729 espagnols, dont l'écrasante majorité a moins de 34 ans, sont pourtant venus travailler de l'autre côté de la Manche.

Pour 2013, ils se sont ainsi placés en deuxième position derrière les Polonais dans les arrivées au Royaume-Uni. Mais contrairement à ces derniers, les Espagnols sont pour la plupart de passage. Ils ne comptent pas s'établir sur le long terme.

"Sur les deux dernières années, il y a eu une énorme augmentation d'Espagnols qui viennent chercher un avenir et aussi apprendre l'anglais", témoigne Eduard Manas, président du club des supporters du Barça à Londres, installé au Royaume-Uni depuis quinze ans.

"Profil type ? Entre 20 et 30 ans, avec une bonne formation mais sans travail en Espagne", où le chômage touche près de 55% des jeunes, ajoute-t-il.

C'est le cas de Digna Pilar Blanco Gonzalez, 32 ans, diplômée en Economie, qui a décidé de venir à Londres en mars 2012, après deux mois passés à envoyer quantité de CV sans recevoir la moindre réponse.

La jeune femme originaire de Galice (nord-ouest de l'Espagne) trouve rapidement un travail dans un hôtel. "J'ai commencé par nettoyer les chambres, comme tous ceux qui ne savent pas parler anglais", explique-t-elle. Petit à petit, elle aide également pour la lessive et en cuisine.

"Je suis maintenant seulement en cuisine. J'espère ne plus jamais avoir à faire le nettoyage", ajoute Digna, qui cumule cet emploi avec la garde de deux enfants dans une famille anglaise.

En raison d'un anglais insuffisant, les jeunes espagnols sont nombreux à se rabattre sur l'hôtellerie et la restauration faute de pouvoir travailler dans les secteurs pour lesquels ils sont diplômés.

Ainsi, Joana Sala Treig et Marc Serres Recorda, un couple originaire de Barcelone arrivé à Londres en octobre dernier, travaillent dans un bar de Picadilly Circus.

"Nous avions terminé nos études, moi le master (pour être professeur des écoles) et lui en production audiovisuelle, et dans les deux cas nous avions besoin de l'anglais pour réussir nos carrières", justifie Joana, 22 ans.

Ulises Lopez, un dessinateur de bandes dessinés de 27 ans originaire d'Alicante, a quant à lui la chance de pouvoir travailler en freelance, grâce au soutien financier de son compagnon, styliste de chaussures pour une grande maison de mode.

"J'ai fait des caricatures, j'ai illustré des livres et en ce moment je travaille sur des foulards africains", explique le jeune artiste, enchanté par les opportunités qu'offre la vie culturelle londonienne.

Mais si tous soulignent avec ravissement le dynamisme de cette capitale et son caractère cosmopolite, ils déplorent également sa cherté et sa dureté.

"La vie ici est très chère", acquiesce Ulises, qui se dit obligé d'acheter principalement de la nourriture en promotion.

"Ce qui est négatif à Londres est que tout est très cher: le transport, le logement. Le simple fait de venir ici et de survivre un mois est déjà énorme. J'ai d'ailleurs des amis qui n'y sont pas arrivés", rapporte Digna.

Pour elle comme pour Joana et Marc, la seule solution est de travailler énormément.

"Ici, travailler 12 ou 14 heures est normal", souligne Marc, qui gagne 6,31 livres de l'heure (le minimum légal, équivalent à 7,5 euros).

Avec ses deux emplois, Digna "travaille pratiquement sept jours sur sept", ce qui lui permet aujourd'hui de "vivre à l'aise" et non plus de "survivre" comme lors des premiers mois après son arrivée.

La jeune femme espère un jour pouvoir travailler dans son secteur, et ainsi rester à Londres.

Ulises juge quant à lui difficile de s'installer au Royaume-Uni sur le long terme, à moins de trouver un travail "très bien payé". C'est probablement chose faite pour Maria Teresa Turrion Borrallo, la nouvelle nounou du prince George, qui est originaire d'Espagne.

jb-al/dh/ros

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.