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"Je sers la Russie !", jurent les pompiers de Crimée à un ministre russe

"Je sers la Russie !", jurent les pompiers de Crimée à un ministre russe

"Loutsevitch ? Où est Loutsevitch ?" La puissante voix du chef du département criméen du ministère russe des Situations d'urgence résonne dans tout le bâtiment, où sont alignés ses hommes : une centaine de pompiers vêtus de leur tout nouvel uniforme russe.

Le rôle du jeune Sacha Loutsevitch est primordial: il doit hisser le drapeau russe dès les premières notes de l'hymne national.

Raté. L'hymne a commencé sans lui. Il s'interrompt même brusquement. A la place, une surprenante musique disco. Il ne s'agit heureusement que d'une répétition avant l'arrivée du ministre russe des Situations d'urgence Vladimir Poutchkov.

"Qu'est-ce que je t'ai dis ? Simplement un couplet, puis le refrain et ensuite, tu coupes !", hurle le responsable des lieux, Andreï Tkatchenko, à son ingénieur du son.

Puis il répète son discours, grandiloquent, au micro: "Au-dessus de nous, nous entendons l'hélicoptère Mi-8, qui a commencé son travail aujourd'hui !". A ce moment-là, seul le ronronnement d'une tondeuse à gazon vient rompre le silence des lieux, situés dans la banlieue de Simféropol, la principale ville de Crimée.

"Quand ce sera fini, tout le monde va s'en aller mais nous continuerons à applaudir longuement", conclut-il devant ses hommes, qui n'ont définitivement mis de côté le bleu de leur uniforme ukrainien que la veille, pour le remplacer par le russe, de couleur verte.

Mais la Russie n'a, semble-t-il, pas envoyé suffisamment de tenues pour tout le monde. Un pompier, qui achète un morceau de pain dans une boutique toute proche est toujours vêtu d'une veste où l'on peut lire "MVS Ukraini", le sigle du ministère ukrainien des Situations d'urgence.

"Ils étaient à court d'uniformes", dit-il à l'AFP. "Mais je vais en avoir un bientôt."

Le ministre des Situations d'urgence est le premier membre du gouvernement russe à venir en Crimée. Alors que l'armée de Moscou finit de prendre possession de la péninsule, il est là pour assurer la transition de son administration vers l'autorité russe.

Avant sa visite, un immense poster aux couleurs russes a été déployé sur le bâtiment, où la langue ukrainienne n'existe plus, ou presque: sur une autre façade, une inscription en ukrainien est toujours là. "Quartier général en Crimée du ministère ukrainien des Situations d'urgence", peut-on lire.

Après deux heures sous le soleil, le ministre russe, un homme ventripotent de 55 ans, vêtu d'un haut de survêtement et d'un jeans froissé, arrive enfin. Aucune fausse note, finalement, à son arrivée.

"C'est un jour de joie, un jour plein d'émotion", dit-il. "Une toute nouvelle division rejoint l'équipe russe", ajoute-t-il, avant de décorer quelques officiers et d'en embrasser d'autres, qui déclarent, les uns après les autres: "Je sers la Fédération de Russie !".

"Ceux d'entre vous qui ne sont pas de service ce soir, vous pouvez aller boire un bon coup pour fêter ça", leur lance-t-il sous le drapeau russe, qui flotte maintenant au-dessus de lui.

ma/zap/via/bir

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