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Centrafrique: nouvelle flambée de violences, 15 morts à Bangui

Centrafrique: nouvelle flambée de violences, 15 morts à Bangui

Une nouvelle flambée de violences ayant provoqué des ripostes des forces internationales a fait une quinzaine de tués ces derniers jours à Bangui, témoignant de l'instabilité chronique de la Centrafrique après un an de chaos et de tueries intercommunautaires.

"Au moins une quinzaine de corps a été enlevée par les volontaires de la Croix-rouge centrafricaine" depuis samedi aux abords du quartier commerçant du PK-5, a déclaré sous couvert d'anonymat un responsable de la Croix-rouge centrafricaine.

Mardi matin, de brefs échanges de tirs ont été entendus dans cette zone de la capitale centrafricaine, où des musulmans sont assiégés depuis des semaines par des miliciens majoritairement chrétiens anti-balaka et des pillards, malgré le déploiement des soldats de la force africaine Misca.

Des affrontements entre groupes armés ont éclaté pendant le week-end au PK-5, au cours desquels les soldats de forces française Sangaris et de la Misca ont été pris à partie et ont riposté, selon des sources miliaires.

Selon des habitants joints par l'AFP, les ripostes des forces internationales ont fait huit tués parmi les anti-balaka, dont un de leurs chefs.

Depuis lundi, un imposant dispositif sécuritaire des forces internationales est déployé dans la ville.

Lundi a marqué le premier anniversaire du renversement du régime de François Bozizé par la coalition rebelle Séléka dirigée par Michel Djotodia, le 24 mars 2013.

L'ancienne colonie française est livrée au chaos depuis un an et traverse une crise humanitaire sans précédent avec des centaines de milliers de déplacés fuyant les violences.

Formées en réaction aux exactions perpétrées pendant des mois par les combattants essentiellement musulmans de la Séléka sur la population, des milices majoritairement chrétiennes anti-balaka s'en prennent depuis à la population musulmane.

Ces violences ont provoqué un exode des musulmans de régions entières du pays. Pour ceux qui restent, la situation est "insupportable", a dénoncé vendredi Peter Bouckaert, directeur Urgences de l'ONG Human Rights Watch.

"La situation humanitaire et sécuritaire est très grave, insupportable pour les musulmans qui restent dans le sud-ouest (de la Centrafrique) et à Bangui. Il y a une vingtaine de poches dans le pays avec 15.000 personnes en danger. On doit réfléchir à les évacuer", a-t-il déclaré.

Près de 2.000 soldats français sont déployés au sein de la force Sangaris en Centrafrique, où ils agissent officiellement "en soutien" des 6.000 hommes de la Misca, pour rétablir un minimum de stabilité dans le pays.

Une force européenne (Eufor) devait se déployer la semaine dernière en appui aux forces française et africaine sur place, en attendant une prise de relais par une force de l'ONU, toujours hypothétique.

Mais une centaine de soldats européens manquent toujours à l'appel pour lancer l'opération, les pays européens ayant surtout les yeux rivés sur la crise ukrainienne.

L'archevêque, l'imam et le chef de la communauté protestante de Centrafrique, qui tentent d'apaiser les tensions, ont plaidé ensemble une nouvelle fois auprès des Etats-Unis et du secrétaire général de l'ONU Ban Ki-Moon pour le déploiement rapide d'une force de l'ONU, forte de 15.000 à 18.000 hommes.

"Il faut qu'une opération se réalise dans les meilleurs délais, nous voulons arrêter cette descente aux enfers", a déclaré lundi l'archevêque de Bangui, Dieudonné Nzapalainga, après une mission conjointe du 12 au 22 mars à New York et Washington.

"Sangaris et Misca sont confrontées à des problèmes de logistique énorme. Elles ont montré leurs limites et il est temps de leur venir en aide", a ajouté l'archevêque.

Il y a urgence, d'après l'imam Oumar Kobine Layama: "cela fait presque un an que les campagnes agricoles n'ont pas été effectuées. Les semences ont disparu dans les villages brûlés, alors que la saison des pluies approche".

Dans ce pays très pauvre et enclavé, les violences ont fait près d'un million de déplacés et réfugiés, sur une population totale de 4,6 millions d'habitants.

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