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Entre l'Ukraine et la Crimée, une frontière sous haute sécurité qui ne dit pas son nom

Entre l'Ukraine et la Crimée, une frontière sous haute sécurité qui ne dit pas son nom

"Stop - Contrôle". A côté du panneau qui barre la route, un garde-frontière ukrainien, mitraillette au bras, filtre les voitures. Kiev ne reconnaît pas l'appartenance de la Crimée à la Russie mais a mis en place une frontière sous haute sécurité à l'entrée de la péninsule.

Chars, mortiers et snipers accueillent désormais les automobilistes au bord de la route M17 sur l'étroite bande de terre qui relie la Crimée, passée en moins de trois semaines sous le contrôle de Moscou, à "l'Ukraine continentale", le reste du territoire de l'ex-république soviétique.

Au volant de sa berline, Natalia, lunettes de soleil sur le nez en raison du soleil de printemps qui tape, ne voit pas de problème particulier à ce nouveau poste frontière.

"Cela prend 20 minutes de plus que d'habitude. L'essentiel, c'est que l'ordre règne et qu'il n'y ait pas de guerre", relativise cette habitante de Simféropol.

Quelques véhicules plus loin, Igor, qui fait des allers-retours entre la Crimée et la région ukrainienne voisine de Kherson, prend son mal en patience. "Je me demande ce qui m'attend".

Dès la prise de contrôle de la Crimée, république autonome ukrainienne, par des milices pro-russes il y a un mois, ces dernières ont monté en toute hâte des postes frontières de fortune.

Des "douaniers" improvisés en cagoule, épaulés par des Berkout, les forces d'élite anti-émeutes ukrainiennes (dissoutes à Kiev, mais toujours présentes en Crimée), y fouillent soigneusement les véhicules à des barrages de pneus.

Côté ukrainien, la réplique ne s'est pas fait attendre, et les autorités ont décidé d'employer les grands moyens.

Dès l'approche de la nouvelle frontière de facto, on aperçoit dans les vastes champs mortiers et snipers postés à intervalles réguliers. Sur les derniers mètres, un panneau limite la vitesse à 5 kilomètres à l'heure: "Point de contrôle: vérification des papiers".

Une file d'une dizaine de véhicules s'allonge dans chaque direction jusqu'à un bloc de béton peint de jaune et rouge qui obstrue l'une des files, sous la bonne garde d'un garde-frontière en tenue de camouflage, casque sur la tête, équipé d'une mitraillette.

Quelques mètres plus loin, c'est un autre garde, cette fois en uniforme et bonnet noirs qui contrôle les passeports. Les camions sont systématiquement ouverts pour inspecter les marchandises, les voitures légères passent la plupart du temps sans problème.

Certains conducteurs sont envoyés au "poste frontière" pour des contrôles plus poussés: un préfabriqué sur lequel flotte le drapeau national jaune et bleu, posé à côté d'un ancien poste de la police de la route en béton datant de la période soviétique, aujourd'hui condamné.

Aux côtés de la bâtisse, les tout-terrain vert clair des gardes-frontières sont prêts à démarrer et un campement militaire a été monté, protégé par des sacs de sable et des snipers.

On entrevoit un char camouflé dans un enclos. De part et d'autre de la route, de petites grues s'activent. Des tranchées constituent déjà les premières fondations de la ligne de démarcation entre l'Ukraine et la Crimée, pour le moment couvertes de croix de béton qui font office de ligne de défense antichar.

Les garde-frontières semblent se préparer au pire de la part des forces russes, désormais chez elles en Crimée. Depuis le poste-frontière ukrainien, elles demeurent invisibles, postées à leur propre barrage derrière le virage.

vid/os-gmo/via/plh

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