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Les communes allemandes, laboratoire de la transition énergétique

Les communes allemandes, laboratoire de la transition énergétique

Sur le terrain à l'entrée de Sprendlingen où Bayer et BASF venaient autrefois se débarrasser de leurs déchets chimiques se dresse aujourd'hui un parc solaire, raconte fièrement le maire de l'endroit, Manfred Scherer.

La communauté de communes de Sprendlingen-Gensingen, à mi-chemin entre la frontière française et Francfort (ouest), produit presque toute son électricité avec des renouvelables et a un objectif "zéro émission". Et comme elle, dans tout le pays, les communes sont aux avant-postes de la transition énergétique.

A Sprendlingen, la plupart des bâtiments publics sont équipés de panneaux solaires, les écoles d'unités de cogénération, l'éclairage public passera cette année aux ampoules LED, et la municipalité se lancera dans l'électromobilité, avec l'achat par les services de la ville d'une e-voiture.

Comme beaucoup d'autres municipalités allemandes -plus de 200 depuis 2007, selon la fédération des régies communales VKU-, la communauté de communes a aussi remis la main sur sa régie d'énergie. "Si on nous laisse faire, nous sommes à même d'organiser nous-mêmes notre approvisionnement en énergie, et beaucoup d'autres municipalités en Allemagne aussi", dit M. Scherer.

La décentralisation est un aspect essentiel de la transition énergétique à l'oeuvre en Allemagne, avec la fermeture d'ici 2022 des centrales nucléaires, qui alimentent en courant des millions de foyers. Eoliennes et panneaux solaires doivent représenter d'ici 2050 80% de la consommation d'électricité du pays.

"Villages bio-énergie", "réseau local 100% renouvelables", initiative "100% protection du climat"... Les communes ont le choix entre une foule de programmes encadrés par le gouvernement ou d'autres institutions, qui fournissent conseils et financements. Il s'agit de renouvelables mais aussi de l'optimisation des transports, de l'éclairage, de bâtiments publics "passifs" etc.

Souvent l'initiative vient "d'en bas", c'est-à-dire des habitants qui font pression sur leurs élus pour un approvisionnement plus propre, et dont les bénéfices profitent à la ville plutôt qu'à un grand groupe. L'an dernier deux initiatives populaires ont ainsi été à l'origine de référendums à Berlin et à Hambourg sur la remunicipalisation du réseau électrique.

"Il y a des tas et des tas d'exemples" de communes qui s'engagent, "c'est un véritable mouvement" explique Jan Walter, du centre de compétences pour les initiatives communales de protection du climat. "Surtout dans les zones rurales, les décideurs comprennent de plus en plus qu'ils peuvent inverser les flux financiers".

Car ce n'est pas le seul amour de l'énergie verte qui motive les municipalités: à la clé il y a au moins des économies, et bien souvent même de nouveaux revenus. Même si les montants vont diminuer, les renouvelables sont généreusement subventionnés en Allemagne, et le courant vert est prioritaire dans l'alimentation du réseau.

"Cela doit générer des bénéfices, sinon nous ne le faisons pas", explique Michael Cullmann. Il est maire de la communauté de communes de Rockenhausen, non loin de Sprendlingen. A Rockenhausen 70% de l'électricité consommée est produite à l'aide du vent et du soleil. Dans dix ans, ce sera 100%.

Sprendlingen et Rockenhausen sont les cobayes d'un projet qui veut aller encore beaucoup plus loin. A travers l'exemple de ces deux municipalités, des chercheurs de l'université technique de Trêves étudient la possibilité d'éradiquer toutes les empreintes néfastes d'une commune sur son environnement: les émissions de dioxyde de carbone mais aussi de bruit, de déchets, de produits toxiques, et même les "émissions" inutiles d'argent public.

"C'est une approche holistique", explique le professeur Peter Heck, qui coordonne le projet, "nous examinons chaque aspect du système, et nous voulons montrer aux communes qu'elles font beaucoup de choses stupides".

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